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comme l'autre est un état d'exaltation, constitue une puissante excitation de toute la sphère psychomotrice. Il en résulte un désir de réagir par tous les moyens possibles et avec la plus grande intensité contre l'objet qui provoque l'excitation. De même que l'exaltation maniaque passe facilement à l'état de manie de destruction furieuse, de même l'exaltation de la passion sexuelle produit quelquefois le violent désir de détendre l'excitation générale par des actes insensés qui ont une apparence d'hostilité. Ces actes représentent pour ainsi dire des mouvements psychiques et accessoires; il ne s'agit point d'une simple excitation inconsciente de l'innervation musculaire (ce qui se manifeste aussi quelquefois sous forme de convulsions aveugles), mais d'une vraie hyperbolie de la volonté à produire un puissant effet sur l'individu qui a causé notre excitation. Le moyen le plus efficace pour cela, c'est de causer à cet individu une sensation de douleur. En partant de ce cas où, dans le maximum de la passion voluptueuse, l'individu cherche à causer une douleur à l'objet aimé, on arrive à des cas où il y a sérieusement mauvais traitements, blessures et même assassinat de la victime32.

      Voir Lombroso (Uomo delinquente), qui cite des faits analogues chez les animaux en rut.

      Dans ces cas, le penchant à la cruauté qui peut s'associer à la passion voluptueuse, s'est augmenté démesurément chez un individu psychopathe, tandis que, d'autre part, la défectuosité des sentiments moraux fait qu'il n'y a pas normalement d'entraves ou qu'elles sont trop faibles pour réagir.

      Ces actes sadiques monstrueux ont, chez l'homme, chez lequel ils se produisent plus fréquemment que chez la femme, encore une autre cause puissante due aux conditions physiologiques.

      Chez les animaux aussi c'est ordinairement le mâle qui poursuit la femelle de ses propositions d'amour. On peut aussi souvent remarquer que la femelle prend la fuite ou feint de la prendre. Alors il s'engage une scène semblable à celle qui a lieu entre l'oiseau de proie et l'oiseau auquel il fait la chasse.

      La conquête de la femme se fait aujourd'hui sous une forme civile, en faisant la cour, par séduction et en employant la ruse, etc. Mais l'histoire de la civilisation et l'anthropologie nous apprennent qu'autrefois et maintenant encore il est certains peuples chez qui la force brutale, le rapt de la femme, et même l'habitude de la rendre inoffensive par des coups de massue remplacent les sollicitations d'amour. Il est possible qu'un retour à l'atavisme contribue, avec de pareils penchants, à favoriser les accès de sadisme.

      Dans les Jahrbücher für Psychologie (II, p. 128), Schaefer (Iéna) rapporte deux observations d'A. Payer. Dans le premier cas, un état d'excitation sexuelle excessif s'est développé à l'aspect de scènes de bataille, même en peinture; dans l'autre cas, c'est la torture cruelle de petits animaux qui produisit cet effet. Schaefer ajoute: «La combativité et l'envie de tuer sont, dans toutes les espèces animales, tellement l'attribut du mâle, que l'existence d'une connexité entre ces penchants mâles et les penchants purement sexuels ne saurait être mise en doute. Je crois cependant pouvoir assurer, en me fondant sur des observations qui ne sauraient être contestées, que, même chez des individus mâles doués d'une parfaite santé psychique et sexuelle, les premiers signes précurseurs, mystérieux et obscurs des désirs sexuels peuvent faire apparition à la suite de lectures de scènes de bataille ou de chasse émouvantes. Une poussée inconsciente pousse les jeunes gens à chercher une sorte de satisfaction dans les jeux de guerre (lutte corps à corps). Dans ces jeux aussi l'instinct fondamental de la vie sexuelle arrive à son expression: le lutteur cherche à se mettre en contact extensif et intensif avec son partenaire, avec l'arrière-pensée plus ou moins nette de le terrasser ou de le vaincre.

      Si ces deux éléments constitutifs se rencontrent, si le désir prononcé et anormal d'une réaction violente contre l'objet aimé s'unit à un besoin exagéré de subjuguer la femme, alors les explosions les plus violentes du sadisme se produiront.

      Le sadisme n'est donc qu'une exagération pathologique de certains phénomènes accessoires de la vita sexualis qui peuvent se produire dans des circonstances normales, surtout chez le mâle. Naturellement, il n'est pas du tout nécessaire, et ce n'est pas la règle, que le sadiste ait conscience de ces éléments de son penchant. Ce qu'il éprouve, c'est uniquement le désir de commettre des actes violents et cruels sur les personnes de l'autre sexe, et une sensation de volupté rien qu'en se représentant ces actes de cruauté. Il en résulte une impulsion puissante à exécuter les actes désirés. Comme les vrais motifs de ce penchant restent inconnus à celui qui agit, les actes sadistes sont empreints des caractères des actes impulsifs.

      Il arrive aussi que la vue accidentelle du sang versé mette le mécanisme psychique et prédisposé du sadiste en mouvement et éveille le penchant qui était à l'état latent.

      Il est impossible empiriquement d'établir une distinction entre les cas de sadisme congénital et de sadisme acquis. Beaucoup d'individus tarés originellement font pendant longtemps tous les efforts possibles pour résister à leurs penchants pervers. Si la puissance sexuelle existe encore, ils ont au commencement une vita sexualis normale, souvent grâce à l'évocation d'images de nature perverse. Plus tard seulement, après avoir vaincu successivement toutes les contre-raisons éthiques et esthétiques et après avoir constaté à plusieurs reprises que l'acte normal ne procure pas de satisfaction complète, le penchant morbide se fait jour et se manifeste extérieurement. Une disposition perverse et ab origine se traduit alors tardivement par des actes. Voilà ce qui produit souvent l'apparence d'une perversion acquise et trompe sur le vrai caractère congénital du mal. A priori, on peut cependant supposer que cet état psychopathique existe toujours ab origine. Nous verrons plus loin les raisons en faveur de cette hypothèse.

      Les actes sadistes diffèrent selon le degré de leur monstruosité, selon l'empire du penchant pervers sur l'individu qui en est atteint, ou bien selon les éléments de résistance qui existent encore, éléments qui, cependant, peuvent être plus ou moins affaiblis par des défectuosités éthiques originelles, par la dégénérescence héréditaire, par la folie morale.

      Ainsi naissent une longue série de formes qui commencent par les crimes les plus graves et qui finissent

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