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TABLE DES MATIÈRES I.--Sous une porte cochère II.--La famille Jujube III.--Une conquête difficile IV.--Pistache V.--Marocain le terrible VI.--Ouverture du théâtre Rigolo VII.--Georgette soustraite à Bengali VIII.--Accords matrimoniaux IX.--Chez mademoiselle Piédevache X.--Le bois de Saint-Mandé XI.--Un dîner accidenté XII.--Le désespoir de Pistache XIII.--Pistache revient en faveur XIII.--Bengali retrouve Georgette XIV.--La garde-malade XV.--Déceptions de la famille Jujube XVI.--Anxiétés de Bengali XVII.--Ça devait arriver XVIII.--Un coup de théâtre XIX.--Les jeux de l'amour et de la pharmacie

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      —Ennuyeux comme la pluie—serait une comparaison juste, en certains cas, dans la bouche des gens assommés par une mauvaise comédie, un livre fastidieux, les gammes d'un élève pianiste, ou un raseur, s'il était prouvé que la pluie est le type de la chose ennuyeuse au dernier point; mais elle a inspiré des poètes, depuis Anacréon avec l'Amour Mouillé, jusqu'à Fabre d'Eglantine avec Il pleut, Bergère. Elle a fourni le sujet de tableaux estimés: Le Régiment qui passe, à Detaille, et, longtemps avant lui, le Déluge, ce chef-d'œuvre toujours admiré au musée du Louvre. Et puis, Paris est, pour l'amateur de pittoresque, un spectacle des plus variés. La vue d'une impériale d'omnibus, garnie de voyageurs, les uns assis dans l'eau, les autres debout, un parapluie à la main, est-il rien de plus réjouissant, non pour ces infortunés, mais pour les égoïstes qui les regardent?

      Et les assiégeants d'un omnibus en station à sa tête de ligne, au moment où la bourrasque et «le ciel d'encre», comme dit M. Zola, annoncent l'orage près d'éclater! Les habitants ahuris d'une fourmilière sur laquelle on a mis le pied, donnent à peine l'idée de la fourmilière humaine qui se précipite vers le véhicule prêt à partir:—28! crie le conducteur, et un gros monsieur bouscule tout le monde pour passer, et il a le 137. On le hue.—Voilà le 28! crie une dame.—29! crie une autre; puis on entend: J'ai 30! j'ai 31, ça va être à moi! et la bousculade va croissant avec les larges gouttes prélude de l'averse; les parapluies, aussitôt, de s'ouvrir tous à la fois, les mouchoirs de s'étaler sur les chapeaux. Et les protestations des dames! et les jurons des hommes! et les cris des enfants.—Maman, je veux monter!—Faites donc attention, monsieur, votre parapluie s'est pris dans mes cheveux.—Ne poussez donc pas comme ça, brute!—Brute? et une gifle de tomber sur la joue de l'insulteur qui riposte; on s'écarte des deux champions et la bousculade redouble.—Complet! crie le conducteur; impériale à volonté.—Imbécile! hurle un monsieur irrité par cette facétie.

      Quel poème héroï-comique!

      Avantage précieux de la pluie: pas d'orgues! Avantage plus grand encore: aucune révolution n'a réussi par la pluie; les émeutiers iront au feu tant qu'on voudra; à l'eau, jamais! C'est ainsi qu'au lendemain de 1830, le maréchal Lobeau qui savait à quoi s'en tenir sur ce point, au lieu de faire venir la troupe pour disperser les émeutiers de la place du Carrousel, fit accourir les pompiers qui dégagèrent par quelques coups de pompe les Tuileries menacées.

      Ajoutons que, pour les amateurs de mollets, la vue des femmes retroussées est un des agréments de la pluie et une source de bonnes fortunes; que de bras masculins sont acceptés par de jolies piétonnes, dont l'offre d'un parapluie fait taire les scrupules! Et les connaissances liées sous une porte cochère entre couples qui s'y sont réfugiés! Quant à ce qui se dit dans la foule abritée sous cette porte, que l'observateur écoute cela et il aura une idée de l'imbécillité du peuple qui se dit le plus spirituel du globe.

      Justement, c'est sous une porte cochère, par une pluie battante, que commence notre histoire. Le concierge est dans un état d'irritation inexprimable, causé par le va-et-vient des locataires, domestiques, fournisseurs et autres gens que leur profession, leur service ou leurs relations obligent d'entrer avec des chaussures crottées.—Un escalier que j'ai frotté ce matin, dit-il, et ce soir il ne restera pas plus de cire que dans mon œil.

      —Et encore! répond, d'une voix goguenarde, un joyeux garçon qui vient d'entrer, en se secouant comme un chien mouillé:—et encore! répète-t-il, en appuyant sur le mot.

      —Comment et encore! s'écrie le concierge; ah çà, dites donc, vous! je vais vous pousser dehors, vous savez?

      —Vous? vous auriez ce cœur-là? mais peux-tu regarder mon chapeau d'un œil sec? dis, le peux-tu, portier?

      Et le familier personnage d'essuyer son chapeau avec le tablier du concierge. Celui-ci écarta brusquement le bras du gaillard sans gêne et cria:—Je ne suis pas portier et je vous défends de me tutoyer.

      —Monsieur est le propriétaire?

      —Non, monsieur, je suis le concierge, et si vous ne sortez pas....

      —Si je ne sors pas, je resterai, naturellement.

      Et sans attendre la réplique du concierge:

      —Oh! quels mollets! s'écria notre loustic en apercevant dans la rue une jeune femme retroussée jusqu'aux genoux et marchant hâtivement sur le bout de ses petites bottines.

      Et il se précipita à la porte pour suivre du regard les deux jolies jambes qui s'éloignaient.

      —Qu'est-ce que c'est que cet ostrogot-là? se demanda le concierge.

      C'était tout simplement un chercheur de bonnes fortunes à l'aide d'un parapluie sous lequel il offrait d'abriter les jolies femmes surprises par l'averse. Malheureusement, ce jour-là, surpris, lui aussi, il lui manquait l'instrument indispensable pour l'exercice de sa spécialité galante:—Et pas de parapluie! pour en offrir la moitié à cette délicieuse piétonne, dit-il. Revenant alors au concierge:—Vous n'auriez pas un parapluie à me prêter, portier?

      —Vous prêter un parapluie? Est-ce que je vous connais, moi?... est-ce que je sais

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