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Psychopathia Sexualis avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle. R. von Krafft-Ebing
Читать онлайн.Название Psychopathia Sexualis avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle
Год выпуска 0
isbn 4064066075453
Автор произведения R. von Krafft-Ebing
Жанр Языкознание
Издательство Bookwire
Note 32: (retour)
Voir Lombroso (Uomo delinquente), qui cite des faits analogues chez les animaux en rut.
Dans ces cas, le penchant à la cruauté qui peut s'associer à la passion voluptueuse, s'est augmenté démesurément chez un individu psychopathe, tandis que, d'autre part, la défectuosité des sentiments moraux fait qu'il n'y a pas normalement d'entraves ou qu'elles sont trop faibles pour réagir.
Ces actes sadiques monstrueux ont, chez l'homme, chez lequel ils se produisent plus fréquemment que chez la femme, encore une autre cause puissante due aux conditions physiologiques.
Dans le rapport des deux sexes, c'est à l'homme qu'échoit le rôle actif et même agressif, tandis que la femme se borne au rôle passif et défensif33.
Note 33: (retour)
Chez les animaux aussi c'est ordinairement le mâle qui poursuit la femelle de ses propositions d'amour. On peut aussi souvent remarquer que la femelle prend la fuite ou feint de la prendre. Alors il s'engage une scène semblable à celle qui a lieu entre l'oiseau de proie et l'oiseau auquel il fait la chasse.
Pour l'homme, il y a un grand charme a conquérir la femme, à la vaincre; et, dans l'Ars amandi, la décence de la femme qui reste sur la défensive jusqu'au moment où elle a cédé, est d'une grande importance psychologique. Dans les conditions normales, l'homme se voit en présence d'une résistance qu'il a pour tâche de vaincre, et c'est pour cette lutte que la nature lui a donné un caractère agressif. Mais ce caractère agressif peut, dans des conditions pathologiques, dépasser toute mesure et dégénérer en une tendance à subjuguer complètement l'objet de ses désirs jusqu'à l'anéantissement et même à le tuer34.
Note 34: (retour)
La conquête de la femme se fait aujourd'hui sous une forme civile, en faisant la cour, par séduction et en employant la ruse, etc. Mais l'histoire de la civilisation et l'anthropologie nous apprennent qu'autrefois et maintenant encore il est certains peuples chez qui la force brutale, le rapt de la femme, et même l'habitude de la rendre inoffensive par des coups de massue remplacent les sollicitations d'amour. Il est possible qu'un retour à l'atavisme contribue, avec de pareils penchants, à favoriser les accès de sadisme.
Dans les Jahrbücher für Psychologie (II, p. 128), Schaefer (Iéna) rapporte deux observations d'A. Payer. Dans le premier cas, un état d'excitation sexuelle excessif s'est développé à l'aspect de scènes de bataille, même en peinture; dans l'autre cas, c'est la torture cruelle de petits animaux qui produisit cet effet. Schaefer ajoute: «La combativité et l'envie de tuer sont, dans toutes les espèces animales, tellement l'attribut du mâle, que l'existence d'une connexité entre ces penchants mâles et les penchants purement sexuels ne saurait être mise en doute. Je crois cependant pouvoir assurer, en me fondant sur des observations qui ne sauraient être contestées, que, même chez des individus mâles doués d'une parfaite santé psychique et sexuelle, les premiers signes précurseurs, mystérieux et obscurs des désirs sexuels peuvent faire apparition à la suite de lectures de scènes de bataille ou de chasse émouvantes. Une poussée inconsciente pousse les jeunes gens à chercher une sorte de satisfaction dans les jeux de guerre (lutte corps à corps). Dans ces jeux aussi l'instinct fondamental de la vie sexuelle arrive à son expression: le lutteur cherche à se mettre en contact extensif et intensif avec son partenaire, avec l'arrière-pensée plus ou moins nette de le terrasser ou de le vaincre.
Si ces deux éléments constitutifs se rencontrent, si le désir prononcé et anormal d'une réaction violente contre l'objet aimé s'unit à un besoin exagéré de subjuguer la femme, alors les explosions les plus violentes du sadisme se produiront.
Le sadisme n'est donc qu'une exagération pathologique de certains phénomènes accessoires de la vita sexualis qui peuvent se produire dans des circonstances normales, surtout chez le mâle. Naturellement, il n'est pas du tout nécessaire, et ce n'est pas la règle, que le sadiste ait conscience de ces éléments de son penchant. Ce qu'il éprouve, c'est uniquement le désir de commettre des actes violents et cruels sur les personnes de l'autre sexe, et une sensation de volupté rien qu'en se représentant ces actes de cruauté. Il en résulte une impulsion puissante à exécuter les actes désirés. Comme les vrais motifs de ce penchant restent inconnus à celui qui agit, les actes sadistes sont empreints des caractères des actes impulsifs.
Quand il y a association entre la volupté et la cruauté, non seulement la passion voluptueuse éveille le penchant à la cruauté, mais le contraire aussi peut avoir lieu: l'idée et surtout la vue d'actes cruels agissent comme un stimulant sexuel et sont dans ce sens employés par des individus pervers35.
Note 35: (retour)
Il arrive aussi que la vue accidentelle du sang versé mette le mécanisme psychique et prédisposé du sadiste en mouvement et éveille le penchant qui était à l'état latent.
Il est impossible empiriquement d'établir une distinction entre les cas de sadisme congénital et de sadisme acquis. Beaucoup d'individus tarés originellement font pendant longtemps tous les efforts possibles pour résister à leurs penchants pervers. Si la puissance sexuelle existe encore, ils ont au commencement une vita sexualis normale, souvent grâce à l'évocation d'images de nature perverse. Plus tard seulement, après avoir vaincu successivement toutes les contre-raisons éthiques et esthétiques et après avoir constaté à plusieurs reprises que l'acte normal ne procure pas de satisfaction complète, le penchant morbide se fait jour et se manifeste extérieurement. Une disposition perverse et ab origine se traduit alors tardivement par des actes. Voilà ce qui produit souvent l'apparence d'une perversion acquise et trompe sur le vrai caractère congénital du mal. A priori, on peut cependant supposer que cet état psychopathique existe toujours ab origine. Nous verrons plus loin les raisons en faveur de cette hypothèse.
Les actes sadistes diffèrent selon le degré de leur monstruosité, selon l'empire du penchant pervers sur l'individu qui en est atteint, ou bien selon les éléments de résistance qui existent encore, éléments qui, cependant, peuvent être plus ou moins affaiblis par des défectuosités éthiques originelles, par la dégénérescence héréditaire, par la folie morale.
Ainsi naissent une longue série de formes qui commencent par les crimes les plus graves et qui finissent