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La Saga de Njal. Anonyme
Читать онлайн.Название La Saga de Njal
Год выпуска 0
isbn 4064066085384
Автор произведения Anonyme
Жанр Языкознание
Издательство Bookwire
Hrut lui donna cent aunes d'étoffes de laine et douze capes de peaux, et elle le remercia de ses présents. Hrut partit, après l'avoir baisée et remerciée. Elle lui souhaita bonne chance. Le jour suivant, Hrut vint devant le roi, avec trente hommes. Il salua le roi, et le roi lui dit: «Tu veux, Hrut, que je fasse pour toi ce que j'ai promis.» Il le fit donc son homme. Hrut demanda: «Quelle place me donnerez-vous?»--«C'est ma mère qui en décidera» dit le roi. Et elle le fit mettre à la place d'honneur.
Hrut passa l'hiver chez le roi, et il y était très considéré.
IV
Au printemps, Hrut entendit parler de Soti. On disait qu'il était allé au Sud, en Danemark, avec l'héritage. Hrut vint trouver Gunhild et lui dit le départ de Soti. Gunhild dit: «Je te donnerai deux vaisseaux longs, avec leur équipage, et de plus, un homme très brave, Ulf Uthvegin, le chef de nos hôtes. Mais toi, va trouver le roi, avant de partir.» Hrut y alla; et quand il fut devant le roi, il lui dit que Soti était parti, et qu'il voulait se mettre à sa poursuite. Le roi demanda: «Qu'a fait ma mère pour t'aider?» Hrut répondit: «Elle m'a donné deux vaisseaux longs, et, pour commander aux hommes, Ulf Uthvegin.»--«C'est bien fait, dit le roi. Et moi, je te donnerai deux autres vaisseaux longs. Il te faudra bien autant de monde que cela.» Il conduisit Hrut à ses vaisseaux et lui souhaita bon voyage. Hrut avec ses gens fit voile vers le Sud.
V
Il y avait un homme nommé Atli. Il était fils d'Arnvid, jarl de l'Ostgothie. C'était un grand homme de guerre. Il se tenait dans le lac de l'Est avec huit vaisseaux. Son père avait refusé le tribut à Hakon, fils adoptif d'Adalstein; et le père et le fils avaient fui du Jamtaland en Gothie.
Atli sortit du lac avec ses vaisseaux par le Stoksund. Il s'en alla au Sud, en Danemark, et il était à l'ancre dans l'Eyrasund. Il avait été mis hors la loi par le roi de Danemark et par le roi de Suède, pour les brigandages et les meurtres qu'il avait faits dans les deux royaumes.
Hrut vint au Sud, dans l'Eyrasund; comme il entrait dans le détroit, il vit qu'il était plein de vaisseaux. Ulf lui dit: «Que faut-il faire, homme d'Islande?»--«Aller en avant; dit Hrut, qui ne risque rien n'a rien. Notre vaisseau, à Össur et à moi, passera le premier, et toi, tu mettras le tien où tu voudras.»--«Je n'ai pas coutume que d'autres me servent de bouclier» répond Ulf. Il met son vaisseau sur la même ligne que celui de Hrut, et ils s'avancent ensemble dans le détroit.
Et voici que ceux du détroit voient des vaisseaux qui viennent à eux, et ils le disent à Atli. «Il y aura du butin à prendre, répond Atli. Qu'on ôte les tentes des vaisseaux, et qu'on s'apprête au plus vite. Mon vaisseau sera au milieu de la flotte.»
Les vaisseaux de Hrut avançaient à force de rames. Quand on fut assez près pour s'entendre, Atli se leva et dit: «Vous allez comme des imprudents. N'avez-vous pas vu qu'il y avait des vaisseaux de guerre dans le détroit? Quel est le nom de votre chef?»--«Je m'appelle Hrut» répondit-il.--«Qui es-tu? dit Atli.--«L'homme du roi Harald Grafeld» dit Hrut.--«Il y a longtemps, dit Atli, que mon père et moi nous avons cessé d'être bons amis avec votre roi de Norvège.»--«Ce sera pour votre malheur» dit Hrut. «Notre rencontre sera telle, dit Atli, que tu n'auras point de nouvelles à en dire.» Il prit un javelot, et le lança sur le vaisseau de Hrut; et l'homme qui conduisait le vaisseau fut tué. Alors la bataille commença, et ils eurent grand'peine à aborder le vaisseau de Hrut. Ulf se battait bien: il donnait de grands coups, frappant d'estoc et de taille. Le pilote d'Atli s'appelait Asolf. Il sauta sur le vaisseau de Hrut, et tua quatre hommes avant que Hrut ne s'en fût aperçu. Hrut se retourne, et vient à sa rencontre. Ils se joignent, et Asolf, d'un coup de pointe, perce le bouclier de Hrut. Mais Hrut lève son épée sur Asolf, et lui donne le coup de la mort.
Ulf Uthvegin l'avait vu. «En vérité, Hrut, dit-il, tu donnes de beaux coups. Mais aussi tu as de grands remerciements à faire à Gunhild.»--«J'ai peur, répondit Hrut, que ce ne soient tes dernières paroles.» À ce moment, Atli vit qu'Ulf se découvrait. Il lui lança un javelot au travers du corps.
Après cela la bataille devint furieuse. Atli sauta sur le vaisseau de Hrut, et il faisait le vide tout autour de lui. Össur vint à sa rencontre, l'épée en avant, mais il tomba à la renverse, frappé par un autre. Alors Hrut accourut au devant d'Atli, Atli leva son épée, et fendit d'un coup le bouclier de Hrut. En même temps, une pierre l'atteignit à la main, et l'épée tomba. Hrut la prit, et abattit le pied d'Atli. Après quoi, il lui donna le coup de la mort.
Hrut et ses gens firent beaucoup de butin. Ils prirent avec eux les deux meilleurs vaisseaux, et ils restèrent là un peu de temps. Soti avec les siens leur avait échappé. Il avait fait voile pour retourner en Norvège. Il débarqua sur la côte de Limgard. Il y trouva Ögmund, l'homme de Gunhild. Ögmund reconnut tout d'abord Soti, et lui demanda: «Combien de temps penses-tu rester ici?»--«Trois nuits.» dit Soti.--«Où iras-tu ensuite?» dit Ögmund. «À l'ouest, en Angleterre, dit Soti, et je ne reviendrai jamais en Norvège, tant que durera la puissance de Gunhild.» Ögmund s'en alla, et vint trouver Gunhild; elle était près de là, chez des hôtes, avec son fils Gudröd. Ögmund dit à Gunhild ce que Soti comptait faire; et elle donna ordre à son fils Gudröd d'aller tuer Soti. Gudröd partit sur l'heure. Il tomba sur Soti à l'improviste, et le fit amener à terre où on le pendit. Puis il prit tous ses trésors pour sa mère. Elle envoya des hommes débarquer le butin, et le porter à Konungahella, après quoi elle y alla elle même.
Hrut revint à l'automne. Il avait fait beaucoup de butin. Il alla tout d'abord trouver le roi, qui lui fit bon accueil. Il lui offrit, et à sa mère, de prendre ce qu'ils voudraient de ses richesses; et le roi en prit le tiers. Gunhild dit à Hrut qu'elle avait mis la main sur l'héritage et fait tuer Soti. Hrut la remercia, et partagea par moitié avec elle.
VI
Hrut passa l'hiver chez le roi, et il était de joyeuse humeur; mais aux approches du printemps, il devint silencieux. Gunhild s'en aperçut, et elle lui parla un jour qu'ils étaient seuls ensemble. «As-tu du souci, Hrut?» lui demanda-t-elle. Hrut répondit: «On a dit vrai: Malheur à ceux qui sont nés sur une mauvaise terre.»--«Veux-tu retourner en Islande?» dit-elle.--«Je le veux» répondit-il.»--«As-tu quelque femme là-bas?»--«Non.»--«Et pourtant j'en suis bien sûre.» Et ils n'en dirent pas plus long.
Hrut alla devant le roi, et le salua. Le roi demanda: «Que veux-tu Hrut?»--«Je veux vous prier, Seigneur, de me donner congé pour retourner en Islande.»--« Auras-tu là-bas plus d'honneurs qu'ici?» dit le roi.--«Non, dit Hrut, mais il faut que chacun suive sa destinée.»--«C'est peine perdue de lutter