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chargé de deux grands domaines de compétence. Le premier était la formation du corps d’état-major, sans toutefois s’occuper de l’instruction pratique. Il devait rédiger les ordres généraux et particuliers pour les écoles, les cours et les voyages, dont il assurait également la direction. Le deuxième domaine était la rédaction des plans de mobilisation et de concentration, ainsi que la préparation des travaux à réaliser en cas de guerre.

      Les chefs des différentes sections, outre les tâches spécifiques à chacune de leur subdivision, dont ils devaient s’acquitter de leur propre initiative et sous leur propre responsabilité, étaient chargés de l’instruction dans les cours et les voyages. Ils pouvaient également recevoir des missions spéciales, confiées par le chef du Bureau d’état-major. Ce dernier assurait la surveillance de leurs activités, notamment au moyen des rapports mensuels qu’ils devaient lui remettre.

      L’organisation du Bureau d’état-major et la répartition des activités entre les cinq sections avaient été prévues selon une division horizontale du travail d’état-major. La Section des renseignements s’occupait de la collecte des informations et de l’élaboration des études sur les armées étrangères, notamment celles des quatre pays voisins sur lesquels l’attention était concentrée. Elle devait tenir à jour les documents relatifs à leur organisation, tels que les ordres de bataille et les listes des commandants des corps d’armée. Elle devait également s’occuper de tout ce qui avait trait aux questions de géographie militaire et de transports, en relevant plus particulièrement les modifications dans les réseaux de communication des régions limitrophes de la Suisse.

      La Section tactique s’occupait des tâches relatives à la mobilisation de l’armée. Elle devait établir les documents de mobilisations, notamment toutes les cartes (cartes des places de rassemblement de corps, des dépôts, des lieux de réquisition pour les chevaux), les formulaires et les timbres, organiser la mise sur pied des chevaux, la réquisition des voitures et tenir à jour les nombreuses listes des personnels et des fonctionnaires employés à la réalisation de la mobilisation. C’est à elle que revenait encore la tâche de recueillir l’ensemble des prescriptions émises par les cantons en matière de mobilisation. Le deuxième grand domaine dont la section avait la charge, et qui lui donnait son nom, était la tactique. A ce titre, elle avait pour tâche de mener des études qui concernait surtout la tactique des trois armes et le service en campagne, et pouvait émettre des propositions de changement des règlements. Dans ce cadre, la section était plus particulièrement chargée de deux missions. D’une part, elle avait la charge de l’étude de la guerre en montagne, tant au point de vue de l’organisation des troupes que de leur équipement et de leur tactique. D’autre part, elle avait la responsabilité d’instruire les formations cyclistes que l’on venait de créer.

      La Section d’état-major général s’occupait des préparatifs concernant la mise sur pied et la concentration de l’armée. Chargée de la mission fondamentale de l’Etat-major général, cette section occupait une place centrale au sein du Bureau d’état-major. Elle avait à collaborer avec les autres sections dans de nombreux domaines, particulièrement en matière de mise sur pied des troupes, de réquisitions, de renseignement et de transports.

      Les deux dernières sections avaient des fonctions plus techniques. La Section technique s’occupait de tout ce qui avait trait à la fortification, aux infrastructures, à l’armement et à l’équipement. Quant à la Section des chemins de fer, elle était chargée de préparer l’exploitation et l’emploi des chemins de fer et de la navigation à vapeur en cas de guerre.

      Cette organisation n’a duré que quelques mois. Au cours de l’année 1891, plusieurs changements de personnes eurent lieu à la tête des sections.23 De plus, en août, le chef du Bureau d’état-major proposa des modifications.24 La raison invoquée par Keller était l’arrivée du major Eduard Leupold au Bureau d’état-major. Nous pensons toutefois que les causes de ce remaniement étaient plus profondes. Elles étaient plus vraisemblablement liées à la mauvaise répartition des charges de travail découlant de l’organisation prévue au début de l’année. En dehors du changement de nom de la Section technique qui prit le nom de Section géographique, les modifications importantes étaient au nombre de trois.

      La nouvelle répartition des tâches ne se faisait plus selon un principe de division horizontale, mais verticale. L’étude d’une armée étrangère et les travaux de concentration de l’armée suisse sur le front correspondant ne relevaient plus de deux sections différentes. Désormais, la Section des renseignements s’occupait essentiellement de ce qui concernait l’armée française et la concentration sur le front ouest. La Section d’état-major général s’occupait avant tout de l’armée allemande et de la concentration sur le front nord. A la Section géographique revenait l’armée italienne et la concentration sur le front sud.

      La seconde modification était l’échange de certaines compétences entre la Section géographique et la Section des renseignements. Avec la nouvelle organisation, cette dernière avait désormais à s’occuper de la fortification, du génie et du matériel d’artillerie. A la Section géographique incombaient maintenant les domaines de la géographie et de la topographie militaires et celui de la cartographie. Enfin, elle avait à s’occuper des questions juridiques (justice militaire, droits et devoir en matière de neutralité), relevant auparavant de la Section d’état-major général.

      A la fin de l’année, le major Leupold, sur proposition de Keller, fut en outre chargé de la tenue des procès-verbaux de la Commission de défense nationale, qui venait d’être créée.25 Le chef du Département militaire accepta aussi que les séances de la Commission aient lieu dans les locaux du Bureau d’état-major.

      Avec le règlement intérieur du 9 août 1891, le Bureau d’état-major a acquis une organisation, à la fois dans ses structures et dans la répartition de ses tâches, qui ne varia plus fondamentalement jusqu’à la fin de la période étudiée. La publication de nouveaux règlements intérieurs montre plus la nécessité et la volonté de codifier le développement et l’affinement des techniques de travail d’état-major que le besoin de modifier la structure ou le fonctionnement du Bureau d’état-major. Le projet de loi sur l’organisation militaire, rejeté en 1895, reprenait d’ailleurs l’organisation en vigueur et le débat tourna autour de la double question de l’existence d’un corps spécifique d’état-major et de la formation de ses membres.26

      Diverses modifications furent toutefois apportées, particulièrement dans l’organisation du travail. En 1893, le nouveau règlement intérieur désigna clairement la section qui devait s’occuper du front est et de l’armée autrichienne.27 Jusqu’alors, on pouvait déduire des textes que cette mission revenait à la Section d’état-major général. Désormais, elle incombait à la Section tactique. De plus, la Section d’état-major général reçut formellement la mission de préparer les plans de concentration de l’armée suisse, en cas de guerre contre une coalition. En 1895, le chef du Bureau d’état-major, constatant l’augmentation de la quantité de travail, obtint du Conseil fédéral que le nombre des aides soit défini chaque année en fonction des besoins et augmenté le cas échéant.28 Ces modifications en matière de personnel ne devaient pas être inscrites dans le cadre de la loi d’organisation militaire, car les changements seraient trop difficiles. On préféra jouer avec la marge de manœuvre que laissait l’arrêté fédéral du 14 octobre 1890 et utiliser la loi sur le budget, qui n’avait qu’une durée de validité d’un an. Cette manière de faire donnait toute la souplesse nécessaire et permettait de réévaluer chaque année le nombre d’aides nécessaires. Deux années plus tard, des modifications plus importantes furent apportées.29 La Section tactique fut renommée Section de mobilisation, en raison de ses activités. Les domaines de l’armement et de l’équipement de l’infanterie furent transférés de la Section tactique à celle des renseignements, qui était aussi responsable du matériel de guerre.

      Une

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