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La raison nous ordonnerait d'éviter l'amour, si nous n'étions pas poussés par notre fatal instinct sexuel. Le meilleur parti à prendre serait donc de se faire châtrer.» La même opinion, moins la conclusion, se trouve aussi exprimée dans l'ouvrage de Schopenhauer: Le Monde comme Volonté et Imagination, t. II, p. 586.

      L'auteur n'a nullement l'intention d'apporter des matériaux pour élever l'édifice d'une psychologie de la vie sexuelle, bien que la psycho-pathologie puisse à la vérité être une source de renseignements importants pour la psychologie.

      Le but de ce traité est de faire connaître les symptômes psycho-pathologiques de la vie sexuelle, de les ramener à leur origine et de déduire les lois de leur développement et de leurs causes. Cette tâche est bien difficile et, malgré ma longue expérience d'aliéniste et de médecin légiste, je comprends que je ne pourrai donner qu'un travail incomplet.

      Cette question a une haute importance: elle est d'utilité publique et intéresse particulièrement la magistrature. Il est donc nécessaire de la soumettre à un examen scientifique.

      Seul le médecin légiste qui a été souvent appelé à donner son avis sur des êtres humains dont la vie, la liberté et l'honneur étaient en jeu, et qui, dans ces circonstances, a dû, avec un vif regret, se rendre compte de l'insuffisance de nos connaissances pathologiques, pourra apprécier le mérite et l'importance d'un essai dont le but est simplement de servir de guide pour les cas incertains.

      Chaque fois qu'il s'agit de délits sexuels, on se trouve en présence des opinions les plus erronées et l'on prononce des verdicts déplorables; les lois pénales et l'opinion publique elles-mêmes portent l'empreinte de ces erreurs.

      Quand on fait de la psycho-pathologie de la vie sexuelle l'objet d'une étude scientifique, on se trouve en présence d'un des côtés sombres de la vie et de la misère humaine; et, dans ces ténèbres, l'image divine créée par l'imagination des poètes, se change en un horrible masque. À cette vue on serait tenté de désespérer de la moralité et de la beauté de la créature faite «à l'image de Dieu».

      C'est là le triste privilège de la médecine et surtout de la psychiatrie d'être obligée de ne voir que le revers de la vie: la faiblesse et la misère humaines.

      Dans sa lourde tâche elle trouve cependant une consolation: elle montre que des dispositions maladives ont donné naissance à tous les faits qui pourraient offenser le sens moral et esthétique; et il y a là de quoi rassurer les moralistes. De plus, elle sauve l'honneur de l'humanité devant le jugement de la morale et l'honneur des individus traduits devant la justice et l'opinion publique. Enfin, en s'adonnant à ces recherches, elle n'accomplit qu'un devoir: rechercher la vérité, but suprême de toutes les sciences humaines.

      L'auteur se rallie entièrement aux paroles de Tardieu (Des attentats aux mœurs): «Aucune misère physique ou morale, aucune plaie, quelque corrompue qu'elle soit, ne doit effrayer celui qui s'est voué à la science de l'homme, et le ministère sacré du médecin, en l'obligeant à tout voir, lui permet aussi de tout dire.»

      Les pages qui vont suivre, s'adressent aux hommes qui tiennent à faire des études approfondies sur les sciences naturelles ou la jurisprudence. Afin de ne pas inciter les profanes à la lecture de cet ouvrage, l'auteur lui a donné un titre compréhensible seulement des savants, et il a cru devoir se servir autant que possible de termes techniques. En outre, il a trouvé bon de n'exprimer qu'en latin certains passages qui auraient été trop choquants si on les avait écrits en langue vulgaire.

      Puisse cet essai éclairer le médecin et les hommes de loi sur une fonction importante de la vie. Puisse-t-il trouver un accueil bienveillant et combler une lacune dans la littérature scientifique où, sauf quelques articles et quelques discussions casuistiques, on ne possède jusqu'ici que les ouvrages incomplets de Moreau et de Tarnowsky.

       Table des matières

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      L'instinct sexuel comme base des sentiments éthiques.—L'amour comme passion.—La vie sexuelle aux diverses époques de la civilisation.—La pudeur.—Le Christianisme.—La monogamie.—La situation de la femme dans l'Islam.—Sensualité et moralité.—La vie sexuelle se moralise avec les progrès de la civilisation.—Périodes de décadence morale dans la vie des peuples.—Le développement des sentiments sexuels chez l'individu.—La puberté.—Sensualité et extase religieuse.—Rapports entre la vie sexuelle et la vie religieuse.—La sensualité et l'art.—Caractère idéaliste du premier amour.—Le véritable amour.—La sentimentalité.—L'amour platonique.—L'amour et l'amitié.—Différence entre l'amour de l'homme et celui de la femme.—Célibat.—Adultère.—Mariage.—Coquetterie.—Le fétichisme physiologique.—Fétichisme religieux et érotique.—Les cheveux, les mains, les pieds de la femme comme fétiches.—L'œil, les odeurs, la voix, les caractères psychiques comme fétiches.

      La perpétuité de la race humaine ne dépend ni du hasard ni du caprice des individus: elle est garantie par un instinct naturel tout-puissant, qui demande impérieusement à être satisfait. La satisfaction de ce besoin naturel ne procure pas seulement une jouissance des sens et une source de bien-être physique, mais aussi une satisfaction plus élevée: celle de perpétuer notre existence passagère en léguant nos qualités physiques et intellectuelles à de nouveaux êtres. Avec l'amour physiologique, dans cette poussée de volupté à assouvir son instinct, l'homme est au même niveau que la bête; mais il peut s'élever à un degré où l'instinct naturel ne fait plus de lui un esclave sans volonté, où les passions, malgré leur origine sensuelle, font naître en lui des sentiments plus élevés et plus nobles, et lui ouvrent un monde de sublime beauté morale.

      Deutsche Klinik, 1873, 2, 3.

      En tout cas la vie sexuelle est le facteur le plus puissant de l'existence individuelle et sociale, l'impulsion la plus forte pour le déploiement des forces, l'acquisition de la propriété, la fondation d'un foyer, l'inspiration des sentiments altruistes qui se manifestent d'abord pour une personne de l'autre sexe, ensuite pour les enfants et qui enfin s'étendent à toute la société humaine. Ainsi toute l'éthique et peut-être en grande partie l'esthétique et la religion sont

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