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sur moi. Tu dois apprendre à te faire confiance. Et je n’aurais jamais cru dire ça à propos d’un partenaire mais…

      Il rit doucement.

      – On s’entend trop bien.

      Riley ne put s'empêcher de rire à son tour.

      – Vous rigolez, pas vrai ? dit-elle.

      – Je sais que ça semble fou, mais c’est vrai, dit Crivaro. Je ne sais pas ce qu’il te faut pour avancer, mais ce n’est pas moi. Tu devrais peut-être aller enquêter sur quelques affaires en solo. Dieu sait que ça m’est souvent arrivé. Ou alors, tu dois bosser avec quelqu’un qui sera très dur à apprécier.

      Secouant la tête, Riley dit :

      – C’est ce qu’il s’est passé avec vous.

      – Peut-être au début, mais plus maintenant. Tu es la seule de mes partenaires à m’avoir supporté. Je suis un vieux con grincheux et tu le sais

      Riley sourit un peu.

      Je ne peux pas le contredire là-dessus, pensa-t-elle.

      Un nouveau silence s'abattit entre eux.

      Riley repensa aux affaires sur lesquelles ils avaient travaillé ensemble, surtout celle en Arizona, où Crivaro et elle s’étaient fait passer pour un père et sa fille. Cela avait été plus qu’une simple couverture, du moins pour elle.

      Maintenant, elle se demandait si elle devait lui avouer qu’il avait été plus un père pour elle que son père biologique.

      Non, ça va me faire pleurer, pensa-t-elle. Et ça le ferait vraiment chier.

      – Qu’allez-vous faire ? demanda-t-elle à la place.

      Crivaro rit de nouveau.

      – Ça s’appelle la retraite Riley. Que font les retraités ? Je commencerai peut-être à jouer au Bridge, si je trouve un partenaire, ce qui me semble compromis. J’irai peut-être faire une croisière dans les Caraïbes. Ou jouer au golf. Ou faire du bénévolat. Ou m'impliquer dans le cinéma local. Ou alors je rejoindrai un club de tricot.

      Riley rit à l’image de Crivaro tricotant une couverture, entouré de femmes de son âge.

      – Vous n’êtes pas sérieux, dit-elle.

      – Non, mais j’en ai peut-être marre d’être sérieux. Peut-être que j’aime l’idée de ne pas savoir quoi faire du reste de ma vie. Quoi qu’il en soit, ce sera une aventure.

      Riley détecta une certaine incertitude lorsqu’il prononça le mot « aventure. »

      Il n’est pas sûr de lui, pensa-t-elle.

      Il essaie de se convaincre.

      Mais avait-elle le droit d’orienter sa décision ?

      Crivaro regarda sa montre et lui désigna le bâtiment.

      – Tu devrais y aller, dit-il. Tu ne voudrais pas que Lehl s’impatiente.

      Il posa une main réconfortante sur l’épaule de Riley.

      – Je ne vais pas disparaître gamine. Tu entendras sûrement plus parler de moi que tu ne le souhaites.

      – J’en doute, Agent Crivaro, dit Riley.

      Il agita son index.

      – Hé, je suis à la retraite, non ? Plus d’« Agent Crivaro » qui tienne. Il est temps pour toi de m’appeler Jake.

      Riley sentit sa gorge se serrer.

      – D’accord… Jake, dit-elle doucement.

      En ouvrant la porte de sa voiture, il parla de nouveau :

      – Allez, vas-y, va bosser.

      Alors que Riley commençait à avancer, la voix de Crivaro la fit se retourner.

      – Cette promesse que tu as faite après l’audience hier… tu as bien fait et j’aurais aimé l’avoir fait. Je sais que ça t'inquiète, mais tu tiendras parole.

      J’en suis sûr. Et tu sais quoi ? Si je suis encore en vie, je ferai tout mon possible pour t’aider.

      Crivaro démarra sa voiture et sortit de sa place.

      Riley l’observa s’en aller, toujours déterminée à ne pas pleurer.

      Puis elle se dirigea vers l’immeuble du DSC pour parler à Lehl.

      CHAPITRE CINQ

      Même si le bâtiment du DSC fourmillait autant que d’habitude, l’endroit semblait étrangement vide pour Riley. Elle était plus que consciente de l’absence de Jake Crivaro. Était-ce vraiment possible que son mentor ne remette jamais les pieds ici ? Comment les autres pouvaient-ils continuer à vaquer à leurs occupations comme si de rien n’était alors qu’il ne reviendrait pas.

      Évidemment, réalisa-t-elle, personne d’autre ne savait que Crivaro avait démissionné.

      Elle devait aussi admettre que même s’ils le savaient, la nouvelle ne les affecterait pas autant qu’elle. Même si Jake Crivaro était une sorte de légende du DSC, tout le monde savait que même les légendes finissent par s’arrêter.

      Tout le monde sauf moi, pensa-t-elle.

      Elle s’arrêta dans le couloir, incertaine sur la marche à suivre. Elle ne pouvait plus aller au bureau de son coéquipier pour recevoir ses consignes, comme à son habitude. Puis elle se souvint des paroles de Crivaro. Lehl l’attendait, sans doute pour lui assigner une nouvelle affaire.

      Alors qu’elle se dirigeait vers l’ascenseur, elle se souvint du moment où Crivaro était apparu dans sa vie. À l’époque, elle était étudiante à l’université de Lanton. Après le meurtre de deux de ses camarades, Crivaro était arrivé pour mener l’enquête. Alors que Riley était terrifiée et se sentait inutile, il avait repéré ses instincts et l’avait mise à contribution pour aider à trouver le tueur.

      Elle l’avait effectivement trouvé. Il s’était avéré que c’était l’un de ses professeurs préférés. Il l’aurait d’ailleurs également tuée si Crivaro ne lui avait pas sauvé la vie.

      Depuis ce jour, le monde de Riley avait été chamboulé. Après l’université, Crivaro lui avait obtenu une place au programme d’été du FBI, puis à l’académie de Quantico. En dehors de ces dernières semaines, très calmes, sa vie n’était qu’une succession d’adrénaline et de danger.

      Elle entra dans l’ascenseur et appuya sur l’étage de sa destination. La cabine était bondée, ce qui renforça la solitude de Riley.

      Personne ne sait ce qu’il s’est passé, pensa-t-elle de nouveau. Et moi je ne sais pas ce qu’il va advenir de moi.

      Une partie d’elle avait la folle intention de rendre son badge et son arme pour protester contre le départ de Crivaro.

      Ce serait absurde, évidemment, se sermonna-t-elle. Riley ne pouvait pas tout abandonner maintenant, elle avait trop donné pour cette carrière.

      Pourtant, elle se souvint des mots de Crivaro, lorsqu’elle lui avait annoncé son intention de parler à Lehl de sa décision.

      « Tu devrais le faire. »

      Que voulait-il dire ? Espérait-il qu’elle l'empêche de prendre sa retraite ?

      Elle se souvint aussi d’une autre chose qu’il lui avait dit.

      « Il est temps pour toi de m’appeler Jake. »

      Il ne donnait pas l'impression d’une personne qui souhaitait couper les ponts, aussi bien professionnellement que personnellement. Elle réalisait l’importance de cette décision. Après tout, qui d’autre au monde l’appelait juste « Jake » ? Il n’avait plus de contact avec son ex-femme ou son fils et à sa connaissance, il n’avait aucun ami.

      De ce qu’elle savait de lui,

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