Скачать книгу

un autre accomplirait une affaire des plus ordinaires. Il regrette qu'on lui ait enlevé son canif. Sans cela, il aurait pu, comme Sénèque, s'ouvrir les veines pendant qu'il était au bain. Un ami lui donna dernièrement un purgatif au lieu d'un poison qu'il avait demandé. Il dit, en faisant un calembour, que cette drogue l'avait mené aux cabinets au lieu de le mener dans l'autre monde. Seul le grand opérateur, armé de la faux du trépas, pourrait lui couper sa «vieille idée folle et dangereuse», etc.

      Le malade a le crâne volumineux, de forme rhomboïde, et déformé; la partie gauche du front est plus plate que la partie droite. L'occiput est très droit. Les oreilles sont très écartées et fortement décollées; l'orifice extérieur de l'oreille forme une fente étroite. Les parties génitales sont flasques, les testicules très mous et très petits.

      Quelquefois le malade se plaint d'être possédé de la manie du doute. Il est forcé de creuser les problèmes les plus inutiles, hanté par une obsession qui dure des heures entières, qui lui est pénible et qui le fatigue outre mesure. Il se sent alors tellement exténué, qu'il n'est plus capable de concevoir aucune idée juste.

      Au bout d'un an, le malade a été renvoyé de l'asile comme incurable. Rentré chez lui, il passait son temps à lire et à pleurer, s'occupait de l'idée de fonder un nouveau christianisme parce que, dit-il, le Christ était atteint de la monomanie des grandeurs et avait dupé le monde avec des miracles (!).

      Après un séjour d'un an chez son père, une excitation psychique s'étant subitement produite, il fut de nouveau interné dans l'asile. Il présentait un mélange de délire initial, de délire de persécution (diable, antéchrist, se croit persécuté, monomanie de l'empoisonnement, voix qui le persécutent) et de monomanie des grandeurs (se croit le Christ, le Rédempteur de l'univers). En même temps ses actes étaient impulsifs et incohérents. Au bout de cinq mois, cette maladie mentale intercurrente disparaissait, et le malade revenait à son état d'incohérence intellectuelle primitive et de défectuosité morale.

      Observation 9.—E..., trente ans, ouvrier peintre sans place, a été pris en flagrant délit: il voulait couper le scrotum d'un garçon qu'il avait attiré dans un bois. Il donna comme motif qu'il voulait détruire cette partie du corps, pour que le monde ne se peuple pas davantage. Dans son enfance, disait-il, il s'était, pour la même raison, fait des coupures aux parties génitales. Son arbre généalogique ne peut pas être établi. Dès son enfance, E... était un anormal au point de vue intellectuel; il rêvassait, n'était jamais gai; facile à exciter, emporté, il allait toujours méditant; c'était un faible d'esprit. Il détestait les femmes, aimait la solitude, et lisait beaucoup. Quelquefois il riait en lui-même et faisait des bêtises. Dans ces dernières années, sa haine des femmes s'est accentuée; il en veut surtout aux femmes enceintes par qui, dit-il, la misère s'augmente dans le monde. Il déteste aussi les enfants, maudit celui qui lui a donné la vie; il a des idées communistes, s'emporte contre les riches et les prêtres, contre Dieu qui l'a fait naître si pauvre. Il déclare qu'il vaudrait mieux châtrer les enfants que d'en faire de nouveaux qui seront condamnés à la pauvreté et à la misère. Ce fut toujours son idée, et, à l'âge de quinze ans déjà, il avait essayé de s'émasculer pour ne pas contribuer au malheur et à l'augmentation du nombre des hommes. Il méprise le sexe féminin qui contribue à augmenter la population. Deux fois seulement, dans sa vie, il s'est fait manustuprer par des femmes; sauf cet incident il n'a jamais eu affaire avec elles. Il a, de temps en temps, des désirs sexuels, c'est vrai, mais jamais le désir de leur donner une satisfaction naturelle.

      E... est un homme vigoureux et bien musclé. La constitution de ses parties génitales n'accuse rien d'anormal. Sur le scrotum et sur le pénis on trouve de nombreuses cicatrices de coupures, traces d'anciennes tentatives d'émasculation. Il prétend que la douleur l'a empêché d'exécuter complètement son projet. À la jointure du genou droit il existe un genu valgum. On n'a pu noter aucun symptôme d'onanisme. Il est d'un caractère sombre, entêté et emporté. Les sentiments sociaux lui sont absolument étrangers. En dehors de l'insomnie et de maux de tête fréquents, il n'y a pas chez lui de troubles fonctionnels.

      Il faut distinguer ces cas cérébraux de ceux où l'absence ou bien l'atrophie des organes de la génération constituent la cause de l'impotence fonctionnelle, ainsi que cela se voit chez les hermaphrodites, les idiots et les crétins.

      Un cas de ce genre se trouve mentionné dans le livre de Maschka.

      Observation 10.—La plaignante demande le divorce à cause de l'impuissance de son mari qui n'a encore jamais accompli avec elle l'acte sexuel. Elle a trente et un ans et elle est vierge. L'homme est un peu faible d'esprit; au physique il est fort; les parties génitales extérieures sont bien constituées. Il prétend n'avoir jamais eu d'érection complète ni d'éjaculation, et il dit que les rapports avec les femmes le laissent absolument indifférent.

      Ueber männliche Sterilität (Wiener med. Presse, 1875, nº 1); Ueber potentia cœundi et generandi (Wiener Klinik, 1885, Heft 1, S. 5).

      Les naturæ frigidæ de Zacchias représentent une forme atténuée de l'anesthésie. On les rencontre plus souvent chez les femmes que chez les hommes. Peu de penchant pour les rapports sexuels et même aversion manifeste, bien entendu sans avoir un autre équivalent sexuel, absence de toute émotion psychique ou voluptueuse pendant le coït qu'on accorde simplement par devoir, voilà les symptômes de cette anomalie de laquelle j'ai souvent entendu des maris se plaindre devant moi. Dans de pareils cas, il s'agissait toujours de femmes névropathiques ab origine. Certaines d'entre elles étaient en même temps hystériques.

      2º Anesthésie acquise.—La diminution acquise du penchant sexuel ainsi que l'extinction de ce sentiment, peut être attribuée à diverses causes.

      Celles-ci peuvent être organiques ou fonctionnelles, psychiques ou somatiques, centrales ou périphériques.

      À mesure qu'on avance en âge, il se produit physiologiquement une diminution du libido; de même, immédiatement après l'acte sexuel, il y a disparition temporaire du libido.

      Les différences en ce qui concerne la durée de la conservation du penchant sexuel sont très grandes et variables selon la nature de chaque individu. L'éducation et le genre de vie ont une grande influence sur l'intensité de la vita sexualis.

      Les occupations qui fatiguent l'esprit (études approfondies), le surmenage physique, l'abstinence, les chagrins, la continence sexuelle sont sûrement nuisibles à l'entretien du penchant sexuel.

      L'abstinence agit d'abord comme stimulant. Tôt ou tard, selon la constitution physique, l'activité des organes génitaux se relâche et en même temps le libido s'affaiblit.

      En tout cas, il y a chez l'individu sexuellement mûr, une corrélation intime entre le fonctionnement de ses glandes génésiques et le degré de son libido. Mais le premier n'est pas toujours décisif, ainsi que nous le démontre ce fait que des femmes sensuelles, même après la ménopause, continuent leurs rapports sexuels et peuvent présenter des phases d'excitation sexuelle, mais d'origine cérébrale.

      On peut aussi, chez les eunuques, voir le libido subsister longtemps encore après que la production du sperme a cessé.

      D'autre part, l'expérience nous apprend que le libido a pour condition essentielle la fonction des glandes génésiques, et que les faits que nous venons de citer ne constituent que des phénomènes exceptionnels. Comme causes périphériques de

Скачать книгу