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les cantonnements, le combat, l’instruction de la troupe, etc. Elle devait aussi diriger les reconnaissances nécessaires. Elle devait également tenir le journal des opérations et comprenait encore dans son domaine de compétence tout ce qui avait trait au domaine juridique. Enfin, la Section technique était chargée de collecter et d’assurer la gestion de la documentation: mémoires de reconnaissance, études sur la défense et les travaux de destruction, cartes, statistiques économiques, etc.

      Tableau 2: Organisation de l’Etat-major de l’armée selon l’ordonnance du Conseil fédéral du 7 mai 1880

      Parallèlement à l’Etat-major général, la structure prévoyait d’autres subdivisions. A la tête de celle des chemins de fer se trouvait le directeur en chef de l’exploitation qui avait sous ses ordres trois officiers de l’état-major des chemins de fer. Les armes et les différentes branches de l’administration étaient également représentées. L’infanterie et la cavalerie avaient leur représentant en la personne de l’adjudant-général, lui-même colonel d’infanterie. Le cercle de compétences de l’adjudance touchait avant tout à la marche du service. Selon Keller, ses activités se situaient à un niveau inférieur à celles de l’Etat-major général et comprenaient trois domaines: la conduite des rapports, la transmission des ordres et des annonces, le soutien à l’Etat-major général. Directement subordonné au général ou au chef de l’Etat-major de l’armée, l’adjudant-général dirigeait l’adjudance de l’EMA et avait la haute direction sur tout ce qui avait trait à la police et la discipline dans l’armée. Sous son autorité directe se trouvaient la Section des services et le commandement du Quartier général.

      L’artillerie et le génie avaient également leur représentant auprès de l’Etat-major de l’armée. Le premier assumait la direction du train et celle du parc. Le colonel du génie était chargé de la surveillance de l’emploi et de l’instruction des troupes du génie et des pionniers de l’infanterie, ainsi que de la préparation des projets de travaux du génie devant être réalisés en dehors des divisions. Un Commissariat, divisé en quatre sections, se chargeait des questions de ravitaillement, de cantonnement, d’habillement, d’équipement et de comptabilité. Enfin, l’Etat-major de l’armée comprenait encore le médecin de l’armée, le vétérinaire de l’armée et l’auditeur de l’armée, à la tête chacun d’un service respectif.

      L’organisation du début des années 1880, générale et peu détaillée, subit quelques modifications et reçut diverses précisions. Une première instruction organisant officiellement, en détail et de manière claire, l’Etat-major de l’armée fut approuvée provisoirement en décembre 1886.49 Elle ne connut une approbation définitive par le Conseil fédéral que le 4 juin 1888, après que l’on eut ajouté à l’organigramme trois nouvelles subdivisions, le Service sanitaire, le Service vétérinaire et le Service judiciaire.50 Au chef de l’Etat-major général étaient ainsi directement subordonnées les neuf sections de l’Etat-major de l’armée:

      – la Section de l’Etat-major général, avec la sous-section de la Chancellerie;

      – la Section des étapes et des chemins de fer;

      – la Section de l’adjudant-général;

      – la Section de l’artillerie;

      – la Section du génie;

      – la Section du service sanitaire;

      – la Section du service vétérinaire;

      – la Section du service judiciaire;

      – la Section du commissariat.

      Certaines des modifications apportées par l’instruction de 1886/1888 étaient d’ordre mineur par rapport à l’organisation en vigueur depuis le début de la décennie. Ainsi, à l’Etat-major général, la Section technique était renommée Section des mémoires et des cartes. Cependant, le nouveau texte apportait aussi des améliorations fondamentales. Tout d’abord, la procédure de nomination du chef de l’Etat-major général était enfin clairement définie. Comme cela avait été souhaité, il était nommé par le Conseil fédéral sur proposition du général. Ensuite, l’ancienne Section des chemins de fer recevait aussi la mission de s’occuper du service des étapes. Selon le vœu de von Sinner, ce dernier n’était pas intégré à l’Etat-major de l’armée, mais dépendait directement du Département militaire fédéral. Pour exécuter sa tâche, la Section des chemins de fer devait donc collaborer étroitement avec le chef du Service des étapes qui mettait à disposition l’ensemble du matériel et du personnel des compagnies de chemin de fer et de navigation à vapeur, pour couvrir les besoins des transports de guerre et ceux du trafic civil encore autorisé. La Section des chemins de fer s’occupait également des constructions, réparations et destructions des voies ferrées, des dispositions pour les évacuations, des ravitaillements sur les lignes d’étapes, etc.

      La Section de l’artillerie voyait par ailleurs sa structure se développer. Deux subdivisions furent chargées, l’une de l’artillerie de campagne, l’autre de celle de position. Une Direction du parc continuait à remplir les missions reçues auparavant, soit le service des munitions pour toute l’armée et le remplacement du matériel et de l’armement de l’artillerie, tandis qu’une Direction du train s’occupait de l’état des attelages dans les batteries de campagne, les colonnes de parc, le train d’armée et le train de ligne, ainsi que du remplacement des chevaux dans toute l’armée.

      Enfin, un poste de colonel de la cavalerie fut créé, qui s’ajoutait aux neuf sections de l’Etat-major de l’armée. Sa tâche consistait à rendre compte de l’état des chevaux de la cavalerie et à présenter les mesures jugées nécessaires pour la remonte de cette arme.

3. Les chefs de l’Etat-major général

      Né le 14 février 1819, Hermann Siegfried était avant tout un scientifique.51 Après avoir été maître d’école, il a étudié les sciences naturelles, puis les mathématiques supérieures à Genève. Incorporé dans l’arme du génie, il a suivi les cours de l’Ecole militaire de Thoune en 1844, où il fut l’élève de Dufour. La même année, il devint son collaborateur au Bureau topographique fédéral installé à Genève. Cette institution avait été créée par Dufour en 1838. Elle avait pour mission d’établir les mensurations de la Suisse et de réaliser une carte du pays, tâche qui avait été confiée en 1822 au quartier-maître fédéral par la Diète. Siegfried travailla au Bureau topographique fédéral jusqu’en 1862.

      Il poursuivit sa carrière professionnelle à l’Etat-major fédéral, où il était entré en 1848. Nommé officier instructeur de la division du génie de cette institution en 1860, il conserva cette fonction jusqu’en 1865. Durant cette période, il donna de nombreux cours techniques – balistique, géodésie, cartographie, topographie, fortifications – dans les écoles centrales. En 1863, Siegfried fut chargé par le Conseil fédéral de préparer la mise sur pied d’un Etat-major général moderne.52 Les études qu’il réalisa le menèrent en France et en Allemagne. Elles débouchèrent sur la création du Bureau d’état-major en 1865. Siegfried fut nommé à la tête de la nouvelle institution et il remplaça également Dufour comme directeur du Bureau topographique, dont il transféra le siège à Berne en 1867. Durant les deux mobilisations de 1866 et de 1870 –1871, il fut intégré

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