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En 1896, le chef du Bureau d’état-major demanda au chef du Département militaire fédéral de transférer le corps cycliste à l’infanterie.31 Keller mentionnait tout d’abord que le Bureau d’état-major ne disposait pas du personnel subalterne nécessaire à l’instruction de ce corps et soulignait les difficultés rencontrées dans ce domaine au moment de chaque école. De plus, il considérait que l’infanterie, arme d’où provenaient les volontaires, était mieux à même de sélectionner les candidats désirant intégrer le corps.

      Du côté de l’infanterie, on ne partageait pas ce point de vue. L’instructeur en chef de l’arme, Peter Isler, souhaitait conserver le statu quo. Conscient que, dans le futur, il faudrait sans doute changer l’organisation du corps cycliste, peut-être dans le sens de la création de corps de troupes complets, il préférait attendre un changement de la loi sur l’organisation militaire. Il ne souhaitait pas de modification partielle immédiate qui, dans le contexte du récent rejet du projet de loi par le peuple, serait, pensait-il, mal perçue. L’infanterie réussit à faire prévaloir son point de vue et le corps cycliste ne fut intégré à cette arme qu’en 1907, avec la nouvelle loi sur l’organisation militaire.32

      La fin de la décennie 1890 vit aussi la refonte de la Chancellerie et de son fonctionnement. En 1897, la comptabilité, gérée jusqu’alors par le chef de la Chancellerie, passa aux mains du chancelier de première classe.33 En 1900, des changements importants se produisirent dans la composition du personnel.34 Le major Piaget, chef de la Chancellerie, mourut et il fut remplacé par le chancelier de première classe. Par ailleurs, le chef du Bureau d’état-major souhaitait la nomination d’un nouveau chancelier et la promotion de Bochsler au rang de chancelier de première classe. Ces modifications conduisirent Keller à proposer au chef du Département militaire fédéral une nouvelle organisation qu’il désirait tester durant quelque temps. Jusqu’alors, tout le personnel de la Chancellerie était regroupé au sein de cette dernière et comptait, parmi ses missions, celle de soutenir les différentes sections dans leurs travaux de réalisation des documents imprimés. Le chef du Bureau d’état-major désirait désormais attribuer un chancelier à chacune des sections, dont les chefs seraient responsables de l’emploi efficace et des activités. Le second point important était l’attribution d’un chancelier de deuxième classe, en tant qu’aide, au chef du Bureau d’état-major et à la Chancellerie. Ces aides étaient constituées par les chanceliers des sections qui devaient remplir ces fonctions par rotation, tout en restant sous leur commandement habituel.

      Sans rien changer ni à la structure, ni au fonctionnement du Bureau d’état-major, la loi sur l’organisation du Département militaire fédéral du 20 décembre 1901 entraîna un changement dans la nomenclature et la hiérarchie administrative.35 Le Bureau d’état-major fut élevé au même statut hiérarchique que les autres services du Département militaire fédéral et il fut placé en deuxième position dans la liste de ces derniers. Il se trouvait ainsi situé après la Chancellerie et avant les différentes armes. Ces modifications furent officialisées à l’interne par l’arrêté fédéral du 13 mai 1902, qui remplaça celui du 14 octobre 1890.

      L’année suivante, une nouvelle organisation de l’Etat-major général fut mise en place, toujours par l’adoption d’un nouveau règlement intérieur, qui restera en vigueur jusqu’en 1911.36 Comme pour les précédents règlements, ce furent les changements intervenus dans les dernières années qui poussèrent à une autre rédaction et le nouveau règlement ne fit que sanctionner juridiquement une situation existante. Deux changements mineurs doivent être signalés. Le premier concerne la Chancellerie. Le nombre précis de chanceliers n’était plus indiqué, ce qui simplifiait la procédure en cas d’augmentation du personnel. Le second se rapporte à la répartition des travaux de planification de la concentration de l’armée. Pour la première fois, la Triplice était clairement désignée comme adversaire potentiel. Jusqu’alors, l’Etat-major général avait à s’occuper de préparer la planification en cas de guerre contre une coalition.

      La structure de l’Etat-major général, avec sa Chancellerie et ses cinq sections, ne fut pas modifiée. Le grand changement concerna le partage des compétences en matière de service territorial entre le Bureau d’état-major et le Département militaire fédéral. La gestion de ce service était en effet depuis toujours répartie entre les deux institutions, ce qui posait de sérieux problèmes d’unité de direction.37 En 1901, un accord fut trouvé. La gestion du Service territorial en temps de paix fut concentrée au Département militaire fédéral, qui chargea de cette mission son officier d’état-major. L’Etat-major général garda la responsabilité de tout ce qui avait trait aux préparatifs de mobilisation et de concentration. Cette nouvelle répartition des tâches fut officiellement codifiée dans le règlement intérieur de 1903, mais elle n’eut pas une durée de vie très longue. A la suite du départ du colonel Karl Fisch en 1906, la direction du service territorial revint à l’Etat-major général. Il fut alors question de créer une sixième subdivision à l’Etat-major général, qui devait être chargée de cette mission, mais le projet avorta et le service territorial retourna au Département militaire fédéral.

      La loi sur l’organisation militaire de 1907 ne prévoyait aucun changement de structure à l’Etat-major général.38 Si, comme nous le verrons, d’importants débats eurent lieu à propos de la formation des officiers d’état-major général et de certaines prérogatives de l’institution, il y avait un consensus général à propos de son organisation. L’Etat-major général reçut diverses attributions – notamment tout ce qui avait trait à la mobilisation et à la concentration de l’armée – qu’il partageait jusqu’à ce moment avec le chef d’arme de l’infanterie, selon la loi sur l’organisation militaire de 1874.

2. L’Etat-major de l’armée et le Grand Quartier général

      Comme nous l’avons vu, l’organisation de l’organe d’aide à la conduite de l’armée du général en temps de guerre – l’Etat-major de l’armée – constitua la base de la réflexion concernant l’organisation de l’Etat-major général. Le Bureau d’état-major se livra à des études sur le sujet et un premier projet fut réalisé en 1874 déjà.39 L’auteur de ce document ne voulait pas créer ex nihilo une nouvelle organisation. Il se contentait de reprendre ce qui existait et de l’adapter aux changements survenus du fait de la nouvelle loi sur l’organisation militaire. Il prévoyait une structure en bureaux comprenant:

      – le Bureau particulier du général;

      – deux bureaux du chef de l’Etat-major comprenant:

      – le Bureau principal

      – le Bureau particulier

      – six bureaux des services spéciaux auxiliaires:

      – le Bureau du vétérinaire en chef

      – le Bureau du médecin en chef

      – le Bureau du chef du génie

      – le Bureau du chef de l’artillerie

      – le Bureau du chef de la cavalerie

      – le Bureau du chef de l’infanterie

      Le Bureau principal n’était pas une nouveauté. Dans l’organisation en vigueur à ce moment-là, il existait déjà. Toutefois, en raison de la masse de travail et de l’importance du bon suivi des activités, l’auteur de l’étude désirait renforcer son rôle et lui attribuer pour tâche la correspondance, la distribution des travaux, ainsi que la réception et le classement des travaux élaborés par les autres organes.

      Le Bureau principal devait se composer de quatre sections. Tout d’abord, une Section du

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