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de boire, et que c’était la vérité.

      « La première chose à faire pour votre mari, dit-il en se tournant vers ma femme, est de l’hospitaliser pour le ‘sortir de la brume’. Je ferai le nécessaire. »

      Il n’a rien ajouté, même à l’intention de ma femme. Ce soir-là, j’étais dans un lit d’hôpital. Le lendemain, le médecin est venu me voir. Il m’a dit que plusieurs anciens alcooliques étaient au régime sec après avoir suivi un certain cheminement et que certains d’entre eux viendraient me rendre visite. Ma femme venait me voir fidèlement. Elle aussi apprenait, peut-être plus rapidement que moi, en parlant avec le médecin qui en était aux choses sérieuses avec moi. Mon ami était l’agent humain au service d’un Père très sage pour me ramener dans le droit chemin.

      Il est facile de répéter du bout des lèvres qu’on a la foi. Il y avait là des hommes qui me rendaient visite et, comme moi, ils avaient essayé tous les moyens et, bien qu’il ait été clair qu’aucun d’eux ne fut parfait, ils étaient la preuve vivante que leur efforts sincères de suivre les enseignements capitaux de Jésus-Christ les aidaient à demeurer abstinents. Si c’était possible pour les autres, j’étais résolu à tenter ma chance, convaincu que cela pourrait aussi m’aider.

      Je suis rentré à la maison quatre jours plus tard, l’esprit clair, en meilleure forme physique et, plus important encore, avec quelque chose de plus que la simple volonté pour m’aider. J’ai connu d’autres de ces alcooliques dont le centre humain était mon médecin. Ils sont venus à la maison. J’ai fait la connaissance de leur femme et de leur famille. Ils nous ont invités chez eux, ma femme et moi. J’ai appris qu’il serait bien de commencer la journée par une prière, ce qui est désormais la coutume chez nous.

      C’est près d’un an plus tard que je suis devenu imprudent. Un jour, j’ai bu quelques verres et je suis rentré à la maison pas abstinent du tout. Ma femme et moi en avons parlé, sachant tous deux que cela était arrivé parce que j’avais cessé de suivre le programme. J’ai reconnu ma faute devant Dieu et j’ai demandé Son aide pour me garder dans le droit chemin.

      Notre foyer est heureux. Mes enfants ne se cachent plus quand ils me voient. Mes affaires vont mieux. Et, ceci est important, j’essaie de faire ma part pour mes compagnons alcooliques. Dans notre ville, nous sommes près de 70, prêts à prendre le temps d’expliquer la voie vers l’abstinence et la raison à des hommes qui sont comme nous étions.

      SOUS LA TUTELLE

      DU TRIBUNAL

      Au moment où je terminais mon secondaire, on a créé une université d’État dans notre ville. Suite à une ouverture de poste pour un adjoint administratif, mon principal m’a recommandé et j’ai obtenu le poste. J’étais son choix et sa fierté, mais quelques années plus tard, je lui ai demandé l’aumône de deux dollars pour boire.

      J’ai vieilli avec l’institution et j’ai eu de l’avancement. J’ai pris une année sabbatique pour étudier dans une école d’ingénierie. Au collège, je me tenais loin des fêtes endiablées et des beuveries.

      La guerre a été déclarée. J’étais loin de chez moi, et au siège du gouvernement de l’État où ma mère ne pouvait faire d’objection, je me suis enrôlé. Outremer, j’ai combattu sur cinq fronts, de l’Alsace jusqu’à la Mer du Nord. Quand je revenais du front, au coin repos, je me remettais des émois du combat avec du vin rouge et du cognac. J’ai connu l’euphorie de l’ivresse. L’attitude qui prévalait à l’époque – « Quoi ? Les boches pourraient t’avoir dans leur ligne de mire » -– n’encourageait pas la modération dans la consommation d’alcool. Nous avons éprouvé de lourdes pertes, mais la véritable catastrophe fut la perte d’un camarade, un lieutenant qui est mort du DT là-bas, après la guerre. Cela n’a pas réduit ma consommation et, de retour aux États-Unis, j’ai pris une longue cuite avant de rentrer à la maison.

      J’avais prévu de cacher à ma mère et à la femme que j’allais épouser que j’étais accro à l’alcool. Mais mon plan a échoué le jour de l’annonce de nos fiançailles. En route, j’ai rencontré un copain d’entraînement, je me suis saoulé et j’ai raté la réception. L’alcool m’avait asséné son premier grand coup. Ce soir-là, je l’ai vue brièvement, mais je n’ai pas eu le courage de faire face à ses parents. Notre histoire était terminée.

      Pour oublier, je suis devenu très actif dans les cercles sociaux, communautaires et civiques de ma ville. Tout ceci en parallèle à mon poste au bureau du Président de l’université d’État. Je suis devenu un leader, le grand feu de paille. J’ai créé la section locale de l’American Legion et j’en suis devenu le premier commandant – j’ai recueilli des fonds et construit un superbe Club commémoratif. J’ai été secrétaire des Elks, des Eagles, de la Chambre de commerce, du Club City et j’ai été très actif dans les cercles politiques. J’étais toujours le bon gars, je contrôlais ma consommation d’alcool, je ne me laissais aller que dans les clubs privés ou quand j’étais loin de chez moi.

      J’ai perdu mon poste de dirigeant du collège suite à l’élection d’un nouveau gouverneur de l’État. Je connaissais le directeur des ventes de la division des titres d’une grande société de service public sur Wall Street et j’ai commencé à vendre des actions. Les émissions et le marché étaient favorables et j’étais en bonne position. J’étais loin de chez moi et j’ai commencé à boire beaucoup. Pour fuir mes compagnons de beuverie, j’ai demandé à être muté dans une autre ville, mais cela n’a rien changé. L’alcool avait pris le contrôle, mes ventes et mes commissions ont baissé, j’étais constamment entre deux vins, vivant sur mes avances, jusqu’à ce que je sois congédié.

      Je me suis pris en main, j’ai cessé de boire et j’ai pris contact avec une agence maritime, une entreprise qui faisait la promotion des voyages en Europe et des études dans la plupart des grandes universités européennes. Nous étions à l’époque de l’alcool frelaté et ma consommation d’alcool au bureau et autour a fait que je n’ai conservé cet emploi qu’un an à peine.

      Je venais de me fiancer et j’ai eu la chance de me trouver un autre emploi comme vendeur pour une grande société. J’ai beaucoup travaillé, j’ai réussi et je ne buvais qu’à l’occasion. Je me suis marié et ma femme a rapidement découvert que je n’étais pas un buveur social. J’ai bien essayé de réduire, mais c’était impossible. Nous nous sommes séparés à plusieurs reprises et elle revenait. Je lui ai fait des promesses et j’ai fait des efforts sincères, mais je perdais à nouveau le contrôle. C’est alors que j’ai commencé à suivre des traitements dans des sanatoriums pour donner satisfaction à ma femme et à ma famille.

      J’étais capable de travailler même si je buvais. Les bains turcs, le bromo-selzer et l’aspirine me permettaient de travailler. Je suis devenu le meilleur vendeur de tout le pays. On m’a donné des territoires plus spécialisés pour enfin être affecté au marché le plus compétitif. J’avais un gros salaire, je méritais des bonis et je remplissais mes quotas. Cependant, il y avait toujours ce point noir de ma consommation d’alcool occasionnelle. On m’a fait venir au bureau une ou deux fois pour m’avertir. Finalement, on ne souhaitait plus me supporter, même si je faisais du bon travail. Tout cela a duré cinq ans et demi.

      J’ai perdu ma femme en même temps que mon travail et mes bons revenus. Ce fut un choc terrible. J’ai essayé de me reprendre mais mon dossier était bien entaché. J’étais découragé et déprimé. J’ai cherché à me consoler dans l’alcool. C’est ainsi qu’ont commencé les quatre années noires de ma vie.

      Je suis rentré chez moi, dans la ville où j’avais déjà été très connu. Nous étions encore au temps de la Prohibition et j’ai fréquenté les clubs où il y avait des bars. J’en étais rendu au point où je gardais un emploi quelques jours, juste le temps d’obtenir une avance pour boire. J’ai eu des démêlés avec la loi – arrêté pour conduite en état d’ébriété et pour avoir

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