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père de son enfant qui tient le premier rang; l'homme, comme époux, ne vient qu'après. Dans le choix d'un époux, la femme est déterminée plutôt par les qualités intellectuelles que par les qualités physiques. Après être devenue mère, elle partage son amour entre l'enfant et l'époux. Devant l'amour maternel, la sensualité s'éclipse. Aussi, dans les rapports conjugaux qui suivent sa maternité, la femme voit plutôt une marque d'affection de l'époux qu'une satisfaction des sens.

      La femme aime de toute son âme. Pour la femme, l'amour c'est la vie; pour l'homme, c'est le plaisir de la vie. L'amour malheureux blesse l'homme; pour la femme, c'est la mort ou au moins la perte du bonheur de la vie. Une thèse psychologique digne d'être étudiée, ce serait de savoir si une femme peut, dans son existence, aimer deux fois d'un amour sincère et profond. Dans tous les cas, la femme est plutôt monogame, tandis que l'homme penche vers la polygamie.

      La puissance des désirs sexuels constitue la faiblesse de l'homme vis-à-vis de la femme. Il dépend d'autant plus de la femme qu'il est plus faible et plus sensuel. Sa sensualité s'accroît avec son nervosisme. Ainsi s'explique ce fait que, dans les périodes d'amollissement et de plaisirs, la sensualité s'accroît d'une façon formidable. Mais alors la société court le danger de voir l'État gouverné par des femmes et entraîné à une ruine complète (le règne des maîtresses à la cour de Louis XIV et Louis XV; les hétaïres de la Grèce dans l'antiquité). La biographie de bien des hommes d'État anciens et modernes nous montre qu'ils étaient esclaves des femmes par suite de leur grande sensualité, sensualité due à leur constitution névropathique.

      L'Église catholique a fait preuve d'une subtile connaissance de la psychologie humaine, en astreignant ses prêtres à la chasteté et au célibat; elle a voulu, par ce moyen, les émanciper de la sensualité pour qu'ils puissent se consacrer entièrement à leur mission.

      Malheureusement le prêtre qui vit dans le célibat est privé de cet effet ennoblissant que l'amour et, par suite, le mariage, produisent sur le développement du caractère.

      Comme la nature a attribué à l'homme le rôle de provocateur dans la vie sexuelle, il court le risque de transgresser les limites tracées par la loi et les mœurs.

      L'adultère chez la femme est, au point de vue moral, plus grave et devrait être jugé devant la loi plus sévèrement que l'adultère commis par l'homme. La femme adultère comble son propre déshonneur par celui de l'époux et de la famille, sans tenir compte de la maxime: Pater incertus. L'instinct naturel et sa position sociale font facilement fauter l'homme, tandis que la femme est protégée par bien des choses. Même les rapports sexuels de la femme non mariée doivent être jugés autrement que ceux de l'homme célibataire. La société exige de l'homme célibataire de bonnes mœurs; de la femme, la chasteté. Avec la civilisation et la vie sociale de nos temps la femme ne peut servir, au point de vue sexuel, les intérêts sociaux et moraux qu'en tant qu'elle est épouse.

      Le but et l'idéal de la femme, même de celle qui est tombée dans la fange et dans le vice, est et sera toujours le mariage. La femme, comme le dit fort justement Mantegazza, ne demande pas seulement à satisfaire son instinct sexuel, mais elle recherche aussi protection et aide pour elle et pour ses enfants. L'homme animé de bons sentiments, fût-il des plus sensuels, recherche pour épouse une femme qui a été chaste et qui l'est encore. Dans ses aspirations vers l'unique but digne d'elle, la femme se sert de la pudeur, cuirasse et ornement de l'être féminin. Mantegazza dit avec beaucoup de finesse que «c'est une des formes physiques de l'estime de soi-même chez la femme».

      L'étude anthropologique et historique du développement de ce plus bel ornement de la femme n'entre pas dans le cadre de notre sujet. Il est probable que la pudeur féminine est un produit de la civilisation perpétué par l'atavisme.

      Ce qui forme un contraste bien curieux avec elle, c'est l'étalage occasionnel des charmes physiques, sanctionné par la loi de la mode et la convention sociale, et auquel la vierge, même la plus chaste, se prête dans les soirées de bal. Les mobiles qui président à cette exhibition se comprennent. Heureusement la fille chaste ne s'en rend pas compte, de même qu'elle ne comprend pas les raisons de certaines modes qui reviennent périodiquement et qui ont pour but de faire mieux ressortir certaines parties plastiques du corps, comme les fesses, sans parler du corsage, etc.

      De tout temps et chez tous les peuples, le monde féminin a manifesté de la tendance à se parer et à mettre en évidence ses charmes. Dans le monde des animaux la nature a distingué le mâle par une plus grande beauté. Les hommes, au contraire, désignent les femmes sous le nom de beau sexe. Évidemment cette galanterie est le produit de la sensualité masculine. Tant que les femmes s'attifent uniquement dans le but d'être parées, tant qu'elles ne se rendent pas clairement compte de la cause physiologique de ce désir de plaire, il n'y a rien à redire. Aussitôt qu'elles le font en pleine connaissance de cause, cette tendance dégénère en manie de plaire.

      L'homme qui a la manie de s'attifer, se rend ridicule toujours. Chez la femme on est habitué à cette petite faiblesse, on n'y trouve rien de répréhensible tant qu'elle n'est pas l'accessoire d'une tendance pour laquelle les Français ont trouvé le mot de coquetterie.

      En fait de psychologie naturelle de l'amour, les femmes sont de beaucoup supérieures aux hommes. Elles doivent cette supériorité soit à l'hérédité, soit à l'éducation, le domaine de l'amour étant leur élément particulier; mais elles la doivent aussi à leur plus grand degré d'intuition (Mantegazza).

      Même quand l'homme est arrivé au faîte de la civilisation, on ne peut pas lui faire un reproche de voir dans la femme avant tout un objet de satisfaction pour son instinct naturel. Mais il lui incombe l'obligation de n'appartenir qu'à la femme de son choix. Dans les États civilisés il en résulte un traité normal et obligatoire, le mariage; et, comme la femme a besoin de protection et d'aide pour elle et ses enfants, il en résulte un code matrimonial.

      En vue de certains phénomènes pathologiques que nous traiterons plus tard, il est nécessaire d'étudier les processus psychologiques qui rapprochent un homme et une femme, les attachent l'un à l'autre au point que, parmi tous les individus d'un même sexe, seuls tel ou telle paraissent désirables.

      Si l'on pouvait démontrer que les procédés de la nature sont dirigés vers un but déterminé,—leur utilité ne saurait être niée,—cette sorte de fascination par un seul individu du sexe opposé, avec de l'indifférence pour tous les autres individus de ce même sexe, fait qui existe réellement chez les amoureux vraiment heureux, paraîtrait comme une admirable disposition de la création pour assurer les unions monogames qui seules peuvent servir le but de la nature.

      Quand on analyse scientifiquement cette flamme amoureuse, cette «harmonie des âmes», cette «union des cœurs», elle ne se présente nullement comme «un mystère des âmes»; dans la plupart des cas on peut la ramener à certaines qualités physiques, parfois morales, au moyen desquelles la personne aimée exerce sa force d'attraction.

      À consulter: Max Müller, qui fait dériver le mot «fétiche» étymologiquement du mot factitius (factice, chose insignifiante).

      Quand la personne qui est dans cet état d'esprit, pousse l'appréciation individuelle du fétiche jusqu'à l'exaltation, un cas de fétichisme se produit. Ce phénomène, très intéressant au point de vue psychologique, peut s'expliquer par une loi d'association empirique: le rapport qui existe entre une représentation fractionnelle et une représentation

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