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Bolomier descendaient, à ce qu’ils assuraient, de la famille de Fabius, gens Fabia, de l’ancienne Rome. Leur premier ancêtre, Antoine Fabius, fut amené en1300, de Rome, par Humbert de Thoire-Villars, qui était allé assister au jubilé de la Ville-Sainte. Simple gentilhomme, Guillaume Bolomier commença sa carrière diplomatique en1428, devint maître des requêtes en1439, fut le secrétaire, le familier et l’ami de Félix V, et le premier du Conseil, presque un ministre d’Etat sous Louis. Marié en premières noces à Anne de Dortans, puis en secondes à Ancelyse des Clefs, il était apparenté aux meilleures familles de Bresse et de Savoie. Il possédait les seigneuries de Villars, de la Bastie, d’Ardilliers, de Rosey, de Sura et de Nercia. Un de ses frères, Antoine, était trésorier général de Savoie; un autre, évêque de Belley. Il était donc fort puissant, dans une haute position. On assurait qu’en acceptant le pontificat, Félix V avait cédé à ses instances, et que c’était à l’encontre des opinions de Bolomier qu’il l’avait ensuite abdiqué.

      Varembon dénonça donc le vice-chancelier, disant qu’il était de bas état, de mauvaise et petite volonté, et qu’il «se voulait faire grand sur tous les nobles sujets sans avoir nul respect de raison.»

      Guillaume Bolomier fut donc arrêté et emprisonné au château de Chillon; on ne sait même pas de quels crimes on l’accusait, sa sentence ne portant que ces mots: Pro nonnullis atrocibus criminibus et delictis.

      Il comparut devant les réformateurs généraux, et à la vue de Varembon qui les présidait:

      «Je vois bien qu’il me faudra parler, s’écria-t-il. Je dis que le sieur Varembon, que je vois là, a médit de moi dans l’assemblée des trois Etat, qu’il est faux et traître contre l’empereur son souverain, contre le pape, contre monseigneur de Savoie, contre monsieur le Dauphin et contre moi. Et ce, je veux le maintenir et le prover par devant monsieur le duc.»

      Malgré l’émotion que lui causait cet outrage, Varembon se contint et dit avec sang-froid:

      «Messeigneurs, il me faut répondre quelques mots à monseigneur Bolomier, sur ce qu’il a dit à l’encontre de mon honneur. Je suis pourvu de bien petit conseil pour traiter si haute matière; mais vérité ne quiert avoir conseil, et vous requiers de mettre mes paroles par écrit.»

      Bolomier répliqua:

      «Je le vérifierai devant monseigneur le duc, l’Empereur et autres princes, si je ne meurs avant dix ans.»

      Ce long délai semblait prouver que l’accusation du vice-chancelier ne reposait que sur de bien faibles bases.

      François de la Palud, furieux, se plaignit amèrement au duc Louis, et exigea qu’une enquête fut faite. Si son ennemi avait dit la vérité, il se soumettait d’avance au plus rigoureux châtiment; si, au contraire, Bolomier n’était qu’un calomniateur, il fallait qu’il fût puni d’une façon éclatante. Il demanda en conséquence que la chose fût jugée par le souverain en personne dans l’audience solennelle des Grands-Jours. Pendant ce temps, le procureur fiscal de Savoie instruisait contre Bolomier un procès fondé sur des faits qui sont restés ignorés, et qui se termina par une condamnation à60,000 écus d’or d’amende, somme énorme et qui laissa supposer que l’on voulait châtier des extorsions inouïes. Cette première sentence fut prononcée en décembre1445. Le11février de l’année suivante, par lettres datées de Genève, le duc commit Amé de Viry, Bertrand de Duingt, seigneur de la Val d’Isère, Jean Descostes, Jacquemet Pollier, chevalier, docteur ès-lois, et Jean, seigneur de Chavannes pour former une assise générale et juger sommairement le vice-chancelier. «La question, dit Burnier, fut ainsi posée: ou Varembon était un traître, et on lui infligeait un châtiment exemplaire; ou Bolomier l’avait calomnié, et il subissait la peine du talion.»

      Chose étrange! une fois en présence de ses nouveaux juges, l’ami de Félix V, encore qu’il fût soutenu par son ancien maître, se dédit et avoua qu’il avait calomnié son adversaire. L’arrêt déclara donc que Bolomier, n’ayant pu prouver ses dires, était condamné pour ce fait d’abord, et il ajouta ensuite: Et aliis justis de causis nos ad hoc moventibus et juste movere de debentibus, etc. Cet arrêt importait la peine capitale. Le 9septembre, en effet, le vice-châtelain de Chillon, Hugonin Leydier, pénétra dans le cachot de Bolomier, l’emmena et le fit monter dans une barque qui stationnait sur le lac. Quand cette barque, sous l’impulsion de deux vigoureux rameurs, fut arrivée près de l’embouchure du torrent de Tinier, qui se jette dans le Léman, entre Chillon et Villeneuve, le bourreau de Lausanne s’empara du prisonnier, le garrotta, lui attacha une grosse pierre au cou et le précipita dans les flots.

      Cette affaire est toujours restée un mystère que nul n’a pu approfondir. Bolomier fut-il un coupable ou une victime? Il fallait que la haine de François au nez d’argent fut bien enracinée et tenace pour le poursuivre ainsi! Notre opinion, d’après ce que l’histoire dit de cet homme, est qu’il fut une victime, sinon innocente, du moins exempte des crimes politiques dont on l’accusa. Varembon était un des favoris d’Anne de Chypre, tandis que Bolomier, vieillard austère, représentait à la cour de Louis les idées graves et sombres d’Amédée VIII; peut-être était-ce un témoin gênant qu’il importait de faire disparaître. Les accusations contre Varembon, il ne les rétracta probablement que pour ne pas deshonorer le fils de son royal et vieil ami, car tout porte à supposer qu’elles avaient trait à la conduite de la duchesse.

      Dans tous les cas, Varembon ne fut point fidèle à l’antique devise de sa famille: Mourir plutôt que se souiller!

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