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Psychopathia Sexualis avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle. R. von Krafft-Ebing
Читать онлайн.Название Psychopathia Sexualis avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle
Год выпуска 0
isbn 4064066075453
Автор произведения R. von Krafft-Ebing
Жанр Языкознание
Издательство Bookwire
Quelquefois ces tendances à la volupté cruelle ne se produisent chez des individus tarés qu'épisodiquement et dans certains états exceptionnels déterminés, ainsi que nous le montre le cas suivant, rapporté par Tarnowsky (op. cit., p. 61).
Observation 25.—Z..., médecin, de constitution névropathique, réagissant faiblement contre l'alcool, pratiquant le coït normal dans les circonstances ordinaires, sentait, aussitôt qu'il avait bu du vin, que le simple coït ne satisfaisait plus son libido augmenté par cette boisson. Dans cet état, il était forcé, pour avoir une éjaculation et obtenir le sentiment d'une satisfaction complète, de piquer les nates de la puella, de les couper avec une lancette, de voir le sang et de sentir comment la lame pénètre dans la chair vivante.
Mais la plupart des individus atteints de cette forme de perversion, présentent cette particularité que le charme de la femme ne les excite pas. Déjà dans le premier des cas cités plus haut, l'imagination a dû recourir à l'idée de l'écoulement du sang pour que l'érection puisse se produire.
Le cas suivant a rapport à un homme qui, par suite de la masturbation dès son enfance, a perdu la faculté d'érection, de sorte que, chez, lui, l'acte sadique remplace le coït.
Observation 26.—Le piqueur de filles de Bozen (communiqué par Demme, Buch der Verbrechen, Bd. II, p. 341). En 1829, une enquête judiciaire fut ouverte contre B..., soldat, âgé de trente ans. À différentes époques, et dans plusieurs endroits, il avait blessé avec un couteau ou un canif des filles au derrière, mais de préférence dans la région des parties génitales. Il donna comme mobile de ces attentats un penchant sexuel poussé jusqu'à la frénésie et qui ne trouvait de satisfaction que par l'idée ou le fait de piquer des femmes. Ce penchant l'avait obsédé pendant des journées. Cela troublait ses idées et ce trouble ne cessait que quand il avait répondu par un acte à son penchant. Au moment de piquer, il éprouvait la satisfaction d'un coït accompli, et cette satisfaction était augmentée par l'aspect du sang ruisselant sur son couteau. Dès l'âge de dix ans, l'instinct sexuel se manifesta violemment chez lui. Il se livra tout d'abord à la masturbation et sentit que son corps et son esprit en étaient affaiblis.
Avant de devenir «piqueur de filles», il avait satisfait son instinct sexuel en abusant de petites filles impubères, les masturbant et commettant des actes de sodomie. Peu à peu l'idée lui était venue qu'il éprouverait du plaisir en piquant une belle jeune fille aux parties génitales et en voyant couler le sang le long de son couteau.
Dans ses effets, on a trouvé des imitations d'objets servant au culte, des images obscènes peintes par lui et représentant d'une façon étrange la conception de Marie, «l'idée de Dieu figée» dans le sein de la Sainte Vierge.
Il passait pour un homme bizarre, très irascible, fuyant les hommes, avide de femmes, et morose. On ne constata chez lui aucune trace de honte ni de repentir. Évidemment c'était un individu devenu impuissant par suite d'excès sexuels prématurés, mais que la persistance d'un libido sexualis violent poussait à la perversion sexuelle41.
Note 41: (retour)
Voy. Krauss, Psychologie des Verbrechens, 1884, p. 188; Dr Hofer, Annalen der Staatsarzneikunde, 6. III. 2; Schmidt's Jahrbücher, Bd 59, p. 94.
Observation 27.—Dans les premières années qui suivirent 1860, la population de Leipzig était terrorisée par un homme qui avait l'habitude d'assaillir, avec un poignard, les jeunes filles dans la rue et de les blesser au bras supérieur. Enfin on réussit à l'arrêter et l'on constata que c'était un sadique qui, au moment où il blessait les filles, avait une éjaculation, et chez qui l'acte de faire une blessure aux filles était un équivalent du coït. (Wharton, A treatise on mental unsoundness, Philadelphia 1873, § 62342).
Note 42: (retour)
Les journaux rapportent qu'en décembre 1896 une série d'attentats analogues ont été commis à Mayence. Un garçon, entre quatorze et seize ans, s'approchait des filles et des femmes et leur blessait les jambes avec un instrument aigu. Il fut arrêté et fit l'impression d'un aliéné. On n'a donné aucun détail sur ce cas, probablement de nature sadique.
Dans les trois cas suivants, il y a également impuissance, mais elle peut être d'origine psychique, la note dominante de la vita sexualis étant ab origine basée sur le penchant sadiste et ses éléments normaux se trouvant atrophiés.
Observation 28 (communiquée par Demme, Buch der Verbrechen, VII, p. 281).—Le coupeur de filles d'Augsbourg, le nommé Bartle, négociant en vins, avait déjà des penchants sexuels à l'âge de quatorze ans, mais une aversion prononcée pour la satisfaction de l'instinct par le coït, aversion qui allait jusqu'au dégoût du sexe féminin. Déjà, à cette époque, il lui vint à l'idée de faire des plaies aux filles et de se procurer par ce moyen une satisfaction sexuelle. Il y renonça cependant faute d'occasions et d'audace.
Il dédaignait la masturbation; par-ci par-là il avait des pollutions sous l'influence de rêves érotiques avec des filles blessées.
Arrivé à l'âge de dix-neuf ans, il fit, pour la première fois, une blessure à une fille. Hæc faciens sperma ejaculavit, summa libidine affectus. L'impulsion à de pareils actes devint de plus en plus forte. Il ne choisissait que des filles jeunes et jolies et leur demandait auparavant si elles étaient mariées ou non. L'éjaculation et la satisfaction sexuelle ne se produisaient que lorsqu'il s'apercevait qu'il avait réellement blessé la fille. Après l'attentat, il se sentait toujours faible et mal à l'aise; il avait aussi des remords.
Jusqu'à l'âge de trente-deux ans, il ne blessait les filles qu'en coupant la chair, mais il avait toujours soin de ne pas leur faire de blessures dangereuses. À partir de cette époque et jusqu'à l'âge de trente-six ans, il parvint à dompter son penchant. Ensuite il essaya de se procurer de la jouissance en serrant les filles aux bras ou au cou, mais par ce procédé il n'arrivait qu'à l'érection, jamais à l'éjaculation. Alors il essaya de frapper les filles avec un couteau resté dans sa gaine, mais cela ne produisit pas non plus l'effet voulu. Enfin il donna un coup de couteau pour de bon et eut un plein succès, car il s'imaginait qu'une fille blessée de cette manière perdait plus de sang et ressentait plus de douleur que si on lui avait incisé la peau. À l'âge de trente-sept ans, il fut pris en flagrant délit et arrêté. Dans son logement, on trouva un grand nombre de poignards, de stylets et de couteaux. Il déclara que le seul aspect de ces armes, mais plus encore de les palper, lui avait procuré des sensations voluptueuses et une vive excitation.
En tout, il aurait blessé cinquante filles, s'il faut s'en tenir à ses aveux.
Son extérieur était plutôt agréable. Il vivait dans une situation bien rangée, mais c'était un individu bizarre et qui fuyait la société.
Observation 29.—J.H..., vingt-cinq ans, est venu en 1883 à la consultation pour neurasthénie et hypocondrie très avancées. Le malade avoue s'être masturbé depuis l'âge de quatorze ans; jusqu'à l'âge de dix-huit ans il en usa moins fréquemment, mais depuis il n'a plus la force de résister à ce penchant. Jusque-là, il n'a jamais pu s'approcher d'une femme,