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       Table des matières

      Rodolphe éprouvait une rude angoisse pendant cette conversation. Il voyait ses espérances tomber une à une comme les feuilles quand le frimas d'octobre les a recouvertes de sa froide poussière d'argent. Il aimait depuis longtemps mademoiselle D'Aucheron. Il l'avait connue dans une des solennelles fêtes de l'Université Laval.

      Il recevait ses diplômes et la médaille d'or. On l'avait acclamé. Il resplendissait dans son triomphe, et pourtant son maintien grave avait gardé une suave modestie. On eût dit qu'il ignorait son mérite et que l'ovation n'était point pour lui.

      Parmi les petites mains blanches qui battirent bien fort, ce jour là, les plus vaillantes furent celles de mademoiselle Léontine.

      Tout modeste que l'on soit, on lève les yeux de temps à autre, surtout vers des galeries peuplées de jolies femmes qui vous regardent curieusement et vous admirent au moins un peu. Rodolphe avait levé les yeux et rencontré sur son passage le minois gracieux de mademoiselle D'Aucheron. Le regard de la jeune fille croisa le sien. Deux regards qui se croisent produisent souvent un effet merveilleux. C'est comme deux courants électriques. Le feu s'allume soudain au fond du coeur, comme si les regards partaient de ce coin secret de notre être.

      Quelques heures plus tard la ville se promenait sur l'immense terrasse Frontenac, à 200 pieds au dessus des hautes maisons noires de la rue Champlain, à 150 pieds au-dessous de l'imprenable citadelle. La fanfare, sous la direction de Vézina, l'habile chef d'orchestre, jetait au ciel ses éclats sonores qui se répercutaient sur les rochers voisins; le fleuve dormait dans son lit profond; les navires immobiles avec leurs grands mâts garnis de cordages, ressemblaient à une forêt dépouillée par l'hiver. Le bruit continu des camions, des charrettes des wagons, qui serpentaient dans les rues étroites de la basse-ville, montait comme un grondement de tonnerre vers les calmes allées des remparts. Les hommes d'affaire, les flâneurs, les étudiants, les dames de l'aristocratie, les demoiselles, les bonnes d'enfants, les gamins, les désoeuvrés, les curieux, les employés du gouvernement, les chercheurs d'aventures ou de distractions, les avocats en quête de paradoxe, les médecins fuyant les remords, les notaires placides, les ouvriers de tout métier, les hommes politiques de toutes couleurs, les chercheurs de place de toute sorte, tout ce monde allait, venait, se croisait, se mêlait, se dégageait pour s'embarrasser encore, comme une populeuse fourmilière qui s'ébat au soleil sur le sable doré d'un jardin. Un grondement sourd s'élevait de là, qui se taisait quand les cors et les flûtes, les clarinettes et les trombones recommençaient leurs accords.

      Mademoiselle Léontine se promenait avec Ida Villor. Elle dit tout à coup à demi-voix et ne croyant pas être entendue:

      --C'est lui.

      Elle regardait un joli garçon qui passait près d'elle avec quelques amis.

      Le jeune homme surprit son regard et saisit ses paroles. Il dit à ses compagnons, assez haut pour qu'elle l'entendit:

      --C'est elle.

      Il voulait faire une boutade, rien de plus.

      On passa. A la rencontre suivante, Rodolphe--c'était lui--risqua un salut qui lui fut gracieusement rendu. A la troisième promenade, il brûla ses vaisseaux. Il prit un ton badin. Le badinage est souvent un excellent moyen de commencer un affaire sérieuse:

      --Puisque c'est vous, mademoiselle et puisque c'est moi, voulez-vous que nous marchions ensemble? La foule est difficile à percer; je vous aiderai à vous frayer un chemin.

      --Vous êtes bien aimable, monsieur. D'après ce qu'il m'a été donné de voir aujourd'hui, les difficultés ne vous découragent point, et vous pouvez vous ouvrir un superbe chemin, répondit aussitôt mademoiselle D'Aucheron.

      Ce fut là le commencement des amours de Rodolphe Houde, alors étudiant en médecine et de Léontine D'Aucheron.

      Pas un nuage n'avait passé sur cette amitié tendre d'une jeune fille sage et d'un jeune homme vertueux, pas un souffle mauvais n'en avait terni l'éclat.

      Monsieur et madame D'Aucheron n'avaient pas, il est vrai, donné leur assentiment à cette liaison, et la pensée d'avoir pour gendre un homme sans fortune et sans nom dans la politique, ne leur souriait pas du tout. Ils toléraient partout excepté à la maison les rencontres des deux jeunes amoureux. Ce contresens de la vigilance chrétienne ne les troublait nullement.

      Tout en laissant l'attachement se fortifier dans le coeur de sa fille adoptive et de l'étudiant, D'Aucheron cherchait un prétendant sérieux et bien posé.

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