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Traité sur la tolérance. Voltaire
Читать онлайн.Название Traité sur la tolérance
Год выпуска 0
isbn 4064066080518
Автор произведения Voltaire
Жанр Документальная литература
Издательство Bookwire
Voltaire
Traité sur la tolérance
Publié par Good Press, 2021
EAN 4064066080518
Table des matières
CHAPITRE II. Conséquences du supplice de Jean Calas.
CHAPITRE III. Idée de la Réforme du seizieme siecle.
CHAPITRE IV. Si la Tolérance est dangereuse; & chez quels Peuples elle est pratiquée.
CHAPITRE V. Comment la Tolérance peut être admise.
CHAPITRE VI. Si l'Intolérance est de droit naturel & de droit humain.
CHAPITRE VII. Si l'Intolérance a été connue des Grecs.
CHAPITRE VIII. Si les Romains ont été tolérants.
CHAPITRE X. Du danger des fausses légendes, & de la persécution.
CHAPITRE XI. Abus de l'Intolérance.
CHAPITRE XIII. Extrême Tolérance des Juifs.
CHAPITRE XIV. Si l'Intolérance a été enseignée par Jesus-Christ ?
CHAPITRE XV. Témoignages contre l'Intolérance.
CHAPITRE XVI. Dialogue entre un mourant & un homme qui se porte bien.
CHAPITRE XVII. Lettre écrite au Jésuite Le Tellier, par un Bénéficier, le 6 Mai 1714.
CHAPITRE XVIII. Seuls cas où l'Intolérance est de droit humain.
CHAPITRE XIX. Relation d'une dispute de controverse à la Chine.
CHAPITRE XX. S'il est utile d'entretenir le Peuple dans la superstition?
CHAPITRE XXI. Vertu vaut mieux que science.
CHAPITRE XXII. De la Tolérance universelle.
CHAPITRE XXIII. Priere à Dieu.
CHAPITRE XXV. Suite & Conclusion.
CHAPITRE II.
Conséquences du supplice de Jean Calas.
SI les Pénitents blancs furent la cause du supplice d'un innocent, de la ruine totale d'une famille, de sa dispersion, & de l'opprobre qui ne devrait être attaché qu'à l'injustice, mais qui l'est au supplice; si cette précipitation des Pénitents blancs à célébrer comme un Saint, celui qu'on aurait dû traîner sur la claye, a fait rouer un pere de famille vertueux; ce malheur doit sans doute les rendre pénitents en effet pour le reste de leur vie: eux & les Juges doivent pleurer, mais non pas avec un long habit blanc & un masque sur le visage, qui cacheraient leurs larmes.
On respecte toutes les Confrairies; elles sont édifiantes: mais quelque grand bien qu'elles puissent faire à l'Etat, égale-t-il ce mal affreux qu'elles ont causé? Elles semblent instituées par le zele qui anime en Languedoc les Catholiques contre ceux que nous nommons Huguenots. On dirait qu'on a fait vœu de haïr ses freres; car nous avons assez de religion pour haïr & persécuter, nous n'en avons pas assez pour aimer & pour secourir. Et que serait-ce, si ces Confrairies étaient gouvernées par des enthousiastes, comme l'ont été autrefois quelques Congrégations des Artisans & des Messieurs, chez lesquels on réduisait en art & en systême l'habitude d'avoir des visions, comme le dit un de nos plus éloquents & savants Magistrats? Que serait-ce si on établissait dans les Confrairies ces chambres obscures, appellées chambres de méditation, où l'on faisait peindre des diables armés de cornes & de griffes, des gouffres de flammes, des croix & des poignards, avec le saint nom de Jesus au-dessus du tableau? Quel spectacle pour des yeux déja fascinés, & pour des imaginations aussi enflammées que soumises à leurs Directeurs!
Il y a eu des temps, on ne le sait que trop, où des Confrairies ont été dangereuses. Les Frérots, les Flagellants ont causé des troubles. La Ligue commença par de telles associations. Pourquoi se distinguer ainsi des autres Citoyens? s'en croyait-on plus parfait? cela même est une insulte au reste de la Nation. Voulait-on que tous les Chrétiens entrassent dans la Confrairie? Ce serait un beau spectacle que l'Europe en capuchon & en masque, avec deux petits trous ronds au-devant des yeux! Pense-t-on de bonne foi que Dieu préfere cet accoûtrement à un justaucorps? Il y a bien plus; cet habit est un uniforme de Controversistes, qui avertit les Adversaires de se mettre sous les armes; il peut exciter une espece de guerre civile dans les esprits; elle finirait peut-être par de funestes excès, si le Roi & ses Ministres n'étaient aussi sages que les fanatiques sont insensés.
On sait assez ce qu'il en a coûté depuis que les Chrétiens disputent sur le dogme; le sang a coulé, soit sur les échafauds, soit dans les batailles, dès le quatrieme siecle jusqu'à nos jours. Bornons-nous ici aux guerres & aux horreurs que les querelles de la réforme ont excitées, & voyons quelle en a été la source en France. Peut-être un tableau raccourci & fidele de tant de calamités ouvrira les yeux de quelques personnes peu instruites, & touchera des cœurs bien faits.
CHAPITRE III.
Idée de la Réforme du seizieme siecle.
LOrsqu'à