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quand on voit qu'ils allaient chercher l'or dans la Colchide, pays classique de ce précieux métal, et, envoyés par Salomon, parcourir la mystérieuse région d'Ophir, qui est selon toute probabilité la ville de Saphar de l'Arabie heureuse, d'où ils rapportèrent de l'or, de l'argent, des dents d'éléphants, des singes, des paons, du bois de sandal et des pierres précieuses[1]. Ils tiraient aussi de l'or des îles de la Grèce et de toute l'Ibérie, mais particulièrement de la Turdétanie. L'argent, plus rare que l'or dans l'antiquité, était recueilli par eux en Colchide, en Bactriane, en Grèce, en Sardaigne et en Espagne (à Tartessus et à Gadès). Le cratère d'argent, «le plus beau de tous ceux qui existent sur la terre», au dire d'Homère[2], gagné par Ulysse pour prix de la course, avait été apporté de Sidon sur un vaisseau phénicien. Le commerce de l'ambre jaune (electrum) que l'on tira d'abord de la Chersonèse cimbrique, et plus tard des rivages de la mer Baltique, doit son premier essor à la hardiesse et à la persévérance des Phéniciens. Parmi les autres matières qu'ils transportaient il faut encore citer l'étain, tiré des îles Cassitérides (îles Britanniques), les aromates, les parfums, la pourpre, l'ivoire, les bois de luxe, les gommes, les pierreries, etc... On voit par ce rapide aperçu, combien la navigation était florissante et étendue chez les Phéniciens. Ils furent les intermédiaires les plus actifs des relations qui s'établirent entre les peuples depuis l'Océan Indien jusqu'aux contrées occidentales et septentrionales de l'ancien continent. Ils contribuèrent, dit avec raison Humboldt, plus que toutes les autres races qui peuplèrent les bords de la Méditerranée, à la circulation des idées, à la richesse et à la variété des vues dont le monde fut l'objet[3].

      Ils se servaient des mesures et des poids employés à Babylone, et de plus, ils connaissaient, pour faciliter les transactions, l'usage des monnaies frappées. Mais ce qui contribua le plus à étendre leur influence, ce fut le soin qu'ils prirent de communiquer et de répandre partout l'écriture alphabétique.

      L'alphabet phénicien a été l'expression définitive de l'écriture. Du pays de Chanaan il s'est répandu dans tous les sens, et de là sont sorties toutes les écritures à l'exception du zend, d'origine cunéiforme, et de l'écriture coréenne, d'origine chinoise.

      Les Phéniciens et les Égyptiens avaient beaucoup de relations commerciales entre eux: un des ports de Tyr s'appelait le port égyptien, et, c'est en présence des inconvénients que présentait l'écriture égyptienne avec ses idéographismes et ses homophonismes, que les Phéniciens, peuple pratique et négociant par excellence, furent conduits à chercher un perfectionnement de l'écriture dans sa simplification, en la réduisant à une pure peinture des sons au moyen de signes invariables, un pour chaque articulation. Les relations des Phéniciens avec les Égyptiens remontent à une époque très reculée, car dans les monuments les plus anciens, on voit que l'écriture phénicienne était déjà parfaite. C'est ce que l'on peut remarquer sur deux papyrus antérieurs aux pasteurs hycsos, le papyrus Prisse et le papyrus de Berlin, sur le sarcophage d'un roi de Sidon rapporté par le duc de Luynes, sur des inscriptions de Scyra et de Malte, et enfin sur des scarabées et des bijoux.

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