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le trouver. Thjostolf y alla, et ils furent bientôt bons amis.

      Et voilà que les hommes arrivent à la noce. Halgerd était assise sur le banc de côté, et c'était une fiancée très-gaie. Thjostolf était toujours à parler avec elle. Par moments aussi il partait avec Svan; et les gens trouvaient cela singulier. La noce se passa bien. Höskuld compta la dot de sa fille, de la meilleure grâce du monde. Après cela il dit à Hrut: «Dois-je faire encore quelques cadeaux?» Hrut répondit: «Tu ne manqueras pas d'occasions de dissiper ton bien pour Halgerd. Restes-en là pour aujourd'hui.»

       Table des matières

      La noce finie, Thorvald retourna chez lui avec sa femme et Thjostolf. Thjostolf chevauchait à côté d'Halgerd, et ils étaient toujours à parler ensemble. Usvif se tourna vers son fils et lui dit: «Es-tu content de ce que tu as fait? Vous entendez-vous bien?»--«Très bien, dit Thorvald, elle est douce au possible avec moi; tu vois toi-même qu'elle rit à chaque mot.»--«Ce rire là ne me semble pas si bon qu'à toi, dit Usvif, mais nous verrons cela plus tard.» Ils continuèrent leur route jusqu'à ce qu'ils fussent arrivés.

      Le soir, Halgerd s'assit à côté de son mari, et fit mettre Thjostolf à côté d'elle, au fond. Cela allait mal entre Thjostolf et Thorvald; ils ne se parlaient guère, et l'hiver se passa ainsi. Halgerd était convoiteuse et prodigue: elle voulait avoir tout ce qu'avaient les gens du voisinage, et elle gaspillait tout. Quand vint le printemps, on fut à court; il manquait de la farine et du poisson fumé. Halgerd vint trouver Thorvald et lui dit: «Ce n'est pas le moment de rester là, tranquillement assis; il n'y a plus de farine ni de poisson fumé dans la maison.» Thorvald répondit: «Je n'ai pas mis dans la maison moins de vivres qu'à l'ordinaire, et cela durait jusqu'à l'été.»--«Que m'importe, reprit Halgerd, que vous ayez jeûné pour devenir riches, ton père et toi?» Alors Thorvald se mit en colère et la frappa au visage, si fort que le sang coula. Il s'en alla, et appela ses serviteurs. Ils mirent un bateau à l'eau, et ils y montèrent huit. Puis ils ramèrent vers les îles des ours, et là Thorvald prit dans ses provisions du poisson fumé et de la farine.

      Maintenant il faut parler d'Halgerd. Elle était assise dehors, et elle était très triste. Thjostolf vint à elle; il vit qu'elle était blessée au visage et lui dit: «Qui t'a si fort maltraitée?»--«C'est Thorvald, mon mari, répondit-elle, et tu n'étais pas là, car tu ne te soucies guère de moi.»--«Je ne savais pas cela, dit-il, mais je vais te venger.» Il s'en alla au rivage et mit à la mer une barque à six rames: il tenait à la main une grande hache qu'il avait, au manche de fer. Il monta dans la barque, et rama vers les îles des ours. Quand il arriva, tous les hommes étaient partis sauf Thorvald et ses compagnons. Thorvald chargeait le bateau, et ses hommes sortaient les provisions.

      Thjostolf arriva, il sauta sur le bateau et se mit à charger aussi. Il dit à Thorvald: «Tu es lent et maladroit à la besogne.» Thorvald répondit: «Penses-tu que tu ferais mieux que moi?»--«Il y a une chose que je ferai mieux que toi, dit Thjostolf. La femme que tu as est mal mariée; il ne faut pas que vous viviez plus longtemps ensemble.» Thorvald prit un couteau qui était près de lui, pour frapper Thjostolf. Thjostolf avait levé sa hache sur son épaule; il en donna un coup sur la main de Thorvald, qui lui brisa le poignet: le couteau tomba à terre. Thjostolf leva sa hache une seconde fois et frappa Thorvald à la tête: et il mourut sur le coup.

       Table des matières

      Voilà que les hommes de Thorvald descendaient au rivage avec leurs fardeaux. Thjostolf eut vite fait de se décider. Il prit sa hache à deux mains, et en frappa le bord du bateau de Thorvald, et le bateau fut défoncé en deux endroits. Après cela il sauta sur sa barque. Le flot noir entra dans le bateau de Thorvald, et il coula au fond, avec toute sa charge. Et le corps de Thorvald coula aussi, et ses compagnons ne purent pas voir ce qu'on lui avait fait; ils ne surent qu'une chose, c'est qu'il était mort.

      Thjostolf ramait, remontant le fjord; ils lui souhaitèrent mauvais voyage, et mauvaise chance tant qu'il vivrait. Il ne répondit rien, et rama, remontant le fjord, jusqu'à ce qu'il fût arrivé. Il tira la barque à terre et vint à la maison; il brandissait sa hache en l'air, et elle était toute sanglante. Halgerd était dehors; elle lui dit: «Ta hache est sanglante, qu'as-tu fait?»--«J'ai fait en sorte, dit-il que tu seras mariée une seconde fois.»--«Tu veux me dire que Thorvald est mort» dit-elle.--«Oui, dit-il, et maintenant vois à faire quelque chose pour moi.»--«Ainsi ferai-je, dit-elle. Je vais t'envoyer au nord, sur le Bjarnarfjord, à Svanshol. Svan te recevra à bras ouverts. Il est si fort à craindre que chez lui personne n'ira te chercher».

      Il sella un cheval qu'il avait, monta dessus et s'en alla au nord vers le Bjarnarfjord, à Svanshol. Svan le reçut à bras ouverts et lui demanda des nouvelles. Et Thjostolf lui dit la mort de Thorvald, avec tout ce qui s'était passé. Svan dit: «Voilà ce que j'appelle un homme qui n'a peur de rien. Et moi je te promets que s'ils viennent te chercher ici, ils en seront pour leur courte honte».

      Il faut revenir à Halgerd. Elle appela pour l'accompagner Ljot le noir, son parent, et lui dit de seller leurs chevaux: «Car je veux, dit-elle, retourner à la maison, chez mon père». Il fit les préparatifs du départ. Pour elle, elle alla à ses coffres, les ouvrit, et fit appeler tous les hommes de la maison. Et elle fit un cadeau à chacun d'eux. Ils se lamentaient tous de la voir partir. Elle monta donc à cheval, et vint à Höskuldstad. Son père la reçut bien, car il ne savait pas encore la nouvelle. Höskuld dit à Halgerd: «Pourquoi Thorvald n'est-il pas avec toi?» Elle répondit: «Il est mort». Höskuld dit: «C'est Thjostolf qui a fait cela». Et elle dit que c'était vrai. «Hrut ne se trompait donc pas, dit Höskuld, quand il m'a prédit que ce mariage serait cause de grands malheurs. Mais il ne sert à rien de se lamenter quand le mal est fait».

      Il faut parler maintenant des compagnons de Thorvald. Ils attendirent, la où ils étaient, jusqu'à ce qu'il arrivât un vaisseau dans l'île. Alors ils dirent la mort de Thorvald et demandèrent un vaisseau pour revenir à terre. On leur en prêta un tout de suite, et ils ramèrent, remontant le fjord, jusqu'à Reykjaness. Ils vinrent trouver Usvif et lui dirent la nouvelle. Usvif dit: «Mauvais conseils donnent de mauvais fruits. Je vois d'ici ce qui s'est passé ensuite. Halgerd aura envoyé Thjostolf au Bjarnarfjord et sera retournée chez son père. Pour nous, nous allons rassembler une troupe de gens, et marcher vers le nord, à la poursuite de Thjostolf.» Ils firent comme il avait dit, et allèrent partout, demandant du monde; et cela fit une troupe nombreuse. Ils montèrent à cheval et s'en allèrent vers le Steingrimsfjord. De là, ils vinrent dans le Ljotardal, puis dans le Selardal, et à Bassastada; et enfin, par le col de la montagne, au Bjarnarfjord.

      Svan prit la parole et il ouvrait la bouche toute grande: «Voilà les gens d'Usvif qui viennent nous attaquer». Thjostolf sauta sur ses pieds et prit sa hache. Svan lui dit: «Viens dehors avec moi. Il ne faudra pas grand'chose». Et ils sortirent tous deux. Svan prit une peau de chèvre, l'agita au-dessus de sa tête et dit: «Vienne le brouillard, viennent l'effroi et la terreur sur tous ceux qui te cherchent».

      Ils chevauchaient au col de la montagne, Usvif et ses compagnons. Et voilà qu'un grand brouillard vint au devant d'eux. Usvif dit: «C'est Svan qui a fait cela, et ce sera bien s'il n'arrive après rien de pire». Bientôt les ténèbres devinrent si grandes devant leurs yeux, qu'ils ne voyaient plus rien. Et ils tombaient de leurs chevaux, et les perdaient, et s'en allaient dans les marais, d'autres dans les bois, si bien qu'ils étaient en grand péril. Ils avaient laissé tomber leurs armes. Alors Usvif dit: «Si je pouvais retrouver mon cheval et mes armes, je m'en retournerais». Et comme il avait dit cela, ils commencèrent à y voir un peu, et retrouvèrent leurs chevaux et leurs armes. Et beaucoup d'entre eux pressèrent Usvif de continuer la chevauchée, ce qui fut fait; et aussitôt le même prodige reparut. Et cela arriva trois fois. Alors Usvif dit: «Quoique ce soit pour nous une triste affaire, il faut bien nous en retourner.

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