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rel="nofollow" href="#ulink_71e2236f-c2ed-5367-abfc-98d75ccbaf81">Table des matières

      Une place publique devant la maison du chevalier de La Motte.

      BERTRAND, seul.

      BERTRAND. Comme mon oncle est bon pour moi! Il m'a montré ses chevaux et ses armes. Oh! ses armes, qu'elles sont belles! Je serai heureux ici! Ma tante me gêne bien un peu; n'importe, je lui obéirai pour vivre auprès de mon oncle. Mais quel est ce grand écriteau qu'on a planté là? Si je savais lire.... Une épée et un beau casque à plumes le couronnent; c'est sans doute quelque prix d'armes. Voilà un enfant qui passe; il saura peut-être ce que cela veut dire. (L'appelant.) Mon ami, qu'y a-t-il sur cet écriteau?

      L'ENFANT. Il y a qu'aujourd'hui, dans une heure, commencera sur cette place une grande lutte, et que le prix du vainqueur sera cette belle épée et ce beau casque à plumes.

      BERTRAND. Oh! si je pouvais les gagner!

      L'ENFANT. Non, vous êtes trop jeune.

      BERTRAND. Trop jeune! je suis plus fort que tous les Rennois! (Se parlant à lui-même) Mais comment faire pour échapper à ma tante? Elle va m'appeler pour l'accompagner à vêpres, et avant une heure la lutte commence.... Je ne serai pas là.... Un autre aura le prix!... Mon Dieu! mon Dieu! c'est bien cruel pourtant de renoncer à cette épée qui est là brillante au-dessus de ma tête.... Je l'aurais gagnée, j'en suis sûr.

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      BERTRAND, la châtelaine de LA MOTTE.

      LA CHÂTELAINE, de la porte de sa maison. Bertrand! Bertrand! toujours dans la rue!... Que faites-vous là?

      BERTRAND. Ma tante, je regardais cette épée; voyez, on dirait qu'elle me regarde. Son acier poli brille comme des yeux.

      LA CHÂTELAINE. Vous ne pensez jamais qu'aux armes et aux combats. Bertrand, c'est aujourd'hui le saint jour du dimanche, venez à l'église, et priez Dieu qu'il vous change.

      BERTRAND, à part. Oh! oui, je vais le prier de me donner le casque.

      LA CHÂTELAINE. Portez mon livre, et suivez-moi.

      BERTRAND. dans l'église. Ma tante, laissez-moi vous attendre ici, sous le portail.

      LA CHÂTELAINE. Non, venez vous agenouiller dans la chapelle.

      BERTRAND, à part. Oh! je le vois, je ne pourrai pas m'échapper.

      LA FOULE. du dehors. La lutte, la lutte commence; accourez, lutteurs!

      BERTRAND. Comment prier en entendant ces cris?

      LA FOULE. La lutte, la lutte commence; accourez, lutteurs!

      BERTRAND. Je n'y tiens plus.... ma tante baisse la tête.... Profitons....

      (Il s'élance hors de l'église.)

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      Une salle intérieure de la maison du chevalier.

      LE CHEVALIER, LA CHÂTELAINE.

      LE CHEVALIER. Calmez-vous, ce sont des traits de jeunesse, mais son coeur est bon.

      LA CHÂTELAINE. C'est un rebelle, un ingrat, un petit misérable. S'échapper de l'église pour aller lutter avec la populace!...

      LE CHEVALIER. Un peu d'indulgence, et songeons d'abord à savoir ce qu'il est devenu.

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      LES MÊMES, UN DOMESTIQUE, puis BERTRAND porté par deux serviteurs.

      UN DOMESTIQUE. Messire Bertrand a été blessé.

      LE CHEVALIER. Pauvre enfant! (Bertrand paraît.) Eh bien? te voilà tout écloppé; il t'est arrivé malheur?

      BERTRAND. Dites bonheur! Je les ai tous terrassés. Mon égratignure guérira, mais le prix me reste. Voyez le beau casque, la belle épée.

      (Il brandit le casque à la pointe de l'épee.)

      LE CHEVALIER. Est-il heureux!

      LA CHÂTELAINE. Il faut pourtant qu'il soit puni de sa désobéissance.

      LE CHEVALIER. Eh bien! je vais lui infliger une grande punition: dans huit jours c'est le tournoi de Rennes; il n'y assistera pas.

      BERTRAND. Vous êtes dur, mon oncle.

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      Grande place publique à Rennes; les maisons sont tendues de tapisseries, les fenêtres encombrées de spectateurs; des gradins entourent la place. On aperçoit sur une estrade toute la famille des du Guesclin.

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      LA COMTESSE, le comte DU GUESCLIN, OLIVIER et JEAN, leurs fils, la châtelaine de LA MOTTE, RACHEL, puis BERTRAND, la foule.

      OLIVIER. Ah! maman, quel plaisir nous allons avoir! le tournoi va commencer.

      JEAN. J'aperçois mon père sur son beau cheval blanc.

      RACHEL, à la comtesse. Comme mon pauvre Bertrand serait joyeux s'il était ici!... et vous l'avez privé de ce plaisir.... Oh! madame, vous êtes bien sévère. Maîtresse, faites-lui grâce, laissez-lui voir ce tournoi, et il changera.

      LA COMTESSE. Ma bonne Rachel, tu juges mal mon coeur de mère; je désirerais revoir l'enfant prodigue, mais sa tante m'a appris qu'il était incorrigible.

      LA CHÂTELAINE. Oui; vous n'en obtiendrez jamais rien par la douceur.

      LA COMTESSE. En songeant à ce qu'il doit souffrir, je voudrais lui pardonner.

      LA CHÂTELAINE. Il n'est plus temps; le tournoi commence.

      LES HÉRAUTS D'ARMES. Le tournoi s'ouvre; trompes, sonnez; bannières, déployez-vous!

      JEAN. Voilà mon père qui s'avance un des premiers.

      OLIVIER. Voilà aussi, mon oncle de la Motte; il se range de son côté.

      LA CHÂTELAINE. Quel est ce chevalier qui vient de franchir la barrière?

      OLIVIER. Comme il est mal équipé!

      JEAN. Quel méchant genet il monte! on dirait un des chevaux de la ferme.

      DES VOIX, dans la foule. Faites sortir du champ clos ce discourtois chevalier.

      BERTRAND. (Il est monté sur un vilain cheval et couvert d'une mauvaise armure.) Moi, sortir! non, jamais! Oh! quelle humiliation!... mais mon oncle est bon, il aura pitié de ma détresse. Je vais me faire connaître à lui.

      LA FOULE. Qu'il sorte! qu'il sorte!

      BERTRAND, s'approchant de son oncle. Noble chevalier....

      LE CHEVALIER. Quoi! c'est toi, Bertrand!

      BERTRAND.

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