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celles, prosopographiques, de Rudolf Jaun. Elle approfondit en effet certains aspects sociologiques, la tranche chronologique abordée, plus étroite, permettant une analyse et une présentation plus détaillées.

      Notre étude s’inscrit dans le cadre de l’antagonisme franco-allemand qui découla de la guerre de 1870–1871. De par sa situation géographique, la Suisse se trouvait au milieu des belligérants potentiels et elle contrôlait les voies de communication les plus courtes reliant les Etats de la Triplice, ainsi que certaines lignes d’opération particulièrement favorables entre la France et l’Italie. Nous avons utilisé les grands ouvrages classiques français pour donner le contexte international général de cette période.13 Même s’ils sont généralement anciens, ces livres représentent encore une source d’informations importante. De plus, nous avons complété ponctuellement notre texte au moyen de publications plus récentes.14

      En ce qui concerne les relations entre la Suisse et ses voisins, surtout les questions politico-militaires, les principaux ouvrages sont souvent anciens, comme le montre l’état des lieux présenté par Roland Ruffieux dans la Nouvelle histoire de la Suisse et des Suisses.15 Les études de Camille Gorgé16 et d’Edgar Bonjour17 sur la neutralité restent de référence pour la période, mais il faut leur ajouter l’article publié il y a une dizaine d’années par Andreas Suter, qui constitue une intéressante synthèse récente sur la question.18 Les relations germano-helvétiques ont fait l’objet de quelques études ponctuelles, mais il n’existe aucun ouvrage de synthèse. L’affaire Wohlgemuth a été étudiée de manière détaillée par Hansjörg Renk,19 tandis que Manfred Todt s’est penché sur la politique allemande au tournant du siècle.20 Plus récemment toutefois, Hans Rudolf Fuhrer a publié un très intéressant article, en collaboration avec Michael Olsansky, sur la menace militaire allemande et le rôle joué par notre pays dans l’élaboration du Plan Schlieffen.21 Quant aux relations avec l’Autriche-Hongrie, elles ont été marquées par une grande cordialité. De plus, la double monarchie a surtout été préoccupée par son expansion à l’est, de sorte qu’il y a peu à dire sur les menaces politico-militaires. L’ouvrage de Dannecker reste la référence dans ce domaine.22

      Les menaces politico-militaires italiennes ont été davantage étudiées. Il faut d’emblée préciser que l’Etat-major italien a régulièrement planifié des actions militaires en Suisse à la suite de la signature de la Triplice. De plus, les revendications irrédentistes ont été perçues, dans notre pays, comme une menace importante, même si, en réalité, elles ne provenaient que de milieux extrémistes particuliers qui n’ont jamais exercé une influence significative sur les instances dirigeantes italiennes. L’étude de Hans Eberhart23 et l’article synthétique de Rudolf Dannecker24 constituent les références de base pour toutes ces questions. Pour les aspects plus strictement militaires, les publications d’Antonello Biagini/Daniel Reichel25 et d’Alberto Rovighi26 présentent beaucoup d’intérêt, d’autant qu’elles contiennent nombre de documents en annexe.

      A l’instar des relations avec l’Italie, celles avec la France ont également été bien étudiées. Le livre d’Adolf Lacher, en dépit de son âge, représente l’ouvrage fondamental sur la question.27 Les actes du colloque de Neuchâtel de 1982 apportent de précieux compléments, notamment l’article de Jean-Claude Allain sur la politique helvétique de la France.28 Plus récemment, la Revue historique des armées a publié un numéro spécial sur les relations franco-suisses comprenant deux articles concernant notre période.29 Nous avons par ailleurs publié deux articles sur la perception de la menace militaire française en Suisse dans les années 1870–1880,30 ainsi qu’un recueil de documents d’archives qui contient l’ensemble des rapports des attachés militaires français en poste à Berne relatifs aux grandes manœuvres de l’armée suisse.31 Enfin, pour ce qui touche plus particulièrement à la Savoie, citons l’ouvrage récent de Rita Stöckli, qui traite de l’affaire de Savoie de 1860.32

      3. Plan

      L’ouvrage est articulé en deux parties. La première est consacrée aux aspects institutionnels de l’Etat-major général et comprend quatre chapitres. Le premier traite de l’organisation de l’Etat-major général, de son Bureau, de l’Etat-major de l’armée et du Grand Quartier général. Nous avons également voulu présenter de manière synthétique les différentes «ères» de l’institution, par le biais de courtes biographies de ses différents chefs, dans le but de montrer ce que chacun d’eux a réalisé, ce qu’il a apporté, ainsi que l’évolution de leur position institutionnelle. Enfin, le Service de renseignements a fait l’objet d’une étude spécifique. Elément indispensable de la planification stratégique, même s’il fut l’un des parents pauvres de l’Etat-major général, ce service méritait une étude plus particulière, notamment de son organisation et de ses méthodes de travail, ce qui a permis de mettre en évidence une partie des raisons des difficultés à évaluer les menaces politico-militaires étrangères.

      Un deuxième chapitre étudie l’une des plus importantes activités de l’Etat-major général: l’élaboration des plans de mobilisation de l’armée. Cette activité a été régie successivement par deux documents essentiels qui structurent la première moitié du chapitre: l’instruction sur la mise sur pied de l’armée du 18 novembre 1878 et l’ordonnance sur la mobilisation du 18 novembre 1884. Ce dernier texte législatif fut complété trois ans plus tard par une ordonnance sur le Service territorial, le Service des étapes et celui des chemins de fer, formant ainsi un ensemble cohérent qui sera amélioré constamment sous l’ère Keller, qui forme la deuxième partie du chapitre.

      Le chapitre III s’intéresse à la formation des officiers de l’Etat-major général et à leurs activités. Il analyse les différents documents régissant les modalités de recrutement et de formation – sélection, cursus et enseignements des différentes écoles –, ainsi que les carrières, avec le lancinant problème du retour périodique à la troupe. Il met en lumière les différences existant entre les textes législatifs et la réalité des pratiques quotidiennes dans ces divers domaines, ainsi que les différentes conceptions relatives à la fonction d’officier EMG. L’approche est largement quantitative, avec l’utilisation de nombreuses données statistiques sur les carrières et les activités des membres de l’Etat-major général au sein ou en dehors de l’institution.

      Enfin, le dernier chapitre aborde la double question des compétences de l’Etat-major général et de ses relations avec les autres instances militaires. Organisation naissante au début de la période étudiée, l’Etat-major général ne possédait que des pouvoirs limités. Il partageait certaines compétences particulièrement importantes avec d’autres services du Département militaire fédéral, comme le chef d’arme de l’infanterie. Les habitudes antérieures, notamment la constitution de commissions, ne furent, par ailleurs, que peu à peu abandonnées. Ultérieurement, l’ère Keller fut marquée par une nouvelle répartition des pouvoirs, avec la consolidation de la position institutionnelle de l’Etat-major général et l’apparition de nouveaux acteurs en la personne des commandants de corps d’armée. La seconde partie du chapitre s’intéresse aux critiques faites à l’encontre de l’Etat-major général. Celui-ci fut accusé de cultiver un esprit bureaucratique et de caste. Des attaques plus violentes, qui ne visaient pas prioritairement l’Etat-major général, et que l’histoire a retenues sous le nom d’affaire de l’hydre, font l’objet de la fin du chapitre.

      La seconde partie de l’ouvrage est consacrée aux relations politico-militaires de la Suisse avec ses quatre grands voisins. Le plan est articulé selon le principe chronologico-thématique. Nous avons divisé l’ensemble de la période en deux, avec l’année 1890 comme césure. Cette date constitue en effet une rupture à plus d’un titre. Tout d’abord, au niveau international, elle marque la fin de l’ère bismarckienne en Allemagne et le début d’une nouvelle

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