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actes sexuels, de sorte que son honorable famille est désolée et n'a d'autre recours que de le mettre sous tutelle, de le placer dans une maison de santé. On n'a pu constater chez lui d'excitation érotique pour l'autre sexe, bien qu'il partage encore avec sa femme la chambre à coucher commune. En ce qui concerne la sexualité pervertie et le complet affaissement du sens moral de ce malheureux, il est à remarquer, comme fait curieux, qu'il questionne les servantes de sa belle-fille pour savoir si cette dernière n'a pas d'amant.

       Table des matières

      1º Comme anomalie congénitale.—On ne peut considérer comme exemples incontestables d'absence du sens sexuel, occasionnée par des causes cérébrales, que les cas dans lesquels, malgré le développement et le fonctionnement normal des parties génitales (production du sperme, menstruation), tout penchant pour la vie sexuelle manque absolument ou a manqué de tout temps. Ces individus sans sexe, au point de vue fonctionnel, sont très rares. Ce sont des êtres dégénérés chez lesquels on peut rencontrer des troubles cérébraux fonctionnels, des symptômes de dégénérescence psychique et même des stigmates de dégénérescence anatomique. Legrand du Saulle cite un cas classique et qui rentre dans cette catégorie (Annales médico-psychol., 1876, mai.)

      Observation 3.—D..., trente-trois ans, né d'une mère atteinte de la monomanie de la persécution. Le père de cette femme était également atteint de la monomanie de la persécution et finit par le suicide. La mère était folle, et la mère de celle-ci a été prise de folie puerpérale. Trois frères du malade sont morts en bas âge, un autre survivant était d'un caractère anormal. D... était déjà, à l'âge de treize ans, hanté par l'idée qu'il deviendrait fou. À l'âge de quatorze ans, il fit une tentative de suicide.

      Plus tard, vagabondage; comme soldat, fréquents actes d'insubordination et folies.

      Il était d'une intelligence bornée, ne présentait aucun symptôme de dégénérescence, avait les parties génitales normales, et eut, à l'âge de dix-sept ou dix-huit ans, des écoulements de sperme. Il ne s'est jamais masturbé, n'a jamais eu de sentiments sexuels et n'a jamais désiré avoir des rapports avec les femmes.

      Observation 4.—P..., trente-six ans, journalier, a été reçu au commencement du mois de novembre dans ma clinique pour une paralysie spinale spasmodique. Il prétend être issu d'une famille bien portante. Depuis l'enfance il est bègue. Le crâne est microcéphale. Le malade est un peu niais. Il n'a jamais été sociable et n'a jamais eu de penchants sexuels. L'aspect d'une femme ne lui dit rien. Jamais il ne s'est manifesté chez lui de penchant pour la masturbation. Il a des érections fréquentes, mais seulement le matin, à l'heure du réveil, lorsque la vessie est pleine; il n'y a pas trace d'excitation sexuelle. Les pollutions chez lui sont très rares pendant son sommeil, environ une fois par an, et alors il rêve qu'il a affaire à des femmes. Mais ces rêves n'ont pas un caractère érotique bien net. Il prétend ne pas éprouver de sensation de volupté proprement dite au moment de la pollution. Il affirme que son frère, âgé de trente-quatre ans, est, au point de vue sexuel, constitué comme lui; quant à sa sœur, il la croit dans le même cas. Un frère cadet, dit-il, est d'une sexualité normale. L'examen des parties génitales du malade n'a pas permis de constater aucune anomalie, sauf un phimosis.

      Hammond (Impuissance sexuelle, Berlin, 1889), ne peut citer parmi ses nombreuses observations que les trois cas suivants d'anæsthesia sexualis:

      Observation 5.—W..., trente-trois ans, vigoureux, bien portant, avec des parties génitales normales, n'a jamais éprouvé de libido et a en vain essayé d'éveiller son sens sexuel absent par des lectures obscènes et des relations avec des mérétrices.

      Ces tentatives ne lui causaient qu'un dégoût allant jusqu'à la nausée, de l'épuisement nerveux et physique; et même, lorsqu'il força la situation, il ne put qu'une seule fois arriver à une érection bien passagère. W... ne s'est jamais masturbé; depuis l'âge de dix-sept ans, il a eu une pollution tous les deux mois. Des intérêts importants exigeaient qu'il se mariât. Il n'avait pas l'horror feminæ, désirait vivement avoir un foyer et une femme, mais il se sentait incapable d'accomplir l'acte sexuel, et il est mort célibataire pendant la guerre civile de l'Amérique du Nord.

      Observation 6.—X..., vingt-sept ans, avec des parties génitales normales, n'a jamais éprouvé de libido. L'érection ne peut avoir lieu par des excitations mécaniques ni par la chaleur; mais, au lieu du libido, il se produit alors chez lui un penchant aux excès alcooliques. Par contre, ces derniers provoquaient des érections spontanées et, dans ces moments, il se masturbait parfois. Il avait de l'aversion pour les femmes et le coït lui causait du dégoût.

      S'il en essayait lorsqu'il était en érection, celle-ci cessait immédiatement. Il est mort dans le coma, par suite d'un accès d'hyperhémie du cerveau.

      Observation 7.—Mme O..., d'une constitution normale, bien portante, bien réglée, âgée de trente-cinq ans, mariée depuis quinze ans, n'a jamais éprouvé de libido, et n'a jamais ressenti de sensation érotique dans le commerce sexuel avec son mari. Elle n'avait pas d'aversion pour le coït, et il paraît que parfois elle le trouvait agréable, mais elle n'avait jamais le désir de répéter la cohabitation.

      À côté de ces cas de pure anesthésie, nous devons rappeler aussi ceux où, comme dans les précédents, le côté psychique de la vita sexualis présente une page blanche dans la biographie de l'individu, mais où de temps en temps des sentiments sexuels rudimentaires se manifestent au moins par la masturbation. (Comparez le cas transitoire, observation 6.) D'après la subdivision établie par Magnan, classification intelligente mais non rigoureusement exacte et d'ailleurs trop dogmatique, la vie sexuelle serait, dans ce cas, limitée dans la zone spinale. Il est possible que, dans certains de ces cas, il existe néanmoins virtuellement un coté psychique de la vita sexualis, mais il a des bases faibles et se perd par la masturbation avant de pouvoir prendre racine pour se développer ultérieurement.

      Ainsi s'expliqueraient les cas intermédiaires entre l'anesthésie sexuelle (psychique) congénitale et l'anesthésie acquise. Celle-ci menace nombre de masturbateurs tarés. Au point de vue psychologique, il est intéressant de constater que, lorsque la vie sexuelle se dessèche trop vite, il se produit aussi une défectuosité éthique.

      Comme exemples remarquables, citons les deux faits suivants que j'ai déjà cités autrefois dans l'Archiv für Psychiatrie:

      Observation 8.—F... J..., dix-neuf ans, étudiant, est né d'une mère nerveuse dont la sœur était épileptique. À l'âge de quatre ans, affection aiguë du cerveau qui a duré quinze jours. Enfant, il n'avait pas de cœur; froid pour ses parents; comme élève, il était étrange, renfermé, s'isolait, toujours cherchant et lisant. Bien doué pour l'étude. À partir de l'âge de quinze ans, il s'est livré à la masturbation. Depuis sa puberté, il a un caractère excentrique, hésite continuellement entre l'enthousiasme religieux et le matérialisme, étudie la théologie et les sciences naturelles. À l'Université, ses camarades le considéraient comme un toqué. Il lisait alors exclusivement Jean-Paul et faisait l'école buissonnière. Manque absolu de sentiments sexuels pour l'autre sexe. S'est laissé une fois entraîner au coït, mais n'y a éprouvé aucun plaisir sexuel, a trouvé que le coït est une ineptie et n'a jamais essayé d'y revenir. Sans aucun motif sérieux, l'idée de suicide lui est venue souvent; il en a fait le sujet d'une thèse philosophique dans laquelle il déclare que le suicide ainsi que la masturbation sont des actes très utiles. Après des études préliminaires répétées sur l'effet des poisons qu'il essayait sur lui-même, il a tenté de se suicider avec 57 grammes d'opium; mais il guérit et on le transporta dans un asile d'aliénés.

      Le malade est dépourvu de tout sentiment moral et social. Ses écrits dénotent une banalité et une frivolité incroyables. Il possède de vastes connaissances, mais sa logique est tout à fait étrange et biscornue. Il n'y a pas trace de sentiments affectifs.

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