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opinions de l'Église ont produit leur effet sur les peuples qui ont embrassé le christianisme. À la suite de leur conversion au christianisme, les Germains ont réduit la taxe de guerre des femmes, évaluation naïve de la valeur de la femme. (J. Falke, Die ritterliche Gesellschaft. Berlin, 1863, p. 49.—Uber die schützung beider Geschlechter bei den Juden s. Mosis, 27, 3-4.)

      La polygamie, reconnue légitime par l'Ancien Testament (Deutéronome, 21-15), n'est pas interdite par le Nouveau. En effet, des souverains chrétiens (des rois mérovingiens, comme Chlotaire 1er, Charibert 1er, Pépin 1er et beaucoup de Francs nobles) ont été polygames. À cette époque, l'Église n'y trouvait rien à redire. (Weinhold, Die deutchen Frauen im mittelalter, II, p. 15. Voy. aussi: Unger: Die Ehe, et l'ouvrage de Louis Bridel: La Femme et le Droit, Paris, 1884.)

      Ainsi on a admis ce fait que l'amour de l'homme, au fur et à mesure que marche la civilisation, ne peut avoir qu'un caractère monogame et doit se baser sur un traité durable. La nature peut se borner à exiger la perpétuité de la race; mais une communauté, soit famille, soit État, ne peut exister sans garanties pour la prospérité physique, morale et intellectuelle des enfants procréés. En faisant de la femme l'égale de l'homme, en instituant le mariage monogame et en le consolidant par des liens juridiques, religieux et moraux, les peuples chrétiens ont acquis une supériorité matérielle et intellectuelle sur les peuples polygames et particulièrement sur les partisans de l'Islam.

      Bien que Mahomet ait eu l'intention de donner à la femme comme épouse et membre de la société, une position plus élevée que celle d'esclave et d'instrument de plaisir, elle est restée, dans le monde de l'Islam, bien au-dessous de l'homme, qui seul peut demander le divorce et qui l'obtient facilement.

      En tout cas, l'Islam a exclu la femme de toute participation aux affaires publiques et, par là, il a empêché son développement intellectuel et moral. Aussi, la femme musulmane est restée un instrument pour satisfaire les sens et perpétuer la race, tandis que les vertus de la femme chrétienne, comme maîtresse de maison, éducatrice des enfants et compagne de l'homme, ont pu se développer dans toute leur splendeur. L'Islam, avec sa polygamie et sa vie de sérail, forme un contraste frappant en face de la monogamie et de la vie de famille du monde chrétien. Ce contraste se manifeste aussi dans la manière dont les deux cultes envisagent la vie d'outre-tombe. Les croyants chrétiens rêvent un paradis exempt de toute sensualité terrestre et ne promettant que des délices toutes spirituelles; l'imagination du musulman rêve d'une existence voluptueuse dans un harem peuplé de superbes houris.

      Malgré tout ce que la religion, l'éducation et les mœurs peuvent faire pour dompter les passions sensuelles, l'homme civilisé est toujours exposé au danger d'être précipité de la hauteur de l'amour chaste et moral dans la fange de la volupté brutale.

      Pour se maintenir à cette hauteur-là, il faut une lutte sans trêve entre l'instinct et les bonnes mœurs, entre la sensualité et la moralité. Il n'est donné qu'aux caractères doués d'une grande force de volonté de s'émanciper complètement de la sensualité et de goûter cet amour pur qui est la source des plus nobles plaisirs de l'existence humaine.

      L'humanité est-elle devenue plus morale au cours de ces derniers siècles? Voilà une question sujette à discussion. Dans tous les cas elle est devenue plus pudique, et cet effet de la civilisation qui consiste à cacher les besoins sensuels et brutaux, est du moins une concession faite par le vice à la vertu.

      En lisant l'ouvrage de Scherr (Histoire de la civilisation allemande), chacun recueillera l'impression que nos idées de moralité se sont épurées en comparaison de celles du moyen âge; mais il faudra bien admettre que la grossièreté et l'indécence de cette époque ont fait place à des mœurs plus décentes sans qu'il y ait plus de moralité.

      Si cependant on compare des époques plus éloignées l'une de l'autre, on constatera sûrement que, malgré des décadences périodiques, la moralité publique a fait des progrès à mesure que la civilisation s'est développée, et que le christianisme a été un des moyens les plus puissants pour amener la société sur la voie des bonnes mœurs.

      Nous sommes aujourd'hui bien loin de cet âge où la vie sexuelle se manifestait dans l'idolâtrie sodomite, dans la vie populaire, dans la législation, et dans la pratique du culte des anciens Grecs, sans parler du culte du Phallus et de Priape chez les Athéniens et les Babyloniens, ni des Bacchanales de l'antique Rome, ni de la situation privilégiée que les hétaïres ont occupée chez ces peuples.

      Dans ce développement lent et souvent imperceptible de la moralité et des bonnes mœurs, il y a quelquefois des secousses et des fluctuations, de même que dans l'existence individuelle la vie sexuelle a son flux et son reflux.

      Voy. Friedlander: Sittengeschichte Roms; Wiedmeister: Cæsarenwahnsinn; Suétone; Moreau: Des aberrations du sens génésique.

      Cette assertion est en contradiction avec les constatations de Lombroso et de Friedreich. Ce dernier, notamment, prétend que la pédérastie est très fréquente chez les sauvages de l'Amérique. (Hdb. der Gerichtsärztl. Praxis, 1843, I, p. 271.)

      L'étude de la vie sexuelle de l'individu doit commencer au moment du développement de la puberté et le suivre à travers toutes ses phases, jusqu'à l'extinction du sens sexuel.

      Mantegazza, dans son livre: Physiologie de l'Amour, fait une belle description de la langueur et des désirs qui se manifestent à l'éveil de la vie sexuelle, de ces pressentiments, de ces sentiments vagues dont l'origine remonte à une époque bien antérieure au développement de la puberté. Cette période est peut-être la plus importante au point de vue psychologique. Le nombre de nouvelles idées et de nouveaux sentiments qu'elle fait naître nous permet déjà de juger de l'importance que l'élément sexuel exerce sur la vie psychique.

      Ces désirs d'abord obscurs et incompris, naissent de sensations que des organes qui viennent de se développer ont éveillées; ils produisent en même temps une vive agitation dans le monde des sentiments.

      La réaction psychologique de la vie sexuelle se manifeste dans la période de la puberté par des phénomènes multiples, mais tous mettent l'âme dans un état passionnel et tous éveillent le désir ardent d'exprimer sous une forme quelconque cet état d'âme étrange, de l'objectiver pour ainsi dire.

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