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La Saga de Njal. Anonyme
Читать онлайн.Название La Saga de Njal
Год выпуска 0
isbn 4064066085384
Автор произведения Anonyme
Жанр Языкознание
Издательство Bookwire
«Je suis venu ici, dit Usvif, pour te réclamer le prix du meurtre de mon fils». Höskuld répondit: «Ce n'est pas moi qui ai tué ton fils, ni qui ai conseillé sa mort; mais tu es excusable de chercher quelque dédommagement». Hrut prit la parole: «Le nez, mon frère, dit-il n'est pas loin des yeux; il est nécessaire que tu mettes fin aux mauvaises paroles et que tu lui payes une amende pour son fils. Tu rendras meilleure de la sorte l'affaire de ta fille. C'est le seul moyen de faire taire les gens au plus vite; et moins on parlera de ceci, mieux ce sera». Höskuld lui dit: «Veux-tu être notre arbitre?»--«Je le veux, dit Hrut; et je ne te ménagerai pas dans ma sentence; car s'il faut dire vrai, c'est ta fille qui a conseillé de tuer Thorvald». Alors Höskuld devint rouge comme du sang et resta un moment sans rien dire. Après cela il se leva et dit à Usvif: «Veux-tu me donner la main, en signe que tu laisses tomber ta plainte?» Usvif se leva et dit: «La partie n'est pas égale, si c'est ton frère qui prononce. Et pourtant tu as si bien parlé, Hrut, que je te défère volontiers la sentence». Après cela, il prit la main d'Höskuld; et il fut convenu que Hrut prononcerait, et terminerait l'affaire avant qu'Usvif ne retournât chez lui.
Hrut prononça donc sa sentence: «Je prononce dit-il, pour le meurtre de Thorvald une amende de deux cents d'argent--ce qui passait alors pour une forte amende;--et tu vas, mon frère, les compter de suite, et payer de bonne grâce». Höskuld le fit. Alors Hrut dit à Usvif: «Je vais te donner une bonne cape que j'ai rapportée de mes voyages». Usvif le remercia de son présent, et retourna chez lui, content de ce qui s'était passé.
Quelques temps après, Hrut et Höskuld vinrent trouver Usvif, et ils partagèrent les biens qui étaient en commun. Ils firent un bon arrangement, et retournèrent chez eux avec leur part. Et maintenant la saga ne parlera plus d'Usvif.
Halgerd demanda à Höskuld de faire revenir Thjostolf. Höskuld le lui permit. Et on parla encore longtemps du meurtre de Thorvald.
Les biens d'Halgerd prospéraient et s'accroissaient beaucoup.
XIII
Maintenant la saga nomme trois frères: le premier s'appelait Thorarin, le second Ragi, le troisième Glum. Ils étaient fils d'Olaf Hjalti. C'étaient des hommes puissants et riches en biens. Thorarin avait un surnom: on l'appelait le frère de Ragi. Il était l'homme de la loi, depuis la mort de Hrafn fils de Hæing. C'était un homme très-sage. Il demeurait à Varmalæk, et lui et Glum habitaient ensemble. Glum avait été longtemps à l'étranger. C'était un homme de grande taille, fort, et beau de visage. Ragi, leur frère, était un grand tueur d'hommes. Les trois frères avaient dans le Sud les domaines d'Engey et de Laugarness.
Un jour, les deux frères parlaient ensemble, Glum et Thorarin; Thorarin demanda à Glum s'il voulait s'en aller au loin, comme il en avait coutume. Glum répondit: «Je songerais plutôt à cesser d'aller trafiquer.»--«Qu'as-tu donc en tête? dit Thorarin; veux-tu prendre femme?»--«Je voudrais bien, dit Glum, si je trouvais mon affaire.» Alors Thorarin fit le compte de toutes les femmes du Borgarfjord qui n'étaient pas mariées et lui demanda s'il voulait en avoir quelqu'une: «Et j'irai, dit-il, avec toi, faire la demande.» Glum répondit: «Je n'en veux pas une de celles-là.»--«Nomme donc celle que tu veux,» dit Thorarin. Glum répondit: «Si tu veux le savoir, elle s'appelle Halgerd, et c'est la fille d'Höskuld, des vallées de l'Ouest.»--«Tu feras donc mentir le dicton, répondit Thorarin, et l'expérience des autres ne t'aura pas rendu sage. Elle a été mariée à un homme, et elle l'a fait tuer.» Glum dit: «Peut-être qu'elle n'aura pas si mauvaise chance une seconde fois; et je suis sûr qu'elle ne me fera pas tuer. Mais si tu veux me faire un honneur, viens avec moi la demander en mariage.» Thorarin dit: «Il ne sert à rien de te résister: ce qui doit arriver arrivera.»
Souvent Glum reparla de ceci à Thorarin, et toujours Thorarin traînait en longueur. À la fin pourtant, les choses en vinrent à ce point qu'ils rassemblèrent des hommes et s'en allèrent à l'Ouest, au nombre de vingt, vers les vallées. Ils arrivèrent à Höskuldstad, et Höskuld les reçut bien. Et ils y passèrent la nuit.
Le matin de bonne heure, Höskuld envoya chercher Hrut, et Hrut vint aussitôt. Höskuld était dehors à l'attendre, quand il entra dans l'enclos. Höskuld dit à Hrut quels gens étaient venus. «Que peuvent-ils vouloir?» dit Hrut.--«Ils ne m'ont pas encore fait de message» dit Höskuld. «Pourtant ils en ont un à te faire, dit Hrut. Ils viennent demander Halgerd en mariage. Que répondras-tu?»--«Que t'en semble?» dit Höskuld.--«Il faut que tu donnes une bonne réponse, mais que tu dises aussi le bien et le mal sur son compte» dit Hrut.
Pendant que les deux frères parlaient, les hôtes sortirent. Höskuld et Hrut allèrent à leur rencontre. Hrut fit beaucoup d'amitiés à Thorarin et à son frère. Après quoi ils commencèrent à parler ensemble. Thorarin dit: «Je suis venu ici avec mon frère Glum, demander en mariage ta fille Halgerd, Höskuld, pour Glum mon frère. Il faut que tu saches que c'est un homme d'importance.»--«Je sais dit Höskuld, que vous êtes tous deux des hommes de grand renom. Mais il y a une chose que je veux te dire. J'ai déjà donné ma fille une fois, et cela a été cause de grands malheurs pour nous.»--«Il ne faut pas que cela empêche le marché, répondit Thorarin, tout le monde n'a pas le même sort et ceci peut tourner bien, quoique cela ait tourné mal. C'est aussi Thjostolf qui a eu les plus grands torts.»
Alors Hrut: «Je vais vous donner un conseil, si ce qui est arrivé à Halgerd ne vous a pas fait changer d'avis. C'est que vous ne laissiez pas Thjostolf aller dans le Sud avec elle, au cas où le mariage se ferait, et qu'il soit convenu qu'il n'y restera jamais plus de trois nuits, sans la permission de Glum, et que Glum pourra le tuer sans amende, s'il reste plus longtemps. Cela, il dépendra de Glum de le permettre; mais ce n'est pas mon avis. Il faut aussi qu'on ne fasse pas comme la première fois, où on n'a pas parlé à Halgerd; il faut qu'elle sache toute cette affaire, qu'elle voie Glum, et qu'elle décide elle-même si elle veut l'avoir, ou non; de cette façon elle ne pourra s'en prendre à d'autres, si cela ne tourne pas bien. Et nous aurons agi sans détour.»
Thorarin dit: «C'est maintenant comme toujours: si nous suivons ton conseil, nous nous en trouverons mieux.»
On envoya chercher Halgerd: elle vint, et deux femmes avec elle. Elle avait une cape bleue, d'étoffe tissée, et par dessous une robe écarlate, et une ceinture d'argent autour de la taille; ses cheveux tombaient des deux côtés de sa poitrine, et elle les avait noués dans sa ceinture. Elle s'assit entre Hrut et son père. Elle les salua tous avec de bonnes paroles, parlant bien, et hardiment, et demandant les nouvelles. Puis elle se tut et Glum dit: «Nous venons, mon frère Thorarin et moi, de parler d'un marché avec ton père. Je voudrais, Halgerd, te prendre pour femme, si c'est ta volonté, comme c'est la leur. Il faut maintenant que tu dises sans crainte si cela est à ta convenance. Et si tu n'as pas envie d'entrer en marché avec nous, nous n'en parlerons plus.» Halgerd dit: «Je sais que vous êtes des hommes considérables, tes frères et toi, et que je serai beaucoup mieux mariée que la première fois. Mais je veux savoir ce que vous avez dit, et jusqu'où vous avez mené l'affaire. À ce que je vois de toi, il me semble que j'aurai de l'amitié pour toi, si notre humeur peut s'accorder». Glum lui dit lui-même toutes les conditions, sans rien oublier, et il demanda à Höskuld et à Hrut s'il avait bien dit. Höskuld dit que c'était bien.
Alors Halgerd dit: «Vous avez si bien mené cette affaire pour moi, toi mon père, et toi Hrut, que je ferai selon votre désir; et ce marché sera conclu comme vous l'avez décidé.»
Hrut