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première fois étant parti de Bologne la nuit, je n'avais pas vu les environs; il y a des palais superbes; entre autres celui du marquis Aldrovandi Marescotti et celui du prince Hercolani encore plus beau.

      À Parme, à Modène et Bologne les étrangers payent au spectacle le double du prix payé par les gens du pays.

      23 novembre.—Parti de Bologne pour Ancône à huit heures du matin; passé par Imola, petite ville où il y a beaucoup de noblesse.

      À Faenza il y a une fabrique de faïence considérable (c'est de là que vient son nom). J'y ai vu des ouvrages très curieux imitant la porcelaine. (Il passe à Cesena, Rimini et Pesaro.)

      25 novembre 1787.—Parti de Pesaro à une heure après midi, arrivé à Fossonbrone à six heures avec de la pluie et de très mauvais chemins.

      En arrivant j'ai trouvé Pierre Moci, qui a voulu absolument me loger chez lui, ce à quoi j'ai consenti, pour jouer un tour au maître de poste, qui avait le front de me demander 15 pauls pour une nuit.

      26 novembre.—Séjour à Fossonbrone à cause de la neige.

      27 novembre.—Je pars à quatre heures du matin; beau clair de lune, temps froid; passé à Sinigalia, très joli petit port de mer sur l'Adriatique.

      Arrivé à trois heures à Ancône, ville très commerçante, qui augmente tous les jours.

      28 novembre.—Parti d'Ancône à huit heures j'arrive à Lorette à midi.

      Je vois l'église et la Sainte-Chapelle, Santa Casa, qui suivant une ancienne tradition est la maison où Notre-Seigneur Jésus-Christ s'est incarné. C'est-à-dire la maison de la sainte Vierge. On a laissé les murs dans leur état naturel, on s'est borné à orner les lambris d'une grande quantité de lampes d'argent massif d'un poids considérable.

      Le trésor renferme des richesses incroyables, diamants, perles, rubis, etc., provenant des largesses des plus grands princes de l'Europe.

      Arrivé à Macerata à quatre heures et demie je suis obligé de m'arrêter pour faire remettre des vis à ma chaise et parce qu'on m'annonce qu'il y a du danger sur le chemin.

      29 novembre.—Parti de Macerata avant jour; arrivé à Tolentino, j'apprends que le passage du col Fiorito (Apennins) est intercepté par les neiges et l'on me fait attendre trois heures.

      Je pars pourtant sur de nouveaux renseignements, qui annoncent qu'on a fait le passage; je trouve beaucoup de neige qui rend le chemin difficile; j'arrive non sans peine à Serravalle au pied des Apennins.

      Le maître de poste de Ponte-della-Trava, voulant me faire coucher chez lui, m'avait annoncé que je trouverais grand monde à Serravalle, et que je ne pourrais pas me loger. Je ne me laisse pas faire et voyant surtout qu'il veut m'étrangler pour le prix, je demande des chevaux; il me les refuse sous prétexte qu'il n'en a pas.

      Cependant il en arrive et me les fait payer un prix exorbitant, que je suis obligé de subir parce qu'il n'y a point de juge dans cet endroit.

      Me voici donc à Serravalle, j'y soupe et j'y couche au prix assez fort de 10 pauls (5 fr. 60 environ), pour un mauvais souper et un mauvais lit; après avoir passé la soirée avec la duchesse de Sampiari, de Naples, qui venait de traverser la montagne et se rendait à petites journées à Lorette.

      30 novembre.—J'avais donné mes ordres pour partir au point du jour; je me lève à sept heures, je fais chercher mes gens; tous à la messe pour fêter saint André! au retour il faut bien déjeuner; au lieu de partir à sept heures nous ne partons qu'à huit heures et demie avec quatre chevaux et deux hommes pour soutenir la chaise dans les mauvais pas!

      Comme le ciel était serein je fis le voyage très heureusement, et j'arrivais à deux heures et demie à Foligno, ville d'Ombrie assez peuplée; on y compte 22,000 habitants.

      1er décembre 1787.—Les maîtres de poste de la Romagne sont les plus grandes canailles qu'il y ait au monde; ils font aux voyageurs toutes les insolences dont ils peuvent s'aviser et cherchent toujours à les duper s'ils n'ont aucun moyen de se faire rendre justice.

      Au col de la montagne Fiorito, la marquise Ghilini, d'Alexandrie, qui l'a traversé la veille de mon passage, avait avec elle vingt hommes pour faire le chemin; elle a vu cinq de ces malheureux, les couteaux à la main, contre elle et son domestique, parce que ce dernier leur faisait le reproche, bien mérité, d'avoir exposé par leur faute la marquise à tomber dans le précipice.

      Avec cette race, on est obligé de les remercier de ce qu'ils veulent bien prendre l'argent qu'ils vous forcent de donner.

      Le ruspone, soit la pièce de 3 sequins de Florence, est tarifée à 65 pauls et 1 bayoque romains, dans les États du Pape. Dans la route de Lorette à Rome, les maîtres de poste ne veulent le prendre que pour 63 pauls, quelques-uns même pour 62. Les pauvres voyageurs, qui, sur la foi du tarif, n'ont dans leur poche que des triples sequins toscans, sont réduits, dans la route, à perdre 2 ou 3 pauls par ruspone.

      Avis aux voyageurs d'avoir toujours dans leur escarcelle de l'argent du pays.

      Pressé d'arriver à Rome pour y trouver les lettres qui m'y attendaient, je me décide à voyager jour et nuit; j'avais un beau clair de lune, j'y voyais comme en plein jour.

      J'ai traversé, sans m'y arrêter, Spolette, Terni, Narni, Otricolli, Castellana; toutes ces villes sont en pays de montagne.

      Avant d'arriver à Rome à quatre lieues de distance, on distingue le dôme de Saint-Pierre.

      J'arrive à Rome à trois heures et demie par la porta et la piazza del Popolo. Je me loge chez Damon, hôtel des Français, via della Croce, allant du Corso à la place d'Espagne.

      2 décembre.—Le matin, toilette faite, je suis allé à la chapelle du Saint-Père, où il chantait une messe solennelle pour l'ouverture de l'Avent, assisté de tous les cardinaux, avec un monde considérable.

      Après la messe, tout le cortège ecclésiastique a fait la procession de la chapelle Sixtine à la chapelle Paolina, pour célébrer l'ouverture des quarante heures.

      Après l'exposition du Saint-Sacrement, la procession est retournée d'où était venue, et tout a été dit.

      Ces deux chapelles sont très belles et méritent d'être revues avec moins de foule. L'église de Saint-Pierre, à côté du Vatican, jouit avec raison de la réputation d'être la première église du monde. Elle frappe au premier coup d'œil par sa grandeur. (Description de Saint-Pierre.)

      L'après-dîner s'est employé à rendre les lettres de recommandation ainsi que la matinée du lendemain; je n'ai vu que les rues et les places en courant en voiture.

      3 décembre 1787.—Le pont Saint-Ange... Le château Saint-Ange, c'est là qu'on a trouvé dans le tombeau d'Adrien des œuvres de Phidias... Castor et Pollux avec leurs chevaux, dont le plus grand mérite est leur antiquité.

      L'entrée de Rome par la place del Popolo est majestueuse.

      Les carrosses font tous les soirs le cours dans la rue du milieu (il corso), surtout le dimanche quand il fait beau (depuis cent ans c'est toujours de même).

      La villa Borghèse, que nous avons visitée cet après-dîner, est fort intéressante. J'y suis allé avec M. et Mme Schulteis et Mme Veraci, Florentine, qui leur était recommandée.

      Arrivé à Rome le 1er décembre 1787, Henri Jordan y est resté plus d'un mois, jusqu'au 5 janvier 1788; il y a passé quelques jours encore à son retour de Sicile.

      Ceux qui ne connaissent pas Rome feront bien de passer rapidement les pages suivantes; ceux, au contraire, qui l'ont vue, retrouveront avec intérêt les noms de toutes les choses qu'ils connaissent et qui depuis un siècle ont peu changé.

      Il

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