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      D’un autre côté, les personnes d’un goût délicat seront dégoûtées par le style trop simple et trop fautif de plusieurs de ces lettres, tandis que le commun des lecteurs, séduit par l’idée que tout ce qui est imprimé est le fruit d’un travail, croira voir dans quelques autres la manière peinée d’un auteur qui se montre derrière le personnage qu’il fait parler.

      Enfin, on dira peut-être assez généralement que chaque chose ne vaut qu’à sa place et que si d’ordinaire le style trop châtié des auteurs ôte en effet de la grâce aux lettres de société, les négligences de celles-ci deviennent de véritables fautes et les rendent insupportables quand on les livre à l’impression.

      J’avoue avec sincérité que tous ces reproches peuvent être fondés; je crois aussi qu’il me serait possible d’y répondre, et même sans excéder la longueur d’une préface. Mais on doit sentir que pour qu’il fût nécessaire de répondre à tout, il faudrait que l’ouvrage ne pût répondre à rien, et que si j’en avais jugé ainsi, j’aurais supprimé à la fois la préface et le livre.

      LES

       LIAISONS DANGEREUSES

       Table des matières

      CÉCILE VOLANGES à SOPHIE CARNAY,

       aux Ursulines de...

      Il vient d’arrêter un carrosse à la porte et maman me fait dire de passer chez elle tout de suite. Si c’était le monsieur? Je ne suis pas habillée, la main me tremble et le cœur me bat. J’ai demandé à la femme de chambre si elle savait qui était chez ma mère: «Vraiment, m’a-t-elle dit, c’est M. C***.» Et elle riait. Oh! je crois que c’est lui. Je reviendrai sûrement te raconter ce qui se sera passé. Voilà toujours son nom. Il ne faut pas se faire attendre. Adieu, jusqu’à un petit moment.

      Comme tu vas te moquer de la pauvre Cécile! Oh! j’ai été bien honteuse. Mais tu y aurais été attrapée comme moi. En entrant chez maman, j’ai vu un monsieur en noir, debout auprès d’elle. Je l’ai salué du mieux que j’ai pu et suis restée sans pouvoir bouger de ma place. Tu juges combien je l’examinais! «Madame, a-t-il dit à ma mère, en me saluant, voilà une charmante demoiselle, et je sens mieux que jamais le prix de vos bontés.» A ce propos si positif, il m’a pris un tremblement tel que je ne pouvais me soutenir; j’ai trouvé un fauteuil et je m’y suis assise, bien rouge et bien déconcertée. J’y étais à peine que voilà cet homme à mes genoux. Ta pauvre Cécile alors a perdu la tête; j’étais, comme a dit maman, tout effarouchée. Je me suis levée en jetant un cri perçant... tiens, comme ce jour du tonnerre. Maman est partie d’un éclat de rire, en me disant: «Eh bien! qu’avez-vous? Asseyez-vous et donnez votre pied à monsieur.» En effet, ma chère amie, le monsieur était un cordonnier. Je ne peux te rendre combien j’ai été honteuse: par bonheur, il n’y avait que maman. Je crois que, quand je serai mariée, je ne me servirai plus de ce cordonnier-là.

      Conviens que nous voilà bien savantes! Adieu, il est près de six heures, et ma femme de chambre dit qu’il faut que je m’habille. Adieu, ma chère Sophie; je t’aime comme si j’étais encore au couvent.

      P.-S.—Je ne sais par qui envoyer ma lettre: ainsi j’attendrai que Joséphine vienne.

      Paris, ce 3 août 17**.

       Table des matières

      La Marquise de MERTEUIL au Vicomte de VALMONT,

       au château de...

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