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Le marquis de Loc-Ronan. Ernest Capendu
Читать онлайн.Название Le marquis de Loc-Ronan
Год выпуска 0
isbn 4064066085971
Автор произведения Ernest Capendu
Жанр Языкознание
Издательство Bookwire
—Un pur patriote!
—Dame! il était à Paris en septembre.
—Vive Pinard! hurla la bande.
—Mais, fit observer une voix, Gonchon n'aura pas le temps de les juger!
—On ne jugera pas! répondit Pinard.
—C'est vrai, ajouta Brutus; ça nous épargnera du temps.
—Alors, c'est bien convenu, bien entendu? demanda encore Pinard.
—Oui! oui! oui!
—Eh bien! qui est-ce qui veut venir avec moi porter la motion au citoyen Carrier?
—Moi! moi! moi! crièrent vingt bouches différentes.
—Vous êtes trop pressés, mes Romains. Il ne m'en faut que deux, et je désigne Brutus et Chaux.
Les deux sans-culottes désignés étaient ceux qui portaient à leurs bonnets des oreilles sanglantes. Pinard sauta à bas de son banc, et, au milieu d'un concert louangeux d'énergiques félicitations, il se dirigea vers la porte donnant accès dans l'intérieur de la maison. Chaux et Brutus le suivirent.
La demeure de Carrier était gardée soigneusement de toutes parts. On n'y pénétrait jamais, même les familiers les plus connus, sans un mot de passe, changé chaque jour. L'exemple de Marat, assassiné le 14 juillet précédent, était toujours devant les yeux du proconsul. Il redoutait les vengeances particulières qu'auraient pu exercer sur lui les parents de ses victimes. Aussi se faisait-il garder à vue. Néanmoins, Pinard et ses deux amis pénétrèrent facilement dans la maison, car tous trois avaient le mot d'ordre. Arrivés au premier étage, un factionnaire les empêcha de passer.
—Est-ce que le citoyen n'est pas dans son cabinet? demanda Pinard.
—Si fait.
—Alors je vais lui parler.
—Pas maintenant. Il est en conférence, et il m'a donné l'ordre d'empêcher d'entrer.
—Alors nous allons attendre dans le salon.
—Tu en as le droit, d'autant que ça ne sera pas long.
Pinard, Chaux et Brutus poussèrent une porte à deux battants et entrèrent dans une vaste pièce parfaitement meublée et garnie de sièges en bois doré, recouverts d'étoffes de soie. Ils allumèrent leurs pipes au brasier qui brûlait dans la cheminée, et, s'enfonçant chacun dans un moelleux fauteuil, ils se mirent en devoir de passer en causant le temps de l'attente. Le contraste qu'offraient ces hommes aux costumes hideux, tout maculés de taches de sang, et ce mobilier superbe, était quelque chose d'impossible à décrire. De temps en temps on entendait à travers l'épaisseur de la muraille un bruit de voix confus arriver jusqu'au salon. Ce bruit de voix partait du cabinet du proconsul.
—Le citoyen a l'air de se fâcher, dit Brutus en lâchant une énorme bouffée de fumée.
—Peut-être bien qu'il se dispute avec sa femme, répondit Pinard.
—Ou qu'il s'amuse avec la citoyenne Angélique Carron, ajouta Chaux en riant.
—Et comment Angélique vit-elle avec sa nouvelle compagne? demanda Pinard.
—Laquelle?
—Ah! c'est vrai, ce Carrier est pire qu'un Turc. Il en change tous les jours.
—Dame! il a les prisons à sa disposition. Il fouille là dedans et prend ce qui lui plaît.
—Avec ça que vous vous en privez, vous autres de la compagnie Marat!
—Tiens! est-ce que les femmes d'aristocrates ne sont pas bien faites pour nous amuser?
—Et sont-elles assez bêtes! dit Brutus en riant d'un gros rire; on leur promet la liberté, ou celle de leur frère, de leur père; elles croient cela, et elles sont douces comme des agneaux!
—Et les religieuses de la Miséricorde qu'on nous a amenées dernièrement! Il y en avait deux qui étaient jolies comme des amours.
—Oui; elles plaisaient assez à Grandmaison.
—C'est donc cela qu'il les a fait sortir des prisons pendant deux jours?
—Tiens! il a eu un peu raison.
—Ça devait être ennuyeux! elles étaient devenues folles toutes les deux[3]!
—Imbécile! qu'est-ce que cela fait?
—A propos, Pinard! fit Chaux en se tournant vers le sans-culotte; j'ai visité les registres, et j'ai vu le nom d'un ci-devant domestique d'aristocrate que j'ai connu autrefois, et qui est incarcéré depuis plus de deux mois.
—Eh bien?
—On lui fait donc des passe-droit à ce gaillard-là? Il devrait être expédié depuis longtemps.
—Comment le nommes-tu?
—Jocelyn.
—Ah! oui, l'ancien valet du ci-devant marquis de Loc-Ronan.
—Tu le connais aussi?
—Je l'ai vu en Bretagne autrefois.
—C'est un aristocrate comme son ci-devant maître.
—Je le sais bien. Mais Carrier m'a donné l'ordre positif de ne pas le faire passer avec les autres, ainsi que son compagnon, un autre aristocrate aussi!
—Tu les a vus?
—Non! je sais qu'ils sont incarcérés, voilà tout.
—J'ai été visiter les prisons avant-hier, dit Brutus, et je me suis trouvé avec les gens dont vous parlez. Eh bien! je parierais que ce compagnon du valet est un ancien maître, un ci-devant, un chien d'aristocrate qui se cache sous un faux nom.
—Tu crois?
—J'en réponds.
—J'irai voir cela, répondit Pinard.
—Mais pourquoi Carrier veut-il qu'on garde ces deux brigands-là?
—Je n'en sais rien; c'est un ordre positif, voilà tout: mais j'éclaircirai la chose. En attendant, que Carrier adopte mon projet, et nous serons libres de faire filer dans la masse qui bon nous semblera.
—Ça me va un peu! s'écria Chaux en se frottant les mains, tous mes aristocrates de créanciers y passeront.
—Et tu seras libéré?...
—Sans que ça me coûte rien, au contraire!
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