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quatre jours plus tard, j’ai découvert qu’ils avaient déjà entendu parler de ma « petite » célébration et qu’ils avaient décidé de me surveiller de près. Après quelque temps, je suis retourné au travail et on m’a affecté à une des tâches les plus difficiles de l’usine. Je n’étais pas en bonne forme et six mois plus tard, j’ai démissionné et je me suis saoulé avec mon dernier chèque de paie.

      Puis, j’ai découvert peu à peu que les amis avec lesquels je buvais de temps à autre semblaient s’éloigner. J’en ai éprouvé du ressentiment et j’ai souvent pensé que le monde entier m’en voulait. J’ai commencé à me tenir dans les bars clandestins. J’ai vendu mes livres, ma voiture et même mes vêtements pour acheter quelques verres.

      Je suis convaincu que c’est ma famille qui m’a empêché de me retrouver dans les refuges pour itinérants ou dans la rue. Je leur serai éternellement reconnaissant de ne pas m’avoir jeté à la porte ou d’avoir refusé de m’aider quand je buvais. Évidemment, je n’ai pas apprécié leur bonté à cette époque, et j’ai commencé à ne pas rentrer pendant mes longues bringues.

      Je ne sais comment, ma famille a appris qu’il y avait deux hommes en ville qui avaient trouvé une façon d’arrêter de boire. Ils m’ont suggéré d’entrer en contact avec eux, mais j’ai répondu : « Si je ne peux contrôler ma consommation par ma propre volonté, aussi bien me jeter en bas du viaduc. »

      Je me suis relancé dans une autre de mes bringues habituelles. J’ai bu pendant environ dix jours sans manger, sauf du café, avant de devenir si malade que j’ai entrepris le combat pour devenir abstinent avec tout ce qui l’accompagne, tremblements, suées nocturnes, nerfs en boule et rêves horribles. Cette fois, j’étais convaincu que j’avais besoin d’aide. J’ai dit à ma mère qu’elle pouvait appeler le médecin qui se trouvait au centre de ce petit groupe d’anciens buveurs. Ce qu’elle a fait.

      J’ai accepté qu’on me conduise dans un hôpital où il m’a fallu plusieurs jours pour retrouver mes esprits et me calmer les nerfs. Puis, un jour, j’ai reçu deux visiteurs : un homme de New York et un avocat local. Au cours de notre conversation, j’ai appris qu’ils avaient bu comme moi, qu’ils avaient trouvé de l’aide et qu’ils avaient pu repartir du bon pied. Plus tard, ils m’ont donné plus de détails et ils ont été directs avec moi en disant que je devrais confier tous mes désirs et mes attitudes à une puissance supérieure à la mienne qui m’en donnerait de nouveaux.

      On me présentait la religion sous un autre jour et cela de la part de trois anciens maîtres-ivrognes. Sur la foi de leurs histoires, j’ai décidé de tenter ma chance. J’ai connu le succès tant que je l’ai voulu.

      Après avoir appris un nouveau mode de vie pendant un an, adopté de nouvelles attitudes et connu de nouveaux désirs, j’ai repris confiance et j’ai relâché la garde. J’imagine qu’on peut dire que j’avais acquis trop d’assurance en mes moyens et c’est reparti ! J’ai commencé par une bière le samedi soir, puis ce fut une bonne bringue. Je savais très bien ce que j’avais fait pour me ramener à cette ancienne peine. J’avais essayé de vivre ma vie selon mes propres moyens au lieu de demander à Dieu de m’inspirer et de me donner de la force.

      Mais, je n’ai rien fait pour corriger la situation. Je me disais : « Qu’ils aillent tous au diable ! Je veux en faire à ma tête. » Je ne suis donc débattu pendant sept mois en refusant toute aide, quelle qu’elle soit. Mais, un jour, j’ai offert d’emmener un autre ivrogne en voyage pour l’aider à devenir abstinent. Quand nous sommes rentrés en ville, nous étions tous deux saouls et nous sommes allés dans un hôtel pour cuver notre vin. Puis, je me suis mis à penser. J’avais été un homme abstinent, heureux pendant un an, je vivais bien et j’essayais de faire la volonté de Dieu. Aujourd’hui, j’avais la barbe longue, j’étais en haillons, j’avais un air hébété et les yeux rouges. J’ai décidé à cet instant de retourner chez mes amis qui m’ont offert de l’aide sans jamais me reprocher mon échec de sept mois.

      C’était il y a plus d’un an. Je ne dis plus que je peux tout faire. Je sais que tant que je demanderai l’aide de Dieu du mieux que je peux, l’alcool ne me nuira pas.

      MA FEMME ET MOI

      Garçon élevé sur une ferme, ayant fréquenté la petite école rouge, j’ai travaillé sept ans, pendant et après la guerre, à un bon salaire dans une ville industrielle en développement, j’ai économisé beaucoup d’argent et j’ai finalement épousé un femme talentueuse, instruite, qui avait un bon sens hors de l’ordinaire et une vision des affaires très éclairée, la partenaire rêvée dans tous les sens du terme.

      Nous avions vingt ans, nous étions ambitieux et croyions à notre succès. Nous parlions constamment de l’avenir, échangions des idées et planifions notre vie. Le travail dans une usine, même bien payé à la pièce et en faisant des économies, ne nous semblait pas la meilleure voie. Nous en avons discuté et décidé de tenter notre chance. Notre première expérience, une épicerie de quartier, a connu du succès. L’idée d’un autre magasin, bien situé dans un centre de villégiature des environs, nous semblait excellente. Nous l’avons acheté et avons entrepris de l’exploiter. C’est alors que s’est produit une baisse généralisée des affaires dans tout le pays. Les clients étant moins nombreux, j’avais beaucoup de temps libre et j’ai commencé à apprécier un peu trop la bière maison et les alcools forts de la prohibition. Cela n’a pas aidé nos affaires. Nous avons fini par faire faillite.

      Les emplois étaient rares, mais en persévérant j’ai retrouvé du travail en usine. Quelques mois plus tard, l’usine fermait. Nous avions de nouveau fait de bonnes économies et comme la situation de l’emploi ne semblait pas devoir s’améliorer, nous avons décidé de nous relancer en affaires.

      Cette fois, nous avons ouvert un restaurant dans une région semi rurale et les choses ont bien fonctionné pendant quelque temps. Ma femme faisait l’ouverture le matin, faisait toute la cuisine et servait les clients. Plus tard dans la journée, je prenais la relève et nous fermions tard pour ne pas rater de clients. Notre établissement est devenu le lieu de rencontre préféré de groupes de fêtards qui se présentaient occasionnellement avec une bouteille.

      Je me disais que j’étais capable de supporter l’alcool car j’étais toujours sur mes deux pieds à la fermeture. Je parlais éloquemment de la façon dont j’espaçais mes consommations, du fait de ne boire que des portions raisonnables et de la folie de ceux qui ingurgitaient de grandes quantités d’alcool. Non, mossieur ! Je ne serais pas un de ces « saoulons » dominés par l’alcool. Jeune et fort, je pouvais résister aux effets de la veille et à la nausée du matin, m’abstenant même de prendre mon premier verre avant l’après-midi. Cependant, après quelque temps, l’idée de souffrir pendant quelques heures ne me plaisait plus.

      Le verre du matin est devenu le premier geste de ma routine quotidienne. J’étais devenu un « régulier ». J’avais mon remède régulier – une bonne lampée pour démarrer la journée sans attendre une heure précise. Auparavant, j’attendais que le besoin se fasse sentir ; bientôt, j’aimais tellement la chose que je n’attendais pas le besoin. Ma femme voyait bien que cela me faisait du tort. Elle m’en a parlé, doucement d’abord, puis, très sérieusement. Allais-je contribuer à tuer notre entreprise alors qu’elle avait justement besoin qu’on la protège ? Nous avons commencé à nous endetter. Ma femme, désireuse d’atteindre le but que nous nous étions fixé et appréhendant les conséquences si je ne me reprenais pas en main, m’a fait un sermon. Nous nous sommes disputés. Je suis parti en colère.

      Notre séparation a duré une semaine ; j’ai beau-coup réfléchi et je suis retourné à ma femme. Doucement, avec un peu de remords, nous avons parlé. Notre situation était pire que je ne l’avais imaginée. Nous avons trouvé un acheteur pour le commerce et nous l’avons vendu. Il nous restait de l’argent.

      J’avais un talent naturel pour la mécanique, j’étais habile avec des outils. Nous sommes rentrés

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