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      Le Service des chemins de fer avait pour missions, entre autres, d’assurer les transports de l’armée au moment de la mobilisation et de la concentration des troupes.176 Ces deux phases étaient totalement distinctes et elles pouvaient être séparées dans le temps par plusieurs jours ou semaines, la seconde ne commençant qu’au moment de la déclaration de guerre ou, éventuellement, lorsque le danger serait clairement identifié. L’emploi des chemins de fer au cours de la mobilisation proprement dite comprenait deux phases. Le premier jour, les trains devaient transporter les mobilisés jusqu’aux places de rassemblement de corps. Pour ce faire, les sociétés ferroviaires augmentaient le nombre de trains du début de la journée, tout en conservant les horaires habituels. Dans la nuit du premier au deuxième jour de mobilisation, à minuit, entrait en vigueur un horaire de guerre. Le premier horaire de guerre a été édité en 1889. Il a été retravaillé en 1896–1897 et réimprimé en 1897. Les différents documents remis aux cinq grandes compagnies de chemin de fer étaient conservés, de manière à pouvoir être appliqués selon les modalités prévues. Cet horaire de guerre réglait le transport des détachements de surveillance depuis les places de rassemblement de corps en direction de la frontière, le transport du matériel et le rassemblement des troupes dans le dispositif de mobilisation («Mobilmachungsaufstellung»).

      Au moment où la guerre était déclarée, le Service des chemins de fer devait assurer les transports des divisions et des corps d’armée depuis le dispositif de mobilisation jusqu’au dispositif de concentration. Ces opérations se faisaient jour et nuit, et les transports civils étaient interrompus sur les lignes employées. La réalisation des documents nécessaires représentait l’activité principale de la Section des chemins de fer du Bureau d’état-major. Au début, les horaires civils constituaient la base des travaux de planification. Après la mise au point d’un horaire de guerre, cette manière de procéder fut abandonnée et les documents furent basés sur ce dernier. Il s’agissait d’une première simplification du système, dans le sens où il n’était plus nécessaire de tout refaire à chaque changement des horaires civils. Une simplification ultérieure eut lieu en 1897, au moment de l’introduction d’un nouvel horaire de guerre: seuls les déplacements de troupes les plus urgents étaient entièrement préparés et les documents y relatifs imprimés.177 Les autres transports étaient préparés, mais de manière plus générale, les derniers préparatifs devant être achevés en temps opportun.

      

      Illustration 7: Transport des chevaux par wagon, d’après le règlement du 3 novembre 1885 sur les transports militaires par chemin de fer et bateaux à vapeur. Archives fédérales.

      L’introduction de l’ordonnance de 1901 découla de la volonté de simplifier l’organisation en vigueur.178 Au Service des étapes, le nombre des commandements d’étapes de réunion et celui des commandements d’étapes initiales fut réduit. Cette diminution commença vers 1898 et s’accentua dans les années qui suivirent. Alors qu’ils étaient respectivement de 6 et 26 dans l’ordonnance de 1892, les études et l’expérience montrèrent que 3 commandements d’étapes de réunion et 15 à 20 d’étapes initiales étaient suffisants. Le nouveau texte ne mentionnait toutefois aucun chiffre. On gardait ainsi toute liberté d’action dans ce domaine. Une autre simplification, qui apportait encore davantage de souplesse, fut la suppression de la plupart des lieux de siège des différents commandements.

      Toutefois, la raison la plus importante qui avait provoqué la refonte de l’ordonnance était la modification complète de l’organisation des chemins de fer helvétiques découlant du rachat de la majeure partie des compagnies privées par la Confédération. Le 28 février 1898, le peuple suisse avait approuvé par référendum la loi sur le rachat des chemins de fer. Par cette loi, les cinq grandes compagnies du pays – Compagnie du Central-Suisse, Chemins de fer du Nord-Est, Compagnie de l’Union-Suisse, Compagnie du Jura–Simplon (comprenant celle du Brunig) –, ainsi que diverses petites lignes étaient étatisées et les Chemins de fer fédéraux créés. L’organisation du Service des chemins de fer devait ainsi être totalement revue. La nouvelle résulta d’une collaboration entre le Bureau d’état-major et la nouvelle administration des CFF.

      L’unification des chemins de fer et la création d’une direction générale pour toute la Suisse simplifiait considérablement l’organisation du Service des chemins de fer. Il n’était en effet plus nécessaire de mettre en place un système centralisé chapeautant diverses compagnies indépendantes. Il suffisait de reprendre la nouvelle organisation civile et de la militariser tout en l’adaptant aux besoins spécifiques d’exploitation du temps de guerre. Le Bureau central et le chef du Service technique pouvaient être supprimés. Il en allait de même pour les cinq groupes correspondant aux cinq grandes compagnies de chemin de fer.

      Une organisation de surveillance de la frontière destinée à protéger la mobilisation de l’armée, organisée dès le temps de paix, a été mise en place avec la publication d’une ordonnance par le Conseil fédéral le 1er mars 1892.179 Jusqu’alors, deux conceptions avaient été envisagées successivement pour remplir cette mission. A partir de 1875, l’Etat-major général voulait employer des troupes de landwehr. Toutefois, aucun travail destiné à mettre en place une organisation quelconque ne fut réalisé. Le système de mobilisation postulait que les troupes allaient occuper directement un dispositif tactique et une protection n’était donc pas nécessaire. Après 1882, les nouvelles modalités de la mobilisation entraînèrent un changement dans le système de surveillance de la frontière. Cette mission fut confiée à des troupes de l’élite que venait renforcer des formations de la landwehr, une fois leur mobilisation terminée.

      La nouvelle organisation de 1892, approuvée provisoirement la même année par la Commission de défense nationale, engageait essentiellement des troupes appartenant aux divisions de l’élite. Elles devaient être mises sur pied le premier jour de la mobilisation et être envoyées rapidement sur la frontière. Le Bureau d’état-major instruisit verbalement les commandants des détachements de surveillance sur leurs missions. Ces derniers ont rédigé des ordres qui ont été approuvés par les commandants de corps d’armée. Ces détachements formaient, en quelque sorte, des avant-postes stratégiques pour les divisions en cours de mobilisation. Leurs commandants, les commandants des régiments ou des brigades dont étaient issues les troupes, étaient directement subordonnés aux commandants de division.

      L’organisation de surveillance de la frontière comprenait 12 détachements représentant au total 33 bataillons d’infanterie, 16 escadrons de cavalerie et 6 batteries d’artillerie. Le dispositif était le suivant:

      – 1er Détachement: St-Gingolph–col de Fenêtre de Bagne

      – 2e Détachement: frontières vaudoise et genevoise

      – 3e Détachement: frontière neuchâteloise

      – 4e Détachement: frontière bernoise

      – 5e Détachement: Klösterlein–embouchure de l’Aar

      – 6e Détachement: embouchure de l’Aar–Stein am Rhein

      – 7e Détachement: Stein am Rhein–Altenrhein

      – 8e Détachement: Altenrhein–Trübbach

      – 9e Détachement: frontière grisonne

      – 10e Détachement: frontière tessinoise

      – 10e Détachement bis: région de Bedretto

      – 11e Détachement: Cervin–Griespass

      Cette organisation présentait un défaut

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