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la plupart, sinon tous nos problèmes, venaient du fait que nous avions perdu contact avec la notion de Dieu, avec Dieu lui-même. Toute ma vie, dit-il, j’ai agi selon ma propre volonté et non selon celle de Dieu et la seule manière infaillible d’arrêter de boire dans mon cas a été de confier ma volonté à Dieu et de le laisser régler mes difficultés.

      Je n’avais jamais considéré les choses sous cet angle, je m’étais toujours senti loin d’un Être Suprême. « Doc », comme je l’appellerai désormais, était convaincu que la loi de Dieu était la Loi de l’Amour et que tous le ressentiment que j’avais nourri et entretenu avec l’alcool venait du fait que, consciemment ou non, peu importe, j’avais désobéi à cette loi. Étais-je prêt à confier ma volonté ? J’ai dit que je tenterais de le faire. Pendant que j’étais encore à l’hôpital, en plus de ses vi-sites, j’ai eu droit à celles d’un jeune homme, gros buveur pendant des années, et qui avait rencontré « Doc » et avait essayé ce remède.

      À l’époque, les anciens alcooliques de cette ville, qui sont aujourd’hui beaucoup plus nombreux, se limitaient à Doc et à deux autres personnes. Pour s’aider mutuellement et comparer leurs expériences, ils se réunissaient une fois par semaine dans une maison privée pour discuter. Dès ma sortie de l’hôpital, je me suis joint à eux. Les réunions étaient informelles. En choisissant l’amour comme commandement de base, j’ai découvert que mes efforts soutenus de mettre la loi de l’amour en pratique m’ont permis de me libérer de certaines malhonnêtetés.

      J’ai repris mon travail. Des nouveaux sont arrivés et nous étions heureux de leur rendre visite. J’ai découvert que mes nouveaux amis m’aidaient à demeurer dans le droit chemin et que la vue de chaque nouvel alcoolique à l’hôpital était pour moi une leçon de choses. Je voyais en eux ce que j’avais été, ce que je n’avais jamais réussi à faire auparavant.

      Me voici rendu à la partie difficile de mon histoire. Il serait bien de dire que j’ai progressé au point de me réaliser pleinement, mais ce ne serait pas vrai. Mon expérience ultérieure montre une 0morale tirée d’une leçon difficile et cruelle. Pendant deux ans après que Dieu m’eut aidé à cesser de boire, les choses se sont déroulées paisiblement. Puis, quelque chose s’est produit. J’appréciais l’amitié de mes compagnons ex-alcooliques et je me débrouillais bien dans mon milieu de travail et dans mon petit cercle d’amis. J’avais en grande partie regagné l’estime de mes anciens amis et la confiance de mon employeur. Je me sentais bien – trop bien. Petit à petit, j’ai commencé à dévier du programme que je tentais de suivre. Après tout, me disaisje, devais-je suivre un programme pour demeurer abstinent ? J’étais alors abstinent depuis deux ans et les choses allaient bien. Quel mal y aurait-il à continuer tout en sautant une réunion ou deux. Si je n’étais pas là physiquement, du moins j’y serais en esprit, me disais-je comme excuse, car je me sentais un peu coupable de ne pas y être.

      J’ai aussi commencé à négliger mes contacts quotidiens avec Dieu. Rien n’a changé – du moins pas sur le moment. Puis, j’ai pensé que je pourrais me suffire à moi-même. Dès que cette idée – que Dieu était bien utile durant les premiers jours et mois de mon abstinence, mais que je n’avais plus besoin de Lui aujourd’hui – a fait son apparition, j’étais fait comme un rat. Je me suis écarté de la vie que je tentais de vivre. J’étais en réel danger. Je n’étais qu’à un pas de penser que mes deux années de formation en totale abstinence étaient ce qu’il me fallait pour me permettre de prendre un verre de bière. Le goût m’est revenu. Je suis devenu fataliste et peu après, je buvais en sachant que je me saoulerais, que je resterais saoul, et ce qui arriverait inévitablement.

      Mes amis sont venus à mon secours. Ils ont essayé de m’aider, mais sans succès. J’avais honte et je préférais qu’ils ne viennent pas me voir. Ils savaient que tant que je ne voudrais pas cesser de boire, tant que je préférerais ma propre volonté à celle de Dieu, le remède ne fonctionnerait pas. Quelle idée saisissante que de penser que Dieu ne force jamais personne à suivre Sa volonté, que Son aide est toujours disponible mais qu’il faut la demander avec ardeur et humilité.

      Cet état a duré des mois au cours desquels je m’étais volontairement fait interner dans une institution privée pour me remettre en forme. La dernière fois que j’ai repris mes esprits, j’ai demandé à Dieu de m’aider à nouveau. Tout honteux que j’aie été, je suis retourné au mouvement. Ils m’ont accueilli, m’ont offert toute l’aide individuelle ou collective dont je pourrais avoir besoin. Ils ont fait comme si rien ne s’était passé. Je crois que le témoignage le plus éloquent de l’efficacité de ce remède, c’est que j’ai toujours su pendant ma rechute que ce remède fonctionnerait si je lui en donnais la chance, mais j’étais trop entêté pour l’admettre.

      Il y a un an de cela. Soyez assuré que je ne m’éloigne pas de ce qui s’est avéré bon pour moi. Je ne prends pas le risque de trop m’écarter. J’ai aussi découvert que par un simple acte de foi, j’obtiens des résultats en confiant ma vie à Dieu chaque jour, en lui demandant de me garder abstinent pendant 24 heures et en tenant de faire sa Volonté. Il ne m’a pas encore laissé tomber.

      LA RECHUTE

       DE SEPT MOIS

      À quatorze ans, alors que j’aurais dû être à la maison sous la surveillance de mes parents, j’étais dans l’armée des États-Unis, engagé pour un an. Je me suis retrouvé en compagnie d’un groupe d’hommes pas très fréquentables pour un garçon de quatorze ans qui avait facilement l’air d’en avoir dix-huit. J’ai transféré mon culte du héro à ces hommes du monde. J’imagine que le pire tort qui me soit arrivé au cours de cette an-née dans les baraques de l’armée a été la naissance d’une admiration presque inconsciente pour leur mode de vie apparemment heureux. En quittant l’armée, je me suis rendu au Mexique où j’ai travaillé pour une société pétrolière. Là, j’ai appris à ingurgiter une bonne quantité de bière sans effet nocif. Plus tard, j’ai chevauché les plaines du Texas en tant que cowboy et je me rendais souvent en ville avec les gars pour « célébrer le jour de paie ». Au moment de rentrer chez moi dans le Midwest, je connaissais plusieurs façons de vivre, sans parler d’une attitude qui faisait que je n’avais besoin des conseils de personne. Les dix années suivantes sont un peu embrouillées. Au cours de cette période, je me suis marié et j’ai fondé un foyer et tout allait pour le mieux pendant un temps. Rapidement, j’ai commencé à m’amuser en faisant la ronde des bars clandestins. Bien sûr, j’ai échappé à nos lois nationales, mais je n’ai pas aussi bien réussi à échapper à la bonne vieille morale.

      Je travaillais pour une grande entreprise industrielle et j’avais été promu superviseur. Malgré les soirées bien arrosées, pendant trois ou quatre ans j’ai pu me rendre au travail chaque matin. Puis, peu à peu, les lendemains de veille sont devenus plus difficiles et j’ai commencé, non seulement à avoir besoin de quelques verres avant d’aller travailler, mais j’ai découvert qu’il était préférable de rester à la maison pour laisser le temps faire son œuvre. Mes patrons ont tenté de me donner de bons conseils. Quand cela n’a rien donné, ils ont pris des mesures plus radicales en me suspendant sans salaire. À plusieurs reprises, ils ont caché mes absences fréquentes pour éviter qu’elles n’attirent l’attention des grands patrons de la société.

      Je croyais pouvoir contrôler ma consommation d’alcool si je le voulais bien et je considérais que mes absences n’étaient pas plus graves que celles des autres employés et patrons qui pouvaient boire impunément.

      Il n’est pas difficile d’imaginer qu’une telle consommation d’alcool a des effets négatifs sur la vie matrimoniale. Après avoir démontré que je n’étais ni fidèle ni capable de demeurer abstinent, ma femme m’a quitté et a demandé une séparation. C’était une bonne raison pour me saouler.

      En 1933 et 1934, j’ai été congédié à plusieurs reprises, mais j’ai toujours réussi à reprendre mon emploi en promettant de m’améliorer. La dernière fois, j’en étais

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