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aussi le danger de la faire dégénérer en passion puissante et de donner naissance aux plus grands vices.

      L'amour, en tant que passion déchaînée, ressemble à un volcan qui brûle tout et consomme tout; c'est un gouffre qui ensevelit l'honneur, la fortune et la santé.

      Voy. Lombroso: L'Homme criminel.

      Voy. Ploss: Das Weib., 1884, p. 196 et suiv.

      On peut constater encore aujourd'hui cet état primitif chez beaucoup de peuples sauvages tels que les Australiens, les Polynésiens et les Malais des Philippines.

      La femme est le bien commun des hommes, la proie temporaire du plus fort, du plus puissant. Celui-ci recherche les plus beaux individus de l'autre sexe et par là il fait instinctivement une sorte de sélection de la race.

      La femme est une propriété mobilière, une marchandise, objet de vente, d'échange, de don, tantôt instrument de plaisir, tantôt instrument de travail.

      Le relèvement moral de la vie sexuelle commence aussitôt que la pudeur entre dans les mœurs, que la manifestation et l'accomplissement de la sexualité se cachent devant la société, et qu'il y a plus de retenue dans les rapports entre les deux sexes. C'est de là qu'est venue l'habitude de se couvrir les parties génitales—«ils se sont aperçu qu'ils étaient nus»—et de faire en secret l'acte sexuel.

      Voy. l'ouvrage si intéressant et si riche en documents anthropologiques de Westermark: The history of human mariage. «Ce n'est pas, dit Westermark, le sentiment de la pudeur qui a fait naître l'habitude de se couvrir le corps, mais c'est le vêtement qui a produit le sentiment de la pudeur.» L'habitude de se couvrir les parties génitales est due au désir qu'ont les femmes et les hommes de se rendre mutuellement plus attrayants.

      Un autre résultat du développement psychique de la vie sexuelle, c'est que la femme cesse d'être une propriété mobilière. Elle devient une personne, et, bien que pendant longtemps encore sa position sociale soit de beaucoup inférieure à celle de l'homme, l'idée que la femme a le droit de disposer de sa personne et de ses faveurs, commence à être adoptée et gagne sans cesse du terrain.

      Alors la femme devient l'objet des sollicitations de l'homme. Au sentiment brutal du besoin sexuel se joignent déjà des sentiments éthiques. L'instinct se spiritualise, s'idéalise. La communauté des femmes cesse d'exister. Les individus des deux sexes se sentent attirés l'un vers l'autre par des qualités physiques et intellectuelles, et seuls deux individus sympathiques s'accordent mutuellement leurs faveurs. Arrivée à ce degré, la femme sent que ses charmes ne doivent appartenir qu'à l'homme qu'elle aime; elle a donc tout intérêt à les cacher aux autres. Ainsi, avec la pudeur apparaissent les premiers principes de la chasteté et de la fidélité conjugale, pendant la durée du pacte d'amour.

      La femme arrive plus tôt à ce niveau social, quand les hommes, abandonnant la vie nomade, se fixent à un endroit, créent pour la femme un foyer, une demeure. Alors, naît en même temps le besoin de trouver dans l'épouse une compagne pour le ménage, une maîtresse pour la maison.

      Parmi les peuples d'Orient les anciens Égyptiens, les Israélites et les Grecs, parmi les nations de l'Occident les Germains, ont atteint dans l'antiquité ce degré de civilisation. Aussi trouve-t-on chez eux l'appréciation de la virginité, de la chasteté, de la pudeur et de la fidélité conjugale, tandis que chez les autres peuples plus primitifs on offrait sa compagne à l'hôte pour qu'il en jouisse charnellement.

      La moralisation de la vie sexuelle indique déjà un degré supérieur de civilisation, car elle s'est produite beaucoup plus tard que beaucoup d'autres manifestations de notre développement intellectuel. Comme preuve, nous ne citerons que les Japonais chez qui l'on a l'habitude de n'épouser une femme qu'après qu'elle a vécu pendant des années dans les maisons de thé qui là-bas jouent le même rôle que les maisons de prostitution européennes. Chez les Japonais, on ne trouve pas du tout choquant que les femmes se montrent nues. Toute femme non mariée peut se prostituer sans perdre de sa valeur comme future épouse. Il en ressort que, chez ce peuple curieux, la femme, dans le mariage, n'est qu'un instrument de plaisir, de procréation et de travail, mais qu'elle ne représente aucune valeur éthique.

      Cette opinion, généralement adoptée et soutenue par beaucoup d'historiens, ne saurait être acceptée qu'avec certaines restrictions. C'est le Concile de Trente qui a proclamé nettement le caractère symbolique et sacramental du mariage, quoique, bien avant, l'esprit de la doctrine chrétienne eût affranchi et relevé la femme de la position inférieure qu'elle occupait dans l'antiquité et dans l'Ancien Testament.

      Cette tardive réhabilitation de la femme s'explique en partie par les traditions de la Genèse, d'après lesquelles la femme, faite de la côte de l'homme, n'était qu'une créature secondaire; et par le péché originel qui lui a attiré cette malédiction: «Que ta volonté soit soumise à celle de l'homme.» Comme le péché originel, dont l'Ancien Testament rend la femme responsable, constitue le fondement de la doctrine de l'Église, la position sociale de la femme a dû rester inférieure jusqu'au moment où l'esprit du christianisme l'a emporté sur la tradition et sur la scholastique. Un fait digne de remarque: les Évangiles, sauf la défense de répudiation (Math., 18, 9), ne contiennent aucun passage en faveur de la femme. L'indulgence envers la femme adultère et la Madeleine repentante ne touche en rien à la situation sociale de la femme. Par contre, les lettres de saint Paul insistent pour que rien ne soit changé dans la situation sociale de la femme. «Les femmes, dit-il, doivent être soumises à leurs maris; la femme doit craindre l'homme.» (Épîtres aux Corinthiens, 11, 3-12. Aux Éphésiens, 5, 22-23)

      Des passages de Tertullien nous montrent combien les Pères de l'Église étaient prévenus contre la race d'Ève: «Femme, dit Tertullien, tu devrais aller couverte de guenilles et en deuil; tes yeux devraient être remplis de larmes: tu as perdu le genre humain.»

      Saint Jérôme en veut particulièrement aux femmes. Il dit entre autres: «La femme est la porte de Satan, le chemin de l'injustice, l'aiguillon du scorpion» (De cultu feminarum, t. 1)

      Le droit canonique déclare: «Seul l'être masculin est créé selon l'image de Dieu et non la femme; voilà pourquoi la femme doit servir l'homme et être sa domestique.»

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