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à rendre normale sa vie sexuelle, il perdrait aussi son caractère farouche et craintif qui le gêne beaucoup. Dans le traitement que j'ai employé (Dr Moll), pendant trois mois et demi, j'ai usé des trois moyens suivants:

      1º J'ai défendu expressément au malade qui désire vivement être guéri, de s'abandonner avec plaisir à ses idées perverses. Il va de soi que je ne lui donnai pas le conseil absurde de ne plus penser du tout à la flagellation. Un pareil conseil ne pourrait être suivi par le malade, car ces idées lui viennent indépendamment de sa volonté et apparaissent rien qu'en lisant par hasard le mot «frapper». Ce que je lui défendis expressément, c'était d'évoquer lui-même de pareilles idées et de s'y abandonner volontairement. Au contraire, je lui recommandai de faire tout pour concentrer ses idées sur un autre sujet.

      2º J'ai permis, j'ai même recommandé au malade, puisqu'il s'intéresse aux femmes nues, de se représenter dans son imagination des femmes dans cet état. Je lui fis cette recommandation bien qu'il prétende que ce n'est pas au point de vue sexuel que les femmes nues l'intéressent.

      3º J'ai essayé par l'hypnose, qui était très difficile à obtenir, et par la suggestion, d'aider le malade dans cette nouvelle voie. Pour le moment, toute tentative de coït lui a été interdite afin d'éviter qu'il se décourage par un échec éventuel.

      Au bout de deux mois et demi, ce traitement eut pour résultat que, d'après les affirmations du patient du moins, les idées perverses venaient plus rarement et étaient de plus en plus reléguées au second rang; l'image des femmes nues lui donnait des érections qui devenaient de plus en plus fréquentes et qui l'amenaient souvent à se masturber avec l'idée du coït sans qu'il s'y mêle l'idée de battre une femme. Pendant son sommeil, il n'avait que rarement des rêves érotiques; ceux-ci avaient comme sujet, tantôt le coït normal, tantôt les coups donnés aux femmes. Deux mois et demi après le début de mon traitement, j'ai conseillé au malade d'essayer le coït. Il l'a fait depuis quatre fois. Je lui recommandai de choisir toujours une femme qui lui fût sympathique, et j'essayai, avant le coït, d'augmenter son excitation sexuelle par de la tinctura cantharidum.

      Les quatre essais—le dernier a eu lieu le 29 novembre 1800—ont donné les résultats suivants. La première fois, la femme a dû faire de longues manipulations sur le pénis pour qu'il y eût érection; alors l'immissio in vaginam réussit et il y eut éjaculation avec orgasme. Pendant toute la durée de l'acte, il ne lui vint point l'idée qu'il battait la femme ou qu'il en était battu: la femme l'excitait suffisamment pour qu'il pût pratiquer le coït. Au second essai, le résultat fut meilleur et plus prompt. Les manipulations de la femme sur les parties génitales ne furent nécessaires que dans une très faible mesure. Au troisième essai, le coït ne réussit qu'après que le malade eut, pendant longtemps, pensé à la flagellation et se fût mis, par ce moyen, en érection; mais il n'en vint point à des voies de fait. Au quatrième essai, le coït réussit sans aucune évocation d'idées de frapper et sans aucune manipulation de la femme sur le pénis.

      Il est évident que, jusqu'en ce moment, on ne peut considérer comme guéri le malade dont il est ici question. De ce que le malade a pu quelquefois pratiquer le coït d'une manière à peu près normale ou tout à fait normale, cela ne veut pas dire qu'il en sera toujours capable à l'avenir, d'autant plus que l'idée de battre lui cause toujours un grand plaisir, bien que cette idée lui vienne maintenant plus rarement qu'autrefois. Pourtant il y a des probabilités pour que le penchant anormal qui, à l'heure actuelle, s'est considérablement atténué, diminue dans l'avenir ou disparaisse peut-être complètement.

      Ce cas, observé avec beaucoup de soin, est extrêmement intéressant à bien des points de vue. Il montre nettement une des raisons cachées du sadisme, la tendance à réduire la femme à une sujétion sans limites, tendance qui est entrée dans ce cas dans la conscience de l'individu. C'est d'autant plus curieux que l'individu en question était d'un caractère timide, et, dans ses autres rapports sociaux, d'allures excessivement modestes et mêmes craintives. Ce cas nous montre aussi clairement qu'il peut exister un libido puissant et entraînant l'individu malgré tous les obstacles, tandis qu'en même temps il y a absence de tout désir du coït, la note dominante du sentiment étant tombée sur la sphère des idées sadistes et voluptueusement cruelles. Le cas en question contient en même temps quelques faibles éléments de masochisme.

      Il n'est pas rare d'ailleurs que des hommes aux penchants pervertis payent des prostituées pour qu'elles se laissent flageller et même blesser jusqu'au sang.

      Les ouvrages qui s'occupent de la prostitution contiennent des renseignements sur ce sujet, entre autres la volume de Coffignon: La Corruption à Paris.

       Table des matières

      Quelquefois l'instinct pervers qui pousse le sadique à blesser les femmes, à les traiter d'une manière humiliante et avilissante, peut se manifester par une tendance à les barbouiller avec des matières dégoûtantes ou salissantes.

      Dans cette catégorie il faut classer le cas suivant, rapporté par Arndt(Vierteljahrsschr. f. ger. Medicin, N. F. XVII, H. 1).

      Observation 31.—A..., étudiant en médecine à Greifswald, accusatus quod iterum iterumque puellis honestis parentibus natis in publico genitalia sua e bracis dependentia plane nudata quæ antea summo amiculo (pans de redingote) tecta erant, ostenderat. Nonnunquam puellas fugientes secutus easque ad se attractas urina oblivit. Hæc luce clara facta sunt; nunquam aliquid hæc faciens locutus est.

      A... est âgé de vingt-trois ans, fort au physique, proprement mis et de manières décentes. Crâne un peu progeneum. Atteint de pneumonie chronique à la pointe droite du poumon. Emphysème. Pouls: 60; en émotion: 70 à 80 coups. Parties génitales normales. Se plaint de troubles périodiques de la digestion, de constipation, de vertiges et d'une excitation sexuelle excessive qui l'a poussé de bonne heure à l'onanisme, mais jamais à la satisfaction normale de ses besoins sexuels. Se plaint aussi d'être d'humeur mélancolique de temps en temps, d'idées qui lui viennent de se torturer lui-même, ainsi que de tendances perverses dont il ne saurait s'expliquer le mobile. Ainsi, par exemple, il rit dans des occasions graves, a quelquefois l'idée de jeter son argent à l'eau, de courir sous une pluie torrentielle.

      Le père de l'inculpé est de tempérament nerveux, la mère sujette à des maux de tête nerveux. Un frère souffrait de crises épileptiques.

      Dès sa première jeunesse, l'inculpé montrait un tempérament nerveux, était sujet aux crampes et aux syncopes, et était pris d'un état de catalepsie momentané lorsqu'on le grondait sévèrement. En 1869, il suivait les cours de médecine à Berlin. En 1870, il prit part à la guerre comme ambulancier. Ses lettres de cette époque dénotent de la mollesse et de l'apathie. En rentrant au printemps de 1871, son irritabilité d'humeur éveilla l'attention de son entourage. Il se plaignait souvent à cette époque de malaises physiques et des désagréments que lui causait une liaison féminine.

      Il passait pour un homme très convenable.

      En prison, il est calme et quelquefois pensif. Il attribue ses actes à des excitations sexuelles très gênantes et qui, ces temps derniers, étaient devenues excessives. Il s'était parfaitement rendu compte de l'immoralité de ses actes, et après coup, il en avait toujours eu de la honte. En les accomplissant, il n'a pas éprouvé une véritable satisfaction sexuelle. Il n'a pas une connaissance parfaite de la vraie portée de sa situation. Il se considère comme un martyre, une victime d'un pouvoir méchant. On suppose que chez lui le libre arbitre est supprimé.

      Ce penchant se manifeste aussi dans l'instinct sexuel paradoxal qui se réveille à l'âge de sénilité et qui souvent se fait jour d'une façon perverse.

      Ainsi Turnowsky (op. cit., p. 76) nous rapporte le cas suivant:

      Observation 32.—J'ai connu un malade qui s'est couché avec une femme en toilette de soirée et fortement

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