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peuvent être évitées, ou leurs mauvais effets heureusement réparés.

      Plusieurs de ces moyens étonneront peut-être le lecteur, accoutumé aux complications savantes de la médecine d'aujourd'hui; et leur simplicité même lui semblera peut-être avoir quelque chose de révolutionnaire. C'est un danger que j'ai prévu, et que, certes, je n'affronte pas de gaîté de coeur. Mais il n'y a pas une ligne de mon livre qui ne dérive, à la fois, d'une expérimentation méthodique et de réflexions patiemment mûries. Si jamais l'on peut être sûr de quelque chose, en une matière aussi variable et aussi délicate, je suis sûr de l'efficacité des avertissements et des conseils qu'on trouvera ici. Puissent-ils seulement être entendus, et porter leur fruit!

      Ce livre était déjà sous presse lorsque j'ai reçu l'intéressant ouvrage de mon confrère et ami le Dr. Sigaud sur Les Origines de la «maladie» (1 vol. Maloine, 1906). Je regrette de n'avoir pas pu en citer certaines pages qui s'accordent avec les idées que j'ai moi-même exprimées sur plusieurs points, et, notamment, sur le danger qu'il y a à attacher trop d'importance aux symptômes en pathologie.

       Table des matières

       Table des matières

      CHAPITRE I

      LE CAPITAL BIOLOGIQUE

      L'hypothèse joue, dans les progrès do toutes les connaissances humaines, un rôle considérable; ce n'est une nouveauté pour personne, mais cette vérité nous a été récemment rappelée, et exposée avec une clarté nouvelle, par le remarquable travail de M. Poincaré, intitulé: La Science et l'Hypothèse. Il y est démontré que ni les mathématiques, ni les sciences physiques ou chimiques, ne pourraient exister si elles n'avaient pour point de départ des hypothèses. «Il y a, dit M. Poincaré, plusieurs sortes d'hypothèses: les unes sont vérifiables, et, une fois confirmées par l'expérience, deviennent des vérités fécondes; les autres, sans pouvoir nous induire en erreur, peuvent nous être utiles en fixant notre pensée; d'autres enfin (comme le postulatum d'Euclide) ne sont des hypothèses qu'en apparence, et se réduisent à des définitions et à des conventions déguisées». Plus encore que les sciences dites exactes, les études biologiques ont besoin du secours de l'hypothèse, car c'est d'elles que l'on peut surtout dire que «nous n'y savons le tout de rien.»

      Sans avoir aucunement la prétention de bouleverser les sciences biologiques, mais simplement pour m'aider à fixer ma pensée, je demanderai, à mon tour, qu'on m'accorde une sorte de postulatum, qui nous aidera à nous rendre compte de la plupart des phénomènes de la biologie et de la pathologie.

      Voici ce postulatum:

      Je supposerai que chaque être, en naissant, reçoit un certain capital d'énergie vitale, de la valeur et de l'emploi duquel dépendront et sa santé, et sa longévité: un capital donnant des intérêts variables suivant chaque individu et suivant chaque période de la vie. J'ajouterai que ce capital peut être, à toute période de la vie, amoindri par une cause accidentelle, et que les intérêts qu'il produit sont également variables aux diverses périodes de la vie.

      Or, cette hypothèse étant accordée, l'objet du présent travail sera d'étudier, d'un bout à l'autre de la vie, la meilleure manière de faire valoir ce capital, et de le défendre contre les influences qui ne cessent pas de le menacer. Ces influences sont ce qu'on appelle les «causes morbigènes», et leurs assauts sont ce qu'on appelle les «maladies».

      L'homme malade est donc, dans notre hypothèse, celui qui vient de subir une de ces diminutions de son capital biologique: d'où il résulte que, avant d'étudier le malade, et les causes morbigènes, nous devons d'abord envisager le capital initial, et les causes qui en font varier la valeur.

      Considéré au point de vue théorique, c'est-à-dire en négligeant les influences qui peuvent le faire accidentellement diminuer, le capital initial est comparable à la force qui lance un projectile dans l'espace. Or, les mathématiciens savent exactement quelle doit être la courbe parcourue par le projectile, du moment qu'ils connaissent la vitesse initiale et la masse. Et pareillement nous pourrions, nous aussi, prévoir la courbe que suivra la santé d'un sujet, si nous pouvions connaître exactement le capital de vie qu'il apporte en naissant. Mais le fait est que, chez les différents êtres humains, le capital initial varie dans des proportions si énormes que nous ne pouvons guère nous flatter d'en avoir une notion précise.

      Pour des causes que nous chercherons à analyser, il y a des êtres chez qui le capital initial est nul: ce sont eux qui meurent en naissant, ou un ou deux jours après leur naissance, sans «maladies» ni lésions appréciables; tels certains enfants de syphilitiques, qui meurent parce qu'il n'ont pas la force de vivre.

      A l'autre extrémité de l'échelle se placent les aristocrates de la santé, doués d'un capital énorme, et qu'on voit atteindre à des âges avancés sans avoir jamais été malades, sans avoir jamais pris de précautions spéciales pour conserver leur santé. Ainsi, j'ai connu, non comme médecin, mais comme ami, un général mort à quatre-vingt-douze ans, et qui n'avait jamais été arrêté par la moindre indisposition. On peut même dire qu'il est mort sans «maladie»; il a tout simplement cessé de vivre, comme le boulet, arrivé à la fin de sa course, cesse de progresser et rentre dans l'immobilité.

      Entre ces deux extrêmes se trouve une variété infinie d'intermédiaires; et l'on peut dire qu'il n'y a pas deux personnes ayant le même capital biologique initial.

      Cependant les différences dans le capital initial ne sont pas si grandes qu'on ne puisse, tout au moins, en déterminer les causes principales, dont l'étude se trouve être, ainsi, d'une importance majeure. Ces causes peuvent être groupées sous trois chefs:

      1° Les influences héréditaires;

      2° La valeur actuelle des générateurs au moment de la conception;

      3° Les influences qui ont pu atteindre le produit pendant la gestation.

      CHAPITRE II

      HÉRÉDITÉ

      L'hérédité tient une place considérable dans tous les problèmes de la vie; et, comme l'indique bien l'étymologie du mot hoerere, (être attaché), tout être vivant est relié à un long passé ancestral. Les végétaux eux-mêmes n'échappent point à cette loi: le souci des horticulteurs n'est-il pas de créer, par de savants procédés de culture et d'habiles sélections, des types capables de transmettre par hérédité certaines qualités développées? Ils y arrivent jusqu'au jour où, quand ils ont voulu trop profondément ou trop vite forcer la nature, la plante revient à son état sauvage, ou demeure stérile pour avoir été trop surmenée. Et les mêmes observations sont familières aux éleveurs qui cherchent à perfectionner les races d'animaux domestiques.

      Hérédité est donc un terme de physiologie signifiant que la constitution organique, la manière d'être physique ou mentale, se transmet des parents aux enfants ou aux descendants.

      L'hérédité se rencontre partout; c'est elle qui constitue les grands traits de caractère si différents de chaque race; c'est elle qui fait que les vertus, les vices, les passions, les haines, se transmettent dans le sein des familles aussi bien que la beauté, la couleur des yeux, la taille, etc. Souvent elle est directe, c'est-à-dire qu'elle provient du père ou de la mère; parfois elle saute une ou deux générations; d'autres fois, enfin, elle est indirecte: c'est le type d'un parent de la ligne collatérale qui prend la place. Mais il est rare que, dans le cours de la vie, elle ne se manifeste pas d'une manière quelconque.

      Le

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