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Psychopathia Sexualis avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle. R. von Krafft-Ebing
Читать онлайн.Название Psychopathia Sexualis avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle
Год выпуска 0
isbn 4064066075453
Автор произведения R. von Krafft-Ebing
Жанр Языкознание
Издательство Bookwire
En 1864, après avoir été éconduit par une veuve à laquelle il proposait le mariage, il avait pris en haine les femmes. Le 8 juillet, il rôdait avec l'intention d'assassiner un individu du sexe qu'il détestait tant.
Vetulam occurrentem in silvam allexit, coitum poposcit, renitentem prostravit, jugulum feminæ compressit «furore captus». Cadaver virga betulæ desecta verberare voluit nequetamen id perfecit, quia conscientia sua hæc fieri vetuit, cultello mammas et genitalia desecta domi cocta proximis diebus cum globis comedit. Le 12 septembre, lorsqu'on l'arrêta, on trouva encore les restes de cet horrible repas. Il allégua comme mobile de son acte «une soif intérieure» et demanda lui-même à être exécuté, puisqu'il avait été de tout temps un paria dans la société. En prison, il manifestait une irrascibilité excessive, et parfois il avait des accès de rage pendant lesquels il refusait toute nourriture. On a fait la remarque que la plupart de ses anciens excès coïncidaient avec des explosions d'irritation et de rage. (Maschka, Prager Vierteljahrsschrift, 1886, I, p. 79; Gauster dans Maschka's Handb. der ger. Medicin IV, p. 489.)
Dans la catégorie de ces monstres psycho-sexuels rentre sans doute l'éventreur de Whitechapel38 que la police cherche toujours sans pouvoir le découvrir.
Note 38: (retour)
Comparez entre autres: Spitzka, The Journal of nervous and mental Diseases, déc. 1888; Kiernan, The medical Standard, nov.-déc. 1888.
L'absence régulière de l'utérus, des ovaires et de la vulve chez les dix victimes de ce Barbe-bleue moderne, fait supposer qu'il cherche et trouve encore une satisfaction plus vive dans l'anthropophagie.
Dans d'autres cas d'assassinat par volupté, le stuprum n'a pas lieu soit pour des raisons physiques, soit pour des raisons psychiques, et le crime sadiste seul remplace le coït.
Le prototype de pareils cas est celui de Verzeni. La vie de ses victimes dépendait de la manifestation hâtive ou tardive de l'éjaculation. Comme ce cas mémorable renferme tout ce que la science moderne connaît sur la connexité existant entre la volupté, la rage de tuer et l'anthropophagie, il convient d'en faire ici une mention détaillée, d'autant plus qu'il a été bien observé.
Observation 21.—Vincent Verzeni, né en 1849, arrêté depuis le 11 janvier 1872, est accusé: 1º d'avoir essayé d'étrangler sa cousine Marianne, alors que celle-ci, il y a quatre ans, était couchée et malade dans son lit; 2º d'avoir commis le même délit sur la personne de l'épouse d'Arsuffi, âgée de vingt-sept ans; 3º d'avoir essayé d'étrangler Mme Gala en lui serrant la gorge pendant qu'il était agenouillé sur son corps; 4º il est, en outre, soupçonné d'avoir commis les assassinats suivants:
Au mois de décembre, le matin entre sept et huit heures, Jeanne Molta se rendit dans une commune voisine. Comme elle ne rentrait pas, le maître chez qui elle était servante, partit à sa recherche et trouva sur un sentier, près du village, le cadavre de cette fille horriblement mutilé. Les viscères et les parties génitales étaient arrachés du corps et se trouvaient près du cadavre. La nudité du cadavre, des érosions aux cuisses faisaient supposer un attentat contre la pudeur; la bouche remplie de terre indiquait que la fille avait été étouffée. Près du cadavre, sous un monceau de paille, on trouva une partie détachée du mollet droit et des vêtements. L'auteur du crime est resté inconnu.
Le 28 août 1871, de bon matin, Mme Frigeni, âgée de vingt-huit ans, alla aux champs. Comme à huit heures elle n'était pas encore rentrée, son mari partit pour aller la chercher. Il la retrouva morte dans un champ, portant autour du cou des traces de strangulation et de nombreuses blessures; le ventre ouvert laissait sortir les entrailles.
Le 29 août, à midi, comme Maria Previtali, âgée de dix-neuf ans, traversait les champs, elle fut poursuivie par son cousin Verzeni, traînée dans un champ de blé, jetée par terre, serrée au cou. Quand il la relâcha un moment pour s'assurer qu'il n'y avait personne dans le voisinage, la fille se releva et obtint, sur ses instantes prières, que Verzeni la laissât partir après lui avoir fortement serré les mains.
Verzeni fut traduit devant le tribunal. Il a vingt-deux ans, son crâne est de grandeur moyenne, asymétrique. L'os frontal droit est plus étroit et plus bas que le gauche; la bosse frontale droite est peu développée, l'oreille droite plus petite que la gauche (d'un centimètre en hauteur et de trois en largeur); la partie inférieure de l'hélix manque aux deux oreilles; l'artère de la tempe est un peu athéromateuse. Nuque de taureau, développement énorme de l'os zygomatique et de la mâchoire inférieure, pénis très développé, manque du frenulum, léger strabismus alternans divergens (insuffisance des muscles recti interni et myopie). Lombroso conclut de ces marques de dégénérescence à un arrêt congénital du développement du lobe frontal droit. À ce qu'il paraît, Verzeni est un héréditaire. Deux de ses oncles sont des crétins, un troisième est un microcéphale, imberbe, chez qui un des testicules manque, tandis que l'autre est atrophié. Le père présente des traces de dégénérescence pellagreuse et eut un accès d'hypocondria pellagrosa. Un cousin souffrait d'hyperhémie cérébrale, un autre est kleptomane.
La famille de Verzeni est dévote et d'une avarice sordide. Il est d'une intelligence au-dessus de la moyenne, sait très bien se défendre, cherche à trouver un alibi et à démentir les témoins. Dans son passé on ne trouve aucun signe d'aliénation mentale. Son caractère est étrange; il est taciturne et aime la solitude. En prison, son attitude est cynique; il se masturbe et cherche à tout prix à voir des femmes.
Verzeni a fini par avouer ses crimes et dire les mobiles qui l'y avaient poussé.
L'accomplissement de ses crimes, dit-il, lui avait procuré une sensation extrêmement agréable (voluptueuse), accompagnée d'érection et d'éjaculation. À peine avait-il touché sa victime au cou, qu'il éprouvait des sensations sexuelles. En ce qui concerne ces sensations, il lui était absolument égal que les femmes fussent vieilles, jeunes, laides ou belles. D'habitude, il éprouvait du plaisir rien qu'en serrant le cou de la femme, et dans ce cas il laissait la victime en vie. Dans les deux cas cités, la satisfaction sexuelle tardait à venir, et alors il avait serré le cou jusqu'à ce que la victime fût morte. La satisfaction qu'il éprouvait pendant ces strangulations était plus grande que celle que lui procurait la masturbation. Les contusions à la peau des cuisses et du pubis étaient faites avec les dents lorsqu'il suçait, avec grand plaisir, le sang de sa victime. Il avait sucé un morceau de mollet et l'avait emporté pour le griller à la maison; mais, se ravisant, il l'avait caché sous un tas de paille, de crainte que sa mère ne s'aperçût de ses menées. Il avait emporté avec lui les vêtements et les viscères; il les porta pendant quelque temps parce qu'il avait du plaisir à les renifler et à les palper. La force qu'il possédait dans ces moments de volupté était énorme. Il n'a jamais été fou; en exécutant ses actes, il ne voyait plus rien autour de lui (évidemment l'excitation sexuelle, poussée au plus haut degré, a supprimé en lui la faculté de perception; acte instinctif). Après il éprouvait toujours un certain bien-être et un sentiment de grande satisfaction. Il n'a jamais éprouvé de remords. Jamais l'idée ne lui est venue de toucher aux parties génitales des femmes qu'il avait torturées, ni de souiller ses victimes; il lui suffisait de les étrangler et d'en boire le sang. En effet, les assertions de ce vampire moderne semblent avoir un fondement de vérité. Les penchants sexuels normaux paraissent lui avoir été étrangers. Il avait deux maîtresses, mais il se contentait de les regarder, et il est lui-même étonné qu'en leur présence, l'envie ne lui soit pas venue de les étrangler ou de leur empoigner les mains. Il est vrai qu'avec elles il n'éprouvait pas la même jouissance qu'avec ses victimes. On n'a constaté chez lui aucune trace de sens moral, ni de repentir, etc.
Verzeni déclara lui-même qu'il deviendrait bon si on le tenait enfermé; car, rendu à la liberté, il ne pourrait pas résister à ses envies. Verzeni a été condamné aux travaux forcés à