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la forêt.

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      image D'immenses caissons métalliques, remplis d'un gaz plus léger que l'air...

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       ENCORE LA SITUATION

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      Les Terriens s'étaient remis en marche, foulant avec volupté ce sol martien sur lequel ils avaient désespéré, durant de si longues heures, de jamais poser le pied; ils avaient oublié leurs membres brisés par la fatigue, leur estomac détraqué par la faim, leur cerveau alourdi par l'angoisse.

      Ils se sentaient revivre et aspiraient avec volupté l'air frais et vivifiant de la nuit.

      Prenant comme phare, pour se diriger dans leur course, cette lueur énigmatique qui augmentait d'intensité à mesure qu'ils avançaient, ils suivaient le bord d'une nappe liquide qui s'enfonçait, ainsi qu'une baie étroite ou l'estuaire d'un fleuve, dans l'intérieur des terres.

      —Penses-tu, réellement, que ce soit là une ville? demanda Gontran à l'oreille de son ami;... tout insipide que soit le mode d'alimentation en usage sur cette planète, j'ai hâte de me restaurer... voilà les tiraillements d'estomac qui recommencent.

      —Que veux-tu que je te dise? mon pauvre vieux, répliqua l'ingénieur; sur ce sujet, je suis aussi ignorant que toi et j'en suis réduit à des suppositions.

      Tout à coup Séléna s'écria:

      —Tiens! une étoile filante!

      Tous levèrent la tête et aperçurent, en effet, un point lumineux qui, d'un rayon enflammé, zébrait l'espace assombri.

      Ce point paraissait s'être détaché de cette agglomération brillante que M. de Flammermont avait pris tout d'abord pour la voie lactée; en outre, on eût dit qu'il se dirigeait vers les Terriens.

      En entendant l'exclamation de sa fille, Ossipoff haussa les épaules.

      —Une étoile! grommela-t-il; mais ma pauvre enfant, tu n'aurais pas eu le temps de la signaler, que déjà elle aurait disparu.

      —Et non seulement elle ne disparaît pas, mais encore elle devient de plus en plus brillante, déclara Farenheit.

      —Ne vous semble-t-il pas apercevoir une masse sombre qui se meut dans le sillage de ce point lumineux? demanda Gontran.

      Fricoulet frappa joyeusement ses mains l'une contre l'autre.

      —Bravo! s'écria-t-il,—cette étoile n'est autre chose que la lampe électrique d'un Martien.

      —Puissiez-vous dire vrai, Monsieur Fricoulet, fit Séléna, à laquelle il tardait, comme à ses compagnons, de se reposer enfin d'aussi longues fatigues.

      Comme elle achevait ces mots, un sifflement se fit entendre, assez semblable à un bruit d'ailes fendant l'espace et, presque aussitôt, un corps s'abattit près des voyageurs.

      Ainsi que l'avait pronostiqué Fricoulet, c'était, en effet, un Martien qui dirigeait sur eux la lumière de la minuscule, mais éclatante lanterne fixée à son front.

      Quand il les eut considérés attentivement, il poussa deux ou trois sons gutturaux.

      L'ingénieur qui, on se le rappelle, avait servi jusqu'alors d'interprète à ses compagnons, s'avança vers l'indigène et échangea avec lui quelques monosyllables rapides.

      Puis, le Martien reprit son vol et disparut, léger comme une flèche, dans la nuit.

      Gontran poussa une exclamation désappointée.

      —Eh bien! quoi, fit-il, il s'en va, comme ça!... et nous?

      —Tranquillise-toi, dit alors Fricoulet, il va revenir avec un véhicule qui, dans la situation où nous nous trouvons, sera, je pense, accueilli joyeusement...

      —Mais ces lumières?... demanda Ossipoff.

      —... Sont celles d'une ville aérienne où nous allons nous rendre.

      —Une ville aérienne! répéta Gontran... ah ça! dans ce maudit pays, c'est de plus fort en plus fort... comme chez Nicolet.

      —Vous ne savez pas de quelle façon est construite cette ville? demanda Ossipoff.

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      —Je vous avouerai, mon cher Monsieur, répliqua l'ingénieur, que je n'ai point pris le temps de demander des explications à ce sujet,... d'autant plus que, pour le moment, cela m'intéresse fort peu.

      —Pourvu que nous trouvions de quoi nous sustenter à notre suffisance et nous reposer en toute sécurité, le reste importe peu, déclara Farenheit.

      Le vieux savant lui lança un regard de travers.

      —Sauvage! grommela-t-il entre ses dents.

      Sans doute la faim décuplait-elle les facultés acoustiques de l'Américain, car l'épithète lui frappa les oreilles et il allait la relever de façon certainement peu agréable pour Ossipoff, lorsqu'au-dessus de leur tête, l'ombre s'illumina soudain de lueurs vives et, presque aussitôt, tombant de l'espace aussi légèrement qu'un oiseau, vint se poser sur le sol, un appareil en tous points semblable à celui qui avait déjà transporté nos voyageurs à la Ville-Lumière.

      À peine y eurent-ils pris place que cette sorte d'hélicoptère s'éleva avec une vélocité incroyable et, fendant les airs, vint, au bout de quelques minutes, s'arrêter sur une vaste plate-forme toute étincelante de lumières et autour de laquelle s'élevaient, assises sur des fondations invisibles, des habitations d'un type identique à celles que nos voyageurs avaient déjà rencontrées sur la planète.

      Une fois débarqués, leur guide les conduisit dans un vaste bâtiment où, après leur avoir remis des fioles de liquide nutritif et leur avoir désigné un amas de duvet étendu sur le sol, leur souhaita le bonsoir et se retira.

      À son réveil, qui fut bien étonné? ce fut Fricoulet en voyant Aotahà qui, debout auprès de son chevet, le considérait en souriant.

      D'un bond il fut debout, enchanté de retrouver ce brave Martien qui s'était montré si complaisant pour lui et ses compagnons, depuis leur séjour sur la planète; et tout de suite il engagea la conversation.

      Il apprit alors que la Ville-Lumière, entraînée par le grand courant équatorial, et après avoir traversé la mer Érythrée, avait abordé, deux jours auparavant, à l'endroit où les Terriens, emportés par le même courant, avaient atterri la veille.

      Les habitants de Tôouh, la ville aérienne, prévenus par voie télégraphique du cataclysme qui s'était produit à la suite de la bataille dans les plaines de la Lybie et avisés de la route suivie par la Ville-Lumière, arrachée de ses fondations, avaient mis à la disposition de ses compatriotes les moteurs nécessaires pour les remorquer eux et leurs habitations jusqu'à l'emplacement qu'ils occupaient primitivement dans la région de l'Équateur.

      —Mais vous, demanda Fricoulet à Aotahà, lorsque le récit de celui-ci fut terminé, comment se fait-il que vous soyez encore ici.

      —Je me préparais à aller à votre recherche, répondit simplement le Martien.

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