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Le tour de la France par deux enfants. G. Krioussis Bruno
Читать онлайн.Название Le tour de la France par deux enfants
Год выпуска 0
isbn 4064066075149
Автор произведения G. Krioussis Bruno
Жанр Книги о Путешествиях
Издательство Bookwire
—Quel bonheur! André, disait-il, nous allons donc, nous aussi, pouvoir offrir quelque chose à la fermière.
Au moment où les enfants de la fermière revenaient de l'école, André et Julien entrèrent, apportant le panier presque rempli de poissons encore frétillants, et la salade bien nettoyée.
On fit fête aux jeunes orphelins. La veuve était touchée des efforts d'André et de Julien pour la dédommager de l'hospitalité qu'elle leur offrait.
—Chers enfants, leur dit-elle, il n'y a qu'une demi-journée que je vous connais; mais je vous aime déjà de tout mon cœur. Cette nuit, vous vous êtes montrés courageux comme deux hommes, et aujourd'hui, quoique fatigués, vous avez tenu à me montrer votre reconnaissance de l'accueil que je vous faisais. Vous êtes de braves enfants, et si vous continuez ainsi, vous vous ferez aimer partout où vous irez; car le courage et la reconnaissance gagnent tous les cœurs.
XIV.—La vache.—Le lait.—La poignée de sel.—Nécessité d'une bonne nourriture pour les animaux.
Des animaux bien soignés font la richesse de l'agriculture, et une riche agriculture fait la prospérité du pays.
Le reste de l'après-midi se passa gaîment.—Puisque vous avez tant envie d'être utiles, dit la fermière lorraine aux deux orphelins, je vais vous occuper à présent. Vous, André, je vous prie, surveillez mes enfants: ils arrivent de la classe, et ils ont leurs devoirs à faire. Pendant que vous me remplacerez auprès d'eux, Julien va venir avec moi: nous soignerons la vache et nous ferons le beurre pour le marché de demain.
—Oui, oui, dit le petit garçon; et il sautait de plaisir à l'idée de voir la vache, car il aimait beaucoup les animaux.
—Prenez ce petit banc en bois et cette tasse, lui dit la fermière; moi, j'emporte mon chaudron pour traire la vache.
Julien prit le banc, et arriva tout sautant à l'étable.
—Oh! s'écria-t-il en entrant, qu'elle est jolie cette petite vache noire, avec ses taches blanches sur le front et sur le dos! Comme son poil est lustré et ses cornes brillantes! Et quels grands yeux aimables elle a! Je voudrais bien savoir comment elle se nomme.
—Nous l'appelons Bretonne, dit la fermière en atteignant une botte de ce foin aromatique qu'on recueille dans les montagnes, et qui donne au lait un goût si parfumé; elle y ajouta de la paille.
—Tenez, Julien, dit-elle, portez-lui cela; elle est douce parce que nous l'avons toujours traitée doucement; elle ne vous fera pas de mal.
Julien prit le fourrage et l'étala devant le râtelier de Bretonne; pendant ce temps la fermière s'était assise sur le petit banc, son chaudron à ses pieds, et elle commençait à traire la vache. Le lait tombait, blanc et écumeux, dans le chaudron en fer battu, brillant comme de l'argent.
—Julien, dit la fermière, apportez votre tasse; je veux que vous me disiez si le lait de Bretonne est à votre gré.
L'enfant tendit sa tasse, et quand elle fut remplie, il la vida sans se faire prier.—Que cela est bon, le lait tout chaud et frais tiré! dit-il. Voilà la première fois que j'en goûte.
—Puisque vous êtes content du lait de Bretonne, cherchez dans la poche de mon tablier, dit la veuve sans s'interrompre de sa besogne; ne trouvez-vous pas une poignée de sel, Julien?
—Oui, que faut-il donc en faire?
—Prenez-le dans votre main, et présentez-le à Bretonne, vous lui ferez grand plaisir.
—Quoi! fît l'enfant en voyant la vache passer sa langue avec gourmandise sur le sel qu'il lui présentait dans la main, elle aime le sel comme du sucre!
Vache bretonne.—La France possède un grand nombre d'excellentes vaches laitières, parmi lesquelles on compte la vache bretonne qui, lorsqu'elle est bien soignée, peut donner du lait tout en travaillant aux champs. Les vaches flamandes et normandes donnent une quantité de lait plus grande encore, mais à condition qu'on ne les fasse pas travailler.
—Oui, mon enfant, tous les animaux l'aiment, et le sel les entretient en bonne santé; nous aussi nous avons besoin de sel pour vivre, et si nous en étions privés, nous tomberions malades. Vous admiriez tout à l'heure le poil lustré de Bretonne et ses yeux brillants. Eh bien, si elle a cette bonne mine, c'est qu'elle est bien nourrie, bien soignée, et qu'on lui donne tout ce qu'il lui faut.
—Alors vous lui donnez du sel tous les jours?
—Pas à la main, ce serait trop long. Nous faisons fondre le sel dans l'eau, et nous arrosons le fourrage avec cette eau salée au moment de le lui présenter.
—Qu'est-ce qu'on lui fait encore après cela pour qu'elle ait cette jolie mine?
—On la tient proprement, Julien. Voyez-vous comme sa litière est sèche et propre. Pour qu'une vache donne beaucoup de lait et qu'elle se porte bien, il lui faut une litière souvent renouvelée. Si je la laissais sur un fumier humide comme font bien des fermières, son lait diminuerait vite et serait plus clair. Voyez aussi comme l'étable est haute d'étage: elle a trois mètres du sol au plafond. Les fenêtres sont placées tout en haut et donnent de l'air aux bêtes sans les exposer au froid. Certes, Bretonne est bien logée.
—Pourquoi l'appelle-t-on Bretonne? dit Julien, qui s'intéressait de plus en plus à la bonne vache.
—C'est qu'elle est de race bretonne en effet, dit la fermière en se levant, car elle avait fini de la traire. La Bretagne est bien loin, mais cette bonne petite race est répandue par toute la France. Voyez, Bretonne n'est pas grande; aussi elle n'est pas coûteuse à nourrir, et nous, qui ne sommes pas riches, nous avons besoin de ne pas trop dépenser. Son lait contient aussi plus de beurre que celui des autres races, et j'ai des pratiques qui me prennent tout le beurre que je fais. Et puis, la race bretonne est robuste, très utile dans les pays montagneux; au besoin je puis faire travailler ma petite vache sans qu'elle en souffre. Elle sait labourer ou traîner un char avec courage.
—Bonne Bretonne! dit Julien en caressant une dernière fois la vache.
L'enfant prit le petit banc, et tandis que la laitière emportait le lourd chaudron de lait, on se dirigea vers la laiterie.
XV.—Une visite à la laiterie.—La crème.—Le beurre.—Ce qu'une vache fournit de beurre par jour.
Un bon agriculteur doit se rendre compte de ce que chaque chose lui coûte et lui rapporte.
—Quel joli plancher, propre et bien carrelé! dit Julien en entrant dans la laiterie. Tiens, les fenêtres et toutes les ouvertures sont garnies d'un treillis de fer, comme une prison; pourquoi donc, madame?
—C'est pour que les mouches, les rats et les souris ne puissent entrer. Avant les malheurs de la guerre nous étions plus à l'aise: j'avais six vaches au lieu d'une, je faisais beaucoup de beurre; aussi ma laiterie comme mon étable est soigneusement installée. Voyez, ce carrelage dont elle est recouverte permet de la laver à grande eau, et cette eau s'écoule par les rigoles que voici. Il faut au lait une grande propreté, et tout doit reluire chez une fermière qui sait son métier.
—Comme il fait frais ici! reprit Julien en s'avançant dans la salle un peu sombre, autour de laquelle étaient rangées des jattes de lait.
—Mon enfant, il faut qu'il fasse frais dans une