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écumeurs de mer, par les jurisconsultes. Nous voyons dans Homère que l'on demandait ingénument aux voyageurs inconnus, abordant sur quelque côte, s'ils étaient marchands ou pirates. Thucydide, le grave historien, nous fournira d'abondantes preuves que les Grecs se livraient à la piraterie aussi bien que les barbares. C'était une profession avouée.

      La plus grande préoccupation des tribus primitives fut de se procurer les premiers besoins de la vie. Les productions alimentaires du sol durent être épuisées rapidement chez des peuplades qui ne connaissaient pas encore l'agriculture. Aussi vécurent-elles bientôt de la chasse, qui amena un redoutable fléau après elle, la guerre. Les plus forts poussèrent au loin les plus faibles. L'épuisement du sol, la destruction des animaux, la guerre enfin déterminèrent des émigrations qui se répandirent dans tous les sens, les unes s'arrêtant non loin des pays qu'elles avaient quittés ou dont elles étaient chassées, et les autres franchissant l'espace et marchant résolument à la découverte, poussées par cet instinct puissant de l'homme qui le porte en avant et lui fait espérer de toucher à une terre promise au delà de lointains horizons. C'est ainsi que des tribus arrivèrent jusqu'à la mer. Devant cette barrière qui dut leur paraître infranchissable, elles s'arrêtèrent. Je m'imagine grande et profonde l'impression que ressentit l'homme à la vue de cet espace sans limite, l'infini pour lui, et quelle dut être sa terreur lorsque, pour la première fois, la tempête souleva les flots et fit retentir sa grande voix! La mer devint une divinité. L'énergie et le courage de ces peuplades furent largement récompensés. La mer était une nourricière inépuisable, des myriades de poissons foisonnaient sur les côtes. L'homme mit à profit les connaissances de la pêche qu'il avait pratiquée déjà sur les rives des fleuves, et il ne tarda pas à se procurer une alimentation délicate et abondante. Aussi j'incline à penser que c'est sur le littoral que la civilisation fit le plus de progrès. La vue de la mer excite l'intelligence précisément parce que c'est là que la nature paraît surtout grande et l'obstacle difficile à surmonter. En ce qui concerne le bassin de la Méditerranée, il est impossible de ne pas sentir combien cette mer dut tenter les premiers hommes établis sur les côtes de l'Asie ou de l'Afrique. Des pentes du Liban, ce sont les roches éclatantes de Chypre qui resplendissent aux yeux; des côtes de l'Asie Mineure, c'est Rhodes, Cos, Samos, Chios, Lesbos, Lemnos, et autres îles de la mer Égée, scintillant comme des diamants sur un fond d'azur.

      La navigation remonte à la plus haute antiquité. Les plus anciens auteurs ne donnent à ce sujet, au lieu de faits précis, que des fables et des légendes. «Des ouragans, dit Sanchoniaton (qui vivait en Phénicie 1200 ou 2000 ans avant Jésus-Christ), fondant tout à coup sur la forêt de Tyr, plusieurs arbres frappés de la foudre prirent feu, et la flamme dévora bientôt ces grands bois; dans ce trouble, Osoüs prit un tronc d'arbre, débris de l'incendie, puis l'ayant ébranché, s'y cramponna, et osa le premier s'aventurer sur la mer.» Sanchoniaton raconte encore comment se perfectionna cet instrument élémentaire de navigation en s'élevant peu à peu au rang de radeau, lequel aurait eu pour inventeur Chrysor, divinisé sous le nom de Vulcain. L'arche de Noé, construite non pour voguer, mais seulement pour flotter, peut être considérée comme le plus ancien navire connu. Presque tous les peuples faisant mention d'un déluge, et citant parmi leurs personnages mythologiques les héros qui ont échappé à la catastrophe en montant sur des vaisseaux, on peut en conclure que la navigation existait avant l'époque où ces grands phénomènes se sont produits.

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