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troupes cantonales. L’ensemble des troupes cantonales et fédérales était réparti en huit divisions d’élite permanentes correspondant aux arrondissements de recrutement, ce qui représentait environ 115 000 officiers, sousofficiers et soldats. A cet effectif venaient s’ajouter les quelque 200 000 hommes de la landwehr, dont l’organisation complète ne fut définie que plus tard.

      Chaque division se composait de deux brigades d’infanterie, d’un bataillon de carabiniers, d’une compagnie de guides, d’un régiment de dragons, d’une brigade d’artillerie, d’un parc de division, d’un bataillon du génie, d’un lazaret de campagne, d’une compagnie d’administration et d’un bataillon du train. Il restait, en outre, à disposition du général, des troupes non endivisionnées comprenant quatre compagnies de guides, un régiment de deux batteries de montagne, deux compagnies d’artificiers et quatre divisions (dix compagnies) d’artillerie de position. Cette organisation connut diverses modifications jusqu’en 1907, année où fut votée une nouvelle loi d’organisation de l’armée. Parmi les changements les plus importants, citons la création du landsturm en 1886 et celle de quatre corps d’armée à deux divisions en 1891.

      En ce qui concerne le Département militaire fédéral, la loi de 1874 subordonna à son chef neuf services administratifs à la tête desquels se trouvaient des «fonctionnaires militaires supérieurs» nommés par le Conseil fédéral:

      – Division de l’infanterie;

      – Division de la cavalerie;

      – Division de l’artillerie;

      – Division du génie;

      – Bureau d’état-major;

      – Administration du matériel de guerre;

      – Division sanitaire (médecin en chef);

      – Division vétérinaire (vétérinaire en chef);

      – Commissariat des guerres.

      En dehors de ces services administratifs, le chef du Département militaire fédéral avait encore sous ses ordres directs les commandants de divisions, la chancellerie, l’auditeur en chef et la régie des chevaux. Cette organisation ne connut pas de modifications importantes jusqu’en 1907. Signalons toutefois qu’en 1891, au moment de la création des corps d’armée, les commandants de ces nouvelles grandes unités furent directement subordonnés au chef du Département. Il en fut de même, la même année, de la Commission de défense nationale nouvellement créée.

      L’organigramme montre d’emblée que le Bureau d’état-major n’occupait pas une position hiérarchiquement supérieure à celle des autres subdivisions administratives. Il ne fut d’ailleurs élevé au rang de division du Département militaire fédéral qu’en 1901. Son chef ne possédait pas non plus un grade supérieur à celui des autres chefs des services de l’administration ou des commandants de grande unité et n’était qu’un primus inter pares. Notons également que le chef du Bureau d’état-major n’apparaissait qu’en deuxième position, après les chefs d’arme, dans la liste définie par l’article 249 de la loi militaire. Enfin, certaines attributions en matière de travail d’état-major général étaient partagées entre le chef du Bureau d’état-major et le chef d’arme de l’infanterie.

      La loi sur l’organisation militaire du 13 novembre 1874 a apporté d’importants changements en ce qui concerne l’Etat-major général.7 L’article 68 créait un corps spécial d’état-major comprenant 3 colonels, 16 lieutenants-colonels ou majors et 35 capitaines. A ces officiers, dont les missions relevaient spécifiquement du service d’état-major général, s’ajoutaient ceux de la section spéciale des chemins de fer formée, selon l’article 70, avec le personnel d’administration et d’exploitation des chemins de fer. Ces derniers avaient pour tâche de préparer l’organisation du service d’exploitation des chemins de fer en temps de guerre, ainsi que la destruction et le rétablissement des lignes. Cette section occupait une place à part au sein de l’Etat-major général, dans le sens où, en cas de guerre, les officiers qui la composaient devaient être adjoints au chef supérieur du service d’exploitation.

      La direction de l’Etat-major général n’était pas clairement définie par la loi. A sa tête se trouvait, en temps de paix, le chef du Bureau d’état-major (articles 72 et 252). Cette disposition ne préjugeait cependant rien quant à la direction en temps de guerre. Aucune modalité de désignation du chef d’Etat-major général pour ce cas n’était en effet prévue. Le Département militaire restait particulièrement lapidaire à ce sujet, argumentant que le fait qu’il n’existait pas de général de temps de paix excluait également la désignation d’un chef d’Etat-major permanent.8

      La loi énonçait de manière succincte les missions du Bureau et de son chef, laissant le soin à des ordonnances ultérieures de les définir plus précisément. L’article 72 stipulait laconiquement que celui-ci était chargé «de tout ce qui concerne l’organisation et le service des différentes sections de l’état-major, ainsi que le personnel et l’instruction». Un peu plus précis, l’article 73 attribuait pour tâche au Bureau d’état-major la direction et la surveillance de «tous les travaux préparatoires pour la mise sur pied et la mobilisation de l’armée en ayant égard aux circonstances diverses de cette mobilisation». Pour remplir ses missions, le Bureau devait «réuni[r] et utilise[r] les collections et les travaux scientifiques sur l’armée nationale et les armées étrangères». Ainsi était également définie, de manière indirecte et sommaire, une mission de service de renseignements. Le Bureau avait, enfin, pour dernière tâche «la direction et […] la surveillance de la topographie et du bureau topographique».

      Cette organisation reprenait celle du projet Welti, présentée en 1868 par le Département militaire fédéral.9 D’ailleurs, le message du Conseil fédéral du 13 juin 1874 renvoie aux motifs et argumentations présentés à l’époque, en soulignant que ces derniers restaient valables et qu’ils n’avaient jamais été critiqués. La nouvelle loi avait pour but de mettre un terme à la confusion qui existait avec le système en vigueur de par la loi sur l’organisation militaire du 8 mai 1850. L’Etat-major fédéral comprenait, dans sa section des combattants, trois subdivisions: l’Etat-major général, l’Etat-major du génie et l’Etat-major de l’artillerie. C’était, comme nous l’avons vu, parmi les officiers de l’Etat-major fédéral qu’étaient choisis les commandants de corps de troupes, de brigade et de division, ainsi que les adjudants, c’est-à-dire les adjoints des commandants chargés du service de l’Etat-major général, lors des mises sur pied de l’armée. Ces choix se faisaient sans distinction parmi les trois subdivisions de l’état-major fédéral. Il en découlait que les membres de l’état-major fédéral ou de l’une de ses subdivisions pouvaient être appelés à remplir des fonctions très variées, de commandement ou d’état-major, et ce à des niveaux hiérarchiques divers, allant du bataillon à la division. Une telle solution n’était pas rationnelle et ne permettait pas de donner une formation appropriée aux officiers de l’Etat-major fédéral. Le projet Welti avait pour but de revenir au système antérieur à 1850 qui distinguait entre fonction de commandement et d’état-major. Il voulait séparer les deux filières et mettre en place un système de sélection et de formation adapté à chacune d’entre elles.

      Si l’on ne peut parler d’opposition à l’organisation de l’Etat-major général prévue en 1874, il y eut, au moins, interrogations, voire critiques de la part de certains militaires. Le colonel Rudolf Paravicini, ancien chef d’Etat-major général du général Herzog au cours de la mobilisation de 1870–1871, craignant la constitution d’une caste, ne voyait pas la nécessité de créer un corps spécial d’état-major. Il préférait que l’on gardât l’ancien système de recrutement consistant à sélectionner les officiers d’état-major parmi les officiers de troupes et à choisir les plus aptes et les plus disposés, en fonction de leurs capacités,

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