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je serais bien fâchée de te faire gronder, mon pauvre Gourmandinet.»

      Et, en disant ces mots, elle sauta lestement de la voiture, franchit les barreaux de la grille et se mit à cueillir les lilas.

      A ce moment, Gourmandinet frémit, se troubla: le remords entra dans son coeur; il voulut tout réparer en rappelant Blondine: mais, quoique Blondine ne fût qu'à dix pas de lui; quoiqu'il la vît parfaitement, elle n'entendait pas sa voix et s'enfonçait petit à petit dans la forêt enchantée. Longtemps il la vit cueillir des lilas, et enfin elle disparut à ses yeux.

      Longtemps encore il pleura son crime, maudit sa gourmandise, détesta la reine Fourbette. Enfin il pensa que l'heure où Blondine devait être de retour au palais approchait; il rentra aux écuries par les derrières, et courut chez la reine, qui l'attendait. En le voyant pâle et les yeux rouges des larmes terribles du remords, elle devina que Blondine était perdue.

      «Est-ce fait?» dit-elle.

      Gourmandinet fit signe de la tête que oui; il n'avait pas la force de parler.

      «Viens, dit-elle, voilà ta récompense.»

      Et elle lui montra un coffre plein de bonbons de toutes sortes. Elle fit enlever ce coffre par un valet, et le fit attacher sur un des mulets qui avaient amené ses bijoux.

      «Je confie ce coffre à Gourmandinet, pour qu'il le porte à mon père. Partez, Gourmandinet, et revenez-en chercher un autre dans un mois.»

      Elle lui remit en même temps une bourse pleine d'or dans la main. Gourmandinet monta sur le mulet sans mot dire. Il partit au galop; bientôt le mulet, qui était méchant et entêté, impatienté du poids de la caisse, se mit à ruer, à se cambrer, et fit si bien qu'il jeta par terre Gourmandinet et le coffre. Gourmandinet, qui ne savait pas se tenir sur un cheval ni sur un mulet, tomba la tête sur des pierres et mourut sur le coup. Ainsi il ne retira même pas de son crime le profit qu'il en avait espéré, puisqu'il n'avait pas encore goûté les bonbons que lui avait donnés la reine.

      Personne ne le regretta, car personne ne l'avait aimé, excepté la pauvre Blondine, que nous allons rejoindre dans la forêt des Lilas.

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      Quand Blondine fut entrée dans la forêt, elle se mit à cueillir de belles branches de lilas, se réjouissant d'en avoir autant et qui sentaient si bon. A mesure qu'elle en cueillait, elle en voyait de plus beaux; alors elle vidait son tablier et son chapeau qui en étaient pleins, et elle les remplissait encore.

      Il y avait plus d'une heure que Blondine était ainsi occupée; elle avait chaud; elle commençait à se sentir fatiguée; les lilas étaient lourds à porter, et elle pensa qu'il était temps de retourner au palais. Elle se retourna et se vit entourée de lilas; elle appela Gourmandinet: personne ne lui répondit. «Il parait que j'ai été plus loin que je ne croyais, dit Blondine: je vais retourner sur mes pas, quoique je sois un peu fatiguée, et Gourmandinet m'entendra et viendra au-devant de moi.»

      Elle marcha pendant quelque temps, mais elle n'apercevait pas la fin de la forêt. Bien des fois elle appela Gourmandinet, personne ne lui répondait. Enfin elle commença à s'effrayer.

      «Que vais-je devenir dans cette forêt toute seule? Que va penser mon pauvre papa de ne pas me voir revenir? et le pauvre Gourmandinet, comment osera-t-il rentrer au palais sans moi? Il va être grondé, battu peut-être, et tout cela par ma faute, parce que j'ai voulu descendre et cueillir ces lilas! Malheureuse que je suis! je vais mourir de faim et de soif dans cette forêt, si encore les loups ne me mangent pas cette nuit.»

      Et Blondine tomba par terre au pied d'un gros arbre et se mit à pleurer amèrement. Elle pleura longtemps; enfin la fatigue l'emporta sur le chagrin; elle posa sa tête sur sa botte de lilas et s'endormit.

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      Blondine dormit toute la nuit; aucune bête féroce ne vint troubler son sommeil; le froid ne se fit pas sentir; elle se réveilla le lendemain assez tard; elle se frotta les yeux, très surprise de se voir entourée d'arbres, au lieu de se trouver dans sa chambre et dans son lit. Elle appela sa bonne; un miaulement doux lui répondit; étonnée et presque effrayée, elle regarda à terre et vit à ses pieds un magnifique chat blanc qui la regardait avec douceur et qui miaulait.

      «Ah! Beau-Minon, que tu es joli! s'écria Blondine en passant la main sur ses beaux poils, blancs comme la neige. Je suis bien contente de te voir, Beau-Minon, car tu me mèneras à ta maison. Mais j'ai bien faim, et je n'aurais pas la force de marcher avant d'avoir mangé.»

      A peine eut-elle achevé ces paroles, que Beau-Minon miaula encore et lui montra avec sa petite patte un paquet posé près d'elle et qui était enveloppé dans un linge fin et blanc. Elle ouvrit le paquet et y trouva des tartines du beurre; elle mordit dans une des tartines, la trouva délicieuse, et en donna quelques morceaux à Beau-Minon, qui eut l'air de les croquer avec délices.

      Quand elle et Beau-Minon eurent bien mangé, Blondine se pencha vers lui, le caressa et lui dit:

      «Merci, mon Beau-Minon, du déjeuner que tu m'as apporté. Maintenant, peux-tu me ramener à mon père, qui doit se désoler de mon absence?»

      Beau-Minon secoua la tête en faisant un miaulement plaintif.

      «Ah! tu me comprends, Beau-Minon, dit Blondine. Alors, aie pitié de moi et mène-moi dans une maison quelconque, pour que je ne périsse pas de faim, de froid et de terreur dans cette affreuse forêt.»

      Beau-Minon la regarda, fit avec sa tête blanche un petit signe qui voulait dire qu'il comprenait, se leva, fit plusieurs pas et se retourna pour voir si Blondine le suivait.

      «Me voici, Beau-Minon, dit Blondine, je te suis. Mats comment pourrons-nous passer dans ces buissons si touffus? je ne vois pas de chemin.»

      Beau-Minon, pour toute réponse, s'élança dans les buissons, qui s'ouvrirent d'eux-mêmes pour laisser passer Beau-Minon et Blondine, et qui se refermaient quand ils étaient passés. Blondine marcha ainsi pendant une heure; à mesure qu'elle avançait, la forêt devenait plus claire, l'herbe était plus fine, les fleurs croissaient en abondance; on voyait de jolis oiseaux qui chantaient, des écureuils qui grimpaient le long des branches. Blondine, qui ne doutait pas qu'elle allait sortir de la forêt et qu'elle reverrait, son père, était enchantée de tout ce qu'elle voyait; elle se serait volontiers arrêtée pour cueillir des fleurs: mais Beau-Minon trottait toujours en avant, et miaulait tristement quand Blondine faisait mine de s'arrêter.

      Au bout d'une heure, Blondine aperçut un magnifique château. Beau-Minon la conduisit jusqu'à la grille dorée. Blondine ne savait pas comment faire pour y entrer; il n'y avait pas de sonnette, et la grille était fermée. Beau-Minon avait disparu; Blondine était seule.

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