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Le monsieur au parapluie. Jules Moinaux
Читать онлайн.Название Le monsieur au parapluie
Год выпуска 0
isbn 4064066087258
Автор произведения Jules Moinaux
Жанр Языкознание
Издательство Bookwire
—Essaie un peu voir, mon petit portier, et comme je cherche quelque chose à louer et qu'il y a un écriteau à la porte, je vais trouver ton propriétaire et je lui dis....
Le concierge, alors, se mit à énumérer rapidement et d'un ton rageur: grand salon, 3 fenêtres, petit salon, boudoir, grande salle à manger, 5 chambres à coucher, avec cabinets de toilette, 4 chambres de domestiques, cuisine, office, cave à vins, cave à bois, tout cela au premier sur la rue.
—Les caves aussi?... et ça vaut?
—4,500 francs.
—C'est un peu plus que je ne voulais mettre.... Je cherche quelque chose dans les 120 francs au sixième: c'est pour élever des lapins.
—Eh! là-bas! s'écria le concierge, à un garçon boucher qui s'engageait dans l'escalier, vous ne voyez donc pas le paillasson? Est-ce qu'on l'a mis là pour les dromadaires, le paillasson?
Et il courut au fournisseur, pendant que Bengali contemplait son chapeau inondé par l'averse:—C'est peut-être bon pour les petits pois, dit-il, mais pour les chapeaux, non.
Et, secouant son chapeau, il envoya de l'eau au visage d'un nouvel arrivant:—Hein! quoi? fait celui-ci, en bondissant comme un tigre, il ne me manquait plus que ça!
Le nouveau venu était un gros homme, un nerveux de l'espèce la plus désagréable:—Oh! pardon, monsieur, lui dit Bengali, je ne vous voyais pas; je vous fais mille excuses.
—Eh! monsieur, mille excuses, mille excuses....
—Vous trouvez que ça n'est pas assez? Soit, je vous en fais deux mille.
—On ne secoue pas ainsi un chapeau ruisselant.
—Je me permets de vous faire observer, monsieur, que s'il n'avait pas été ruisselant, je ne l'aurais pas secoué.
—Eh bien, monsieur, avant de le secouer, il fallait regarder autour de vous.
—Eh bien, monsieur, répondit Bengali agacé, j'ai eu tort de ne pas regarder autour de moi, voilà tout.
—Mais non, monsieur, ne voilà pas tout.
—Alors, monsieur, si mes explications et mes excuses ne vous suffisent pas, je vais avoir l'honneur de vous remettre ma carte; mais je vous préviens qu'on m'a surnommé le Dividende de Panama, vu qu'on ne me touche jamais.
—Qu'est-ce que c'est? cria le concierge, des provocations en duel, ici, dans une maison tranquille? Allez vous disputer ailleurs! Puis il pensa:—C'est une mauvaise tête, ne le provoquons pas.
—Il ne s'agit pas de duel, dit le monsieur nerveux, calmé par l'attitude de Bengali, c'est involontairement que monsieur m'a envoyé de l'eau au visage et je me tiens pour satisfait de ses excuses.
—N'en parlons plus, monsieur, répondit le jeune homme, en lui tendant la main; vous me paraissez d'une humeur agréable: enchanté d'avoir fait votre connaissance.
—Moi, pareillement, monsieur. A qui ai-je l'honneur...?
—Bengali, fabricant de pièges à tortues.
—Ah! s'écria le concierge, vous m'avez dit que vous étiez chef d'orchestre à la halle au beurre.
—Dans l'hiver, oui; les jours d'averses, chasseur de dames sans parapluie; je lui offre le mien sur la chanson du Brésilien:
Voulez-vous,
Voulez-vous,
Voulez-vous accepter mon bras?
Puis à l'homme nerveux:—Et moi-même, monsieur, à qui ai-je eu l'avantage de serrer la main?
—Marocain, commanditaire d'entreprises industrielles et artistiques.
—Vos opinions politiques?
—Indépendant, monsieur.
—Moins que moi, monsieur.
—Pardon, j'ai refusé d'être scrutateur aux élections municipales, ne voulant pas accepter d'honneurs.
—Moi, monsieur, je ne regarde pas l'heure aux horloges publiques pour ne pas avoir d'obligations au gouvernement.
—Je n'accepte que des devoirs et c'est, fidèle à ce principe, que je vais, de ce pas, tenir sur les fonts baptismaux le nouveau-né d'un vieil ami.
—Je vois que son parrain vient, aussi, d'être baptisé.
—A qui le dites-vous, monsieur! Je sors de chez moi par un temps superbe; naturellement, je ne prends pas de parapluie; et crac! voilà un orage; jugez comme c'est agréable quand on est, comme moi, en toilette, tiré à quatre épingles.
—C'est vrai, mais c'est encore moins désagréable que d'être tiré à quatre chevaux.
—Ces choses-là n'arrivent qu'à moi.
—Je vous fais remarquer qu'en ce moment, il y a trois cent mille personnes dans Paris à qui pareille chose arrive.
—Elles ne vont pas baptiser leur filleul?
—Pas toutes, non.
—Je me doutais de ce temps-là, dit le concierge au nouveau venu; ce matin, le médecin, qui demeure dans la maison, m'a dit: Père Galfâtre (c'est mon nom), père Galfâtre, vous voyez bien ce nuage-là? qu'il m'a dit, il est bien malade.
—Ah! fit Bengali, il vous a dit que ce nuage était bien malade; et il est médecin?
—Oui, monsieur, répondit sèchement le concierge.
—C'est ça, il l'a fait crever.
Galfâtre poussa un éclat de rire:—Farceur, dit-il, vous êtes rigolo.
—Mais oui, père Galfâtre.
Et il se mit à chanter:
Oui, père Galfâtre,
Je suis rigolâtre,
Aimable et folâtre,
Du rire, idolâtre.
Puis, lui tapant sur le ventre: Je pourrais aller comme cela pendant quinze jours, si je voulais.
—Père Galfâtre! cria une voix.
—C'est le propriétaire, dit le préposé au cordon; et il se précipita dans l'escalier.
L'homme nerveux qui croit faits, pour lui seul, les malheurs publics, entreprit, alors, une critique amère de la génération nouvelle qui ne veut plus marcher et à qui il faut des voitures:—Quel peuple, monsieur! on ne trouve plus une seule place dans les omnibus.
—Cependant ceux qui les emplissent en ont trouvé.
Marocain suivit son idée sans répondre; il énuméra le nombre de places de ces voitures;—elles en auraient le double, le triple, vingt fois, cent fois plus, ce serait la même chose; à quelque endroit qu'un voyageur descende dans le cours de l'itinéraire, il y en a six, huit, dix, qui se précipitent pour prendre sa place, et c'est comme cela sur toutes les lignes, monsieur, sur toutes; conclusion: tous les gens à pied que vous voyez dans la rue, vous entendez bien, tous! marchent parce qu'ils n'ont pas trouvé de place dans les omnibus; quel peuple! et les commissionnaires font leurs courses en omnibus; les soldats, monsieur, les pioupious qui ont un sou par jour....
—Oui, dit Bengali avec ironie, un sou! et on parle de la fortune des armes.
—Eh bien, monsieur, ils en dépensent trois pour aller en omnibus.
—Ce qui les force à s'en priver pendant deux jours.
—Et qu'est-ce qu'ils ont à faire? je vous le demande.
—Puisque vous me faites l'honneur de me le demander, je vous répondrai qu'en dehors du service, ils ont à voir leurs bonnes amies: de tendres