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Psychopathia Sexualis avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle. R. von Krafft-Ebing
Читать онлайн.Название Psychopathia Sexualis avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle
Год выпуска 0
isbn 4064066075453
Автор произведения R. von Krafft-Ebing
Жанр Языкознание
Издательство Bookwire
À partir de ce moment, il chercha par tous les moyens à se procurer la vue du sang frais de personnes du sexe féminin et autant que possible à en goûter. Il préférait celui des jeunes filles. Il ne reculait devant aucun sacrifice ni aucune dépense d'argent pour se procurer ce plaisir.
Au début, la femme de chambre se mettait à sa disposition et se laissait, selon le désir du jeune homme, piquer au doigt avec une aiguille et même avec une lancette. Mais lorsque la mère l'apprit, elle renvoya la femme de chambre. Maintenant il est obligé d'avoir recours à des mérétrices pour obtenir un équivalent, ce qui lui réussit assez souvent, malgré toutes les difficultés qu'il a à surmonter. Entre temps, il se livre à la masturbation et à la manustupratio per feminam, ce qui ne lui donne jamais une satisfaction complète et ne lui vaut qu'une fatigue et les reproches qu'il se fait intérieurement. À cause de son état nerveux, il fréquentait beaucoup les stations thermales; il a été deux fois interné dans des établissements spéciaux où il demandait lui-même à entrer. Il usa de l'hydrothérapie, de l'électricité et de cures appropriées sans obtenir un résultat sensible.
Parfois il réussit à corriger sa sensibilité sexuelle anormale et son penchant à l'onanisme par l'emploi des bains de siège froids, du camphre monobromé et des sels de brome. Cependant, quand le malade se sent libre, il revient immédiatement à son ancienne passion et n'épargne ni peine ni argent pour satisfaire son désir sexuel de la façon anormale décrite plus haut.
Observation 30 (communiquée par Albert Moll, de Berlin).—L... T..., vingt et un ans, commerçant dans une ville rhénane, appartient à une famille dans laquelle il y a plusieurs personnes nerveuses et psychopathes. Une de ses sœurs est atteinte d'hystérie et de mélancolie.
Le malade a toujours été d'un caractère très tranquille; il était même timide. Étant à l'école, il s'isolait souvent de ses camarades, surtout quand ceux-ci parlaient de filles. Il lui semblait toujours choquant de traiter, dans une conversation avec dames, mariées ou non, la question du coucher ou du lever, ou même d'en faire mention.
Dans les premières années de ses études, le malade travaillait bien; plus tard, il devint paresseux et ne put plus faire de progrès. Le malade vint, le 17 août 1870, consulter le docteur Moll sur les phénomènes anormaux de sa vie sexuelle. Cette démarche lui fut conseillée par un médecin ami, la docteur X..., auquel il avait fait des confidences auparavant.
Le malade fait l'impression d'un homme très timide, farouche. Il avoue sa timidité, surtout en présence d'autres personnes, son manque de confiance en lui-même et d'aplomb. Ce fait a été confirmé par le docteur X...
En ce qui concerne sa vie sexuelle, le malade peut en faire remonter les premières manifestations à l'âge de sept ans. Alors il jouait souvent avec ses parties génitales, et il fut quelquefois puni pour cela. En se masturbant ainsi, il prétend avoir obtenu des érections; il se figurait toujours qu'il frappait avec des verges une femme sur les nates dénudées jusqu'à ce qu'elle en eût des durillons.
«Ce qui m'excitait surtout, raconte le malade, c'est l'idée que la personne flagellée était une femme belle et hautaine, et que je lui infligeais la correction en présence d'autres personnes, surtout des femmes, pour qu'elle sentît la force de mon pouvoir sur elle. Je cherchai donc de bonne heure à lire des livres où il est question de corrections corporelles, entre autres un ouvrage où il était question des mauvais traitements infligés aux esclaves romains.
«Cependant je n'avais pas d'érections quand les mauvais traitements que je me représentais consistaient en coups donnés sur le dos ou sur les épaules. Tout d'abord je crus que ce genre d'excitation passerait avec le temps, et voilà pourquoi je n'en parlai à personne.»
Le malade, qui s'était onanisé de bonne heure, continua. Au moment de sa masturbation, il évoquait toujours la même image de flagellation. Depuis l'âge de treize ou quatorze ans, le malade avait des éjaculations quand il se masturbait. Decimum septimum annum agens primum feminam adiit coeundi causa neque coitum perficere potuit libidine et erectione deficientibus. Mox autem iterum apud alteram coitum conatus est nullo successu. Tum feminam per vim verberavit. Tantopere erat excitatus ut mulierem dolore clamantem atque lamentantem verberare non desierit. Il ne pensait pas que ce fait pouvait lui attirer des poursuites judiciaires qui, d'ailleurs, n'ont pas eu lieu. Par ce procédé, il obtenait l'érection, l'orgasme et l'éjaculation. Il accomplissait l'acte de la manière suivante: il serrait de ses deux genoux la femme de manière que son pénis touchait le corps de celle-ci, mais sans immissio penis in vaginam, ce qui lui paraissait tout à fait superflu.
Plus tard le malade eut tant de honte de battre des femmes et fut en proie à des idées si noires, qu'il pensa souvent au suicide. Pendant les trois années suivantes, le malade alla encore chez des femmes. Mais jamais il ne leur demanda plus de se laisser battre par lui. Il essayait d'arriver à l'érection en pensant aux coups donnés à la femme; mais cet artifice n'avait aucun succès, neque membrum a muliere tractatum se erexit. Après avoir fait cet essai et échoué, le malade prit la résolution de se confier à un médecin.
Le malade fournit encore une série d'autres renseignements sur sa vita sexualis. L'anomalie de son instinct sexuel l'avait autant gêné que son intensité. Il se couchait avec des idées sexuelles qui le poursuivaient toute la nuit et revenaient au moment de son réveil le matin. Il n'était jamais à l'abri de la résurrection de ces idées morbides qui l'excitaient, idées auxquelles au début il se livrait avec délectation, mais dont il ne pouvait se débarrasser pour quelque temps que par la masturbation.
À une de mes questions, le malade répond qu'en dehors des coups sur le dos et surtout sur les nates de la femme, les autres violences n'exerçaient aucun charme sur lui. Ligotter la femme, fouler son corps aux pieds, n'avaient pas du charme pour lui. Ce fait est d'autant plus à relever que les coups donnés à la femme ne procurent au patient un plaisir sexuel que parce que ces coups sont «humiliants et déshonorants» pour la femme; celle-ci doit sentir qu'elle est complètement en son pouvoir. Le malade n'éprouverait aucun charme s'il frappait la femme sur une autre partie du corps que celle dont il a été fait mention, ou s'il lui causait des douleurs d'un autre genre.
Multo minorem ei affert voluptatem si nates suæ a muliere verberantur; tamen ea res sæpe ejaculationem seminis effecit sed hæc fieri putat erectione deficiente.
Inter verbera autem penem in vaginam immittendo nullum voluptatem se habere ratus qualibet parte corporis femininæ pene tacta semen ejaculat. De même qu'en battant la femme le charme pour lui consistait dans l'humiliation de celle-ci, il se sentait de même excité sexuellement par le fait contraire, c'est-à-dire par l'idée d'être humilié lui-même par des coups et de se trouver entièrement livré à la puissance de la femme. Pourtant tout autre genre d'humiliation que des coups reçus sur les fesses, ne pouvait l'exciter. Il lui répugnait de se laisser ligoter et fouler aux pieds par une femme.
Les rêves du malade en tant qu'ils étaient de nature érotique, se mouvaient toujours dans le même ordre d'idées que ses penchants sexuels à l'état de veille. Dans ses rêves il avait souvent des pollutions. Les idées sexuelles perverties ont-elles apparu d'abord dans les rêves ou à l'état de veille? Le patient n'a pu donner sur ce sujet de renseignements précis, bien que le souvenir de la première excitation remonte à l'âge de sept ans. Cependant il croit que ces idées lui sont venues à l'état de veille. Dans ses rêves, le malade battait souvent des personnes du sexe mâle, ce qui lui causait aussi des pollutions. À l'état de veille, l'idée de battre des hommes ne lui causait que peu d'excitation. Le corps nu de l'homme n'a pour lui aucun charme, tandis qu'il se sent nettement attiré par le corps nu d'une femme, bien que son libido ne trouve de satisfaction que lorsque les faits sus-mentionnés ont lieu, et bien qu'il n'éprouve aucun désir