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les finesses, toutes les sortes d’esprit de son sexe se tournèrent en une sorte de cruauté réfléchie qui donne l’épouvante.

      «La rouerie s’éleva, dans quelques femmes rares et abominables, à un degré presque satanique. Une fausseté naturelle, une dissimulation acquise, un regard à volonté, une physionomie maîtrisée, un mensonge sans effort de tout l’être, une observation profonde, un coup d’œil pénétrant, la domination des sens, une curiosité, un désir de science qui ne leur laissaient voir dans l’amour que des faits à méditer et à recueillir, c’étaient à des facultés et à des qualités si redoutables que ces femmes avaient dû, dès leur jeunesse, des talents; et une politique capables de faire la réputation d’un ministre. Elles avaient étudié dans leur cœur le cœur des autres; elles avaient vu que chacun y porte un secret caché et elles avaient résolu de faire leur puissance avec la découverte de ce secret de chacun.

      «Décidées à respecter les dehors et le monde, à s’envelopper et à se couvrir d’une bonne renommée, elles avaient sérieusement cherché dans les moralistes et pesé elles-mêmes ce qu’on pouvait faire, ce qu’on devait penser, ce qu’on devait paraître. Ainsi formées, secrètes et profondes, impénétrables et invulnérables, elles apportent dans la galanterie, dans la vengeance, dans le plaisir, dans la haine un cœur de sang-froid, un esprit toujours présent, un ton de liberté, un cynisme de grande dame mêlé d’une hautaine élégance, une sorte de légèreté implacable. Ces femmes perdent un homme pour le perdre. Elles sèment la tentation dans la candeur, la débauche dans l’innocence. Elles martyrisent l’honnête femme, dont la vertu leur déplaît; et l’ont-elles touchée à mort? elles poussent ce cri de vipère: «Ah! quand une femme frappe dans le cœur d’une autre, la blessure est incurable...»

      «Elles font éclater le déshonneur dans les familles comme un coup de foudre: elles mettent aux mains des hommes les querelles et les épées qui tuent. Figures étonnantes qui fascinent et qui glacent! On pourrait dire d’elles, dans le sens moral, qu’elles dépassent de toute la tête la Messaline antique.

      «Elles créent, en effet, elles révèlent, elles incarnent en elles-mêmes une corruption supérieure à toutes les autres et que l’on serait tenté d’appeler une corruption idéale: le libertinage des passions méchantes, la luxure du Mal!

      Le manuscrit des Liaisons dangereuses se trouve dans les collections de la Bibliothèque Nationale, no 12845 du fonds français: il fut donné par Mme Charles de Laclos en 1849.

      Ce manuscrit comprend un certain nombre de documents.

       Folio 1.—Une copie des armes de la famille du général de Laclos;

       Fol. 2 à 10.—Quelques pièces de vers de Laclos;

       Fol. 13 à 15 et 26 à 31.—Un certain nombre de lettres de Mme Riccoboni et les réponses de Laclos, que nous avons reproduites ci-dessus;

       Fol. 16 à 25 et 32 à 34.—Lettres diverses et épîtres en vers;

       Fol. 35.—Titre du roman:

      LE DANGER DES LIAISONS

       ou Lettres recueillies dans une société et publiées pour l’instruction de quelques autres par M. C..... D. L. C.

      J’ai vu les mœurs de ce siècle, et j’ai publié ces lettres (J. J. Rousseau, préface de la Nouvelle Héloïse).

       La première ligne du titre a été biffée pour être remplacée par:

      LES LIAISONS DANGEREUSES

      Un roman avait paru en 1753 sous le titre Le Danger des liaisons, ou Mémoires de la Baronne de Blémon, par Mme de Saint-Aubin.

       Fol. 36.—Texte du contrat que Laclos conclut avec le libraire Durand pour la publication de son ouvrage.

      «Nous soussignés, sommes convenus de ce qui suit.

      «Savoir que moi Delaclos, capitaine d’artillerie etc., auteur du danger des liaisons.

      «Donne et cedde la première édition de mon ouvrage à Monsieur Durand libraire aux conditions ci-après.

      «1o Qu’il se chargera d’en payer l’impression tirée à deux milles.

      «2o Que pour se remplir de ses frais avances et déboursés, généralement quelconques, il gardera pour lui et pour ses mains le prix de la vente des douze cent premiers exemplaires.

      «3o Qu’il me tiendra compte des huit cent exemplaires restans (non compris les cinquante que je prélève dès à présent sur l’Edition entière) à raison de trois livres par exemplaire de bénéfice sur lesquels huit cent exemplaires j’aurai les deux tiers, ce qui formera seize cent livres et à M. Durand l’autre tiers faisant huit cent livres.

      «Et moi Durand acquiescant aux propositions ci-dessus je promets décharger M. de la Clos de tous frais relatifs à l’impression, brochure de son ouvrage, et de lui tenir compte des deux tiers de son bénéfice dans les huit cent exemplaires à mesure qu’il en aura été vendu un cent en un billet payable à l’échéance de six mois et ainsi de suite jusqu’à la fin de l’Edition fait double sous nos seings. Paris ce seize mars mil sept cent quatre-vingt-deux.

      J’approuve l’écrit cy dessus.

      Durand

       neveu.

      J’approuve l’écrit cy dessus.

      De Laclos.

       Reçu à compte le vingt et un avril douze cent livres, et consenti à une seconde édition aux mêmes conditions que la première.

      Paris, 21 avril 1782.

      De Laclos.

      Approuvé le contenu cy dessus,

      Fait à Paris le 21 avril 1782.

      Durand

       neveu.

      Reçu quatre cent livres pour fin de compte de la première édition le 7 mai 1782.

      De Laclos

       Fol. 38.—Note sur les lettres.

       Fol. 39.—Avertissement de l’éditeur.

       Fol. 40 à 126.—Le texte des Liaisons dangereuses, d’une écriture très serrée et presque sans ratures.

       Fol. 128 à 142.—Lettres et documents divers.

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