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mourir, la vie m'est odieuse; plus d'espoir, plus de bonheur pour la pauvre Blondine; mes amis, mes chers amis, je vous rejoindrai bientôt.

      —Blondine, chère Blondine, dit la fée en la serrant dans ses bras, tes amis vivent et t'aiment, je suis Bonne-Biche, et voici mon fils Beau-Minon. Le méchant génie de la forêt des Lilas, profitant d'une négligence de mon fils, était parvenu à s'emparer de nous et à nous donner les formes sous lesquelles vous nous avez connus; nous ne devions reprendre nos formes premières que si vous enleviez la Rose que je savais être votre mauvais génie et que je retenais captive. Je l'avais placée aussi loin que possible de mon palais, afin de la soustraire à vos regards; je savais les malheurs auxquels vous vous exposiez en délivrant votre mauvais génie de sa prison, et le ciel m'est témoin que mon fils et moi nous eussions volontiers resté toute notre vie Bonne-Biche et Beau-Minon à vos yeux, pour vous épargner les cruelles douleurs par lesquelles vous avez passé. Le Perroquet est parvenu jusqu'à vous malgré nos soins; vous savez le reste, ma chère enfant; mais ce que vous ne savez pas, c'est tout ce que nous avons souffert de vos larmes et de votre isolement.»

      Blondine ne se lassait pas d'embrasser la fée, de la remercier, ainsi que le prince; elle leur adressait mille questions:

      «Que sont devenues, dit-elle, les gazelles qui nous servaient?

      —Vous les avez, vues, chère Blondine: ce sont les jeunes personnes qui vous ont accompagnée jusqu'ici; elles avaient, comme nous, subi cette triste métamorphose.

      —Et la bonne vache qui m'apportait du lait tous les jours?

      —C'est nous qui avons obtenu de la reine des fées de vous envoyer ce léger adoucissement; les paroles encourageantes du Corbeau, c'est encore de nous qu'elles venaient.

      —C'est donc vous, Madame, qui m'avez aussi envoyé la Tortue?

      —Oui, Blondine; la reine des fées, touchée de votre douleur, retira au génie de la forêt tout pouvoir sur vous, à la condition d'obtenir de vous une dernière preuve de soumission en vous obligeant à ce voyage si long et si ennuyeux, et de vous infliger une dernière punition en vous faisant croire à la mort de mon fils et à la mienne. J'ai prié, supplié la reine des fées de vous épargner au moins cette dernière douleur, mais elle a été inflexible:»

      Blondine ne se lassait pas d'écouter, de regarder, d'embrasser ses amis perdus depuis, si longtemps, qu'elle avait cru ne jamais revoir. Le souvenir de son père se présenta à son esprit. Le prince Parfait devina le désir de Blondine et en fit part à la fée.

      «Préparez-vous, chère Blondine, à revoir votre père; prévenu par moi, il vous attend.

      Au même moment, Blondine se trouva dans un char de perles et d'or; à sa droite était la fée; à ses pieds était le prince Parfait, qui la regardait avec bonheur et tendresse; le char était traîné par quatre cygnes d'une blancheur éblouissante; ils volèrent avec une telle rapidité qu'il ne leur fallut que cinq minutes pour arriver au palais du roi Bénin.

      Toute la cour du roi était assemblée près de lui: on attendait Blondine; lorsque le char parut, ce furent des cris de joie tellement étourdissants, que les cygnes faillirent en perdre la tête et se tromper de chemin. Le prince, qui les menait, rappela heureusement leur attention, et le char s'abattit au pied du grand escalier.

      Le roi Bénin s'élança vers Blondine, qui, sautant à terre, se jeta dans ses bras. Ils restèrent longtemps embrassés. Tout le monde pleurait, mais c'était de joie.

      Quand le roi se fut un peu remis, il baisa tendrement la main de la fée, qui lui rendait Blondine après l'avoir élevée et protégée. Il embrassa le prince Parfait, qu'il trouva charmant.

      Il y eut huit jours de fêtes pour le retour de Blondine; au bout de ces huit jours, la fée voulut retourner chez elle; le prince Parfait et Blondine étaient si tristes de se séparer, que le roi convint avec la fée qu'ils ne se quitteraient plus; le roi épousa la fée, et Blondine épousa le prince Parfait, qui fut toujours pour elle le Beau-Minon de la forêt des Lilas.

      Brunette, ayant fini par se corriger, vint souvent voir Blondine.

      Le prince Violent, son mari, devint plus doux à mesure que Brunette devenait meilleure, et ils furent assez heureux.

      Quant à Blondine, elle n'eut jamais un instant de chagrin; elle donna le jour à des filles qui lui ressemblèrent, à des fils qui ressemblèrent au prince Parfait. Tout le monde les aimait, et autour d'eux tout le monde fut heureux.

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