Скачать книгу

: Ich muss einkaufen/arbeiten/lernen//in die Uni/ins Bett/zur Arbeit. La forme interrogative est possible.

      (2) – sollen à l’indicatif afin d’exprimer l’obligation émanant d’une tierce instance (personne, légale, morale, religieuse) imposée au destinataire désigné par le pronom personnel, la trace du tiers étant présente en cotexte ou contexte immédiat : [(appellatif ou verbe introductoire) + pronom personnel + soll- + (adverbes) + (G Prép) + infinitif] : Peter, (deine Mutter hat gesagt), du sollst sofort nach Hause kommen ; Der Vater sagt zu den Kindern : Ihr sollt jetzt endlich ins Bett gehen. La forme interrogative est possible afin de s’enquérir de la volonté d’un tiers.

      (3) – sollt- au subjonctif II pour donner ou demander des conseils à la forme affirmative ou négative : [pron. pers. + sollt- + (nicht) + (GN/G Prép./adv., etc.) + infinitif + !], Du solltest abends früher ins Bett gehen ! Ihr solltet nicht so viel trinken! La demande de conseil est possible avec le verbe en première position.

        Le passif processuel [werden + participe II] et le passif bilan [sein + participe II] pour lesquels le français n’emploie à nouveau qu’un seul verbe, i.e. [être + participe II] (cf. Schmale 2016). Sans doute en raison d’une traduction à partir du français, les locuteurs non-natifs confondent, même après 10 ans d’apprentissage de l’allemand, les deux formes. Ce danger serait écarté si on enseignait, sans recours à des explications grammaticales théoriques et surtout à la traduction, des constructions lexicogrammaticales avec le passif processuel. Une étude de corpus révèle que le passif bilan est extrêmement rare et peut sans risque être remplacé par le passif processuel dans la plupart des cas. Le modèle fondamental suivant serait en conséquence suffisant jusqu’à un niveau avancé : [NPpron./Det+n + werd- + {comp.} + part. II], p. ex. Sie/die Schülerin wird vom Bahnhof abgeholt.

       La particule modale denn, sans équivalent lexical en français, est destinée de prime abord à obtenir une réponse approfondie relative à une première information insuffisante et, à condition que cette première condition soit donnée, à atténuer la force illocutoire de la question (cf. Schmale, à par. b). Il s’avère que cette particule est trop souvent didactisée de manière erronée et utilisée à mauvais escient quasi systématiquement et indistinctement pour toutes les questions, même en position initiale d’une séquence d’échange, alors qu’aucune connexion avec une information précédente n’est présente. D’une étude sur corpus résultent six types majeurs de CONSTRUCTIONS avec denn, la première étant [was + sei-/hab-/soll + {comp1} + denn + {comp2}], p. ex. was ist/war denn das ? L’étude de 326 occurrences (sur 1056 sélectionnées de manière aléatoire par AntConc) permet en outre de décrire des facteurs d’utilisation (morpho)syntaxiques, sémantiques, prosodiques, pragmatiques, discursifs et non verbaux, plus ou moins étroitement liés à l’emploi de la particule.

      6. Expressions préformées réservées à la compétence passive de l’AP-LE

       Il n’existe pas à ce jour de preuve empirique démontrant que les locuteurs natifs d’un âge correspondant à celui des apprenants, aient massivement ou même régulièrement recours aux types de phrasèmes « incriminés » dans les types discursifs pertinents pour l’AP-LE. Bien au contraire, leur emploi des proverbes, idiotismes et autres lieux communs dans la conversation « de tous les jours » est statistiquement négligeable (cf. pt. 4). Pourquoi enseigner à des LNN ce que les LN n’utilisent pas et, très souvent, ne connaissent même plus ?

       La maîtrise des conditions d’utilisation et des nombreuses connotations des expressions idiomatiques en particulier, absolument indispensable pour un emploi adéquat des phrasèmes,37 ne peut être acquise dans un environnement institutionnel artificiel face aux nombreuses modalités d’emploi à respecter. De surcroit, ces conditions et connotations semblent aujourd’hui insuffisamment recherchées sur la base de manifestations langagières en contexte naturel au sein de grands corpus. Mis à part le fait que l’on ne dispose pas d’acquis empiriques quant à la fréquence d’utilisation en différenciant le type de locuteur, de situation, de thème, la description linguistique des modes d’emploi prenant en compte systématiquement tous les facteurs (morpho)syntaxique, prosodique, sémantique, pragmatique, discursif, co- et contextuel, etc., fait défaut.

      Afin d’étayer notre jugement, prenons un exemple tiré de l’ouvrage de Bardosi & Ettinger & Stölting (2003, 88), où l’on trouve dans la rubrique « conversation » les expressions idiomatiques imagées : « parler dans sa barbe » (no. 12) accompagnée de l’explication « ~ à voix très basse et de manière indistincte » ; ou encore « tailler une bavette (fam.) » définie en tant que « bavarder » (id., 89). Dans les deux cas, on ne mentionne ni le niveau stylistique, ni les connotations, ce qui peut être surtout préjudiciable dans le deuxième cas, ni le type de situation accueillant un tel énoncé. Un AP-LE qui emploierait tailler une bavette à la place de bavarder serait certainement induit en erreur. Rares sont les cas où une explication dictionnairique suffirait pour garantir un usage adéquat d’un idiotisme par un AP-LE, même si la définition fournie permettrait la compréhension en contexte.

       Or même si des descriptions exhaustives, fondées sur des études de grands corpus, existaient, une sérieuse réserve devrait être opposée à l’emploi des phrasèmes « incriminés » par des AP-LE peu importe leur niveau langagier, à moins qu’ils ne soient véritablement bilingues, statut difficilement atteignable par le biais d’un apprentissage en contexte scolaire. La raison réside dans l’existence de « culturèmes » (cf. Poyatos 1976 et Oksaar 1988), des types de comportement spécifiques au sein d’une culture. Alors qu’il semble exister des activités fortement attendues – les formules de routine, la correction grammaticale, les manières à table, les activités non verbales (distance, embrasser, serrer la main), etc. –, d’autres seraient réservées aux locuteurs natifs et rejetées voire même sanctionnées si produites par le non-natif. Les proverbes, lieux communs et idiotismes métaphoriques font partie de ces culturèmes réservés aux LN. Ces expressions fortement imagées et marquées pourraient en effet appartenir au domaine des culturèmes dont l’emploi par un LNN, peu importe son niveau de maîtrise, susciterait la prise d’une « position haute » sous forme de commentaires ou, au pire, de réactions négatives. Aussi Dobrovol’skij & Lubimova (1993) constatent :

      En tant que locuteur non-natif on doit jouer un double jeu selon le principe : Je me sens chez moi dans cette culture tout en acceptant qu’il s’agit pour moi d’une culture étrangère (id., 156 ; notre traduction).

      Bref, le LNN ne doit à aucun moment prétendre faire partie de la culture de son pays d’accueil, recourir à des phrasèmes idiomatiques prétendrait à une assimilation culturelle qu’un LN, peu importe son propre niveau langagier, qui pourrait même être inférieur à celui du LNN, pourrait rejeter et même sanctionner. Dans l’impossibilité d’étayer ce jugement de manière empirique, nous revendiquons sa véracité à travers les observations de multiples ressortissants étrangers après plus de trente-cinq ans passés en France.

      7. Principes didactiques pour la sélection et transmission des EP

      L’exclusion de l’apprentissage actif des proverbes, lieux communs et expressions idiomatiques n’implique en aucune manière l’impératif d’épurer tous les supports de cours employés

Скачать книгу