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D’ailleurs, comment se douter qu’une cachette pouvait être pratiquée dans… »

      Un arrêt brusque… Un cri de Lupin… Isilda avait subitement échappé aux hommes qui la gardaient, s’était jetée sur lui, et avait pris la fuite, emportant le livre.

      – Ah ! La coquine ! Courez donc… Faites le tour par en bas. Moi, je la chasse par le couloir.

      Mais elle avait clos la porte sur elle et poussé un verrou. Il dut descendre et longer les communs, ainsi que les autres, en quête d’un escalier qui le ramenât au premier étage.

      Seul, le quatrième logement étant ouvert, il put monter. Mais le couloir était vide, et il lui fallut frapper à des portes, forcer des serrures, et s’introduire dans des chambres inoccupées, tandis que Waldemar, aussi ardent que lui à la poursuite, piquait les rideaux et les tentures avec la pointe de son sabre.

      Des appels retentirent, qui venaient du rez-de-chaussée, vers l’aile droite. Ils s’élancèrent. C’était une des femmes d’officiers qui leur faisait signe, au bout du couloir, et qui raconta que la jeune fille était chez elle.

      – Comment le savez-vous ? demanda Lupin.

      – J’ai voulu entrer dans ma chambre. La porte était fermée, et j’ai entendu du bruit.

      Lupin, en effet, ne put ouvrir.

      – La fenêtre, s’écria-t-il, il doit y avoir une fenêtre.

      On le conduisit dehors, et tout de suite, prenant le sabre du comte, d’un coup, il cassa les vitres.

      Puis, soutenu par deux hommes, il s’accrocha au mur, passa le bras, tourna l’espagnolette et tomba dans la chambre.

      Accroupie devant la cheminée, Isilda lui apparut au milieu des flammes.

      – Oh ! La misérable ! proféra Lupin, elle l’a jeté au feu ! Il la repoussa brutalement, voulut prendre le livre et se brûla les mains. Alors, à l’aide des pincettes, il l’attira hors du foyer et le recouvrit avec le tapis de la table pour étouffer les flammes.

      Mais il était trop tard. Les pages du vieux manuscrit, toutes consumées, tombèrent en cendres.

      – 2 –

      Lupin la regarda longuement. Le comte dit :

      – On croirait qu’elle sait ce qu’elle fait.

      – Non, non, elle ne le sait pas. Seulement son grand-père a dû lui confier ce livre comme un trésor, un trésor que personne ne devait contempler, et, dans son instinct stupide, elle a mieux aimé le jeter aux flammes que de s’en dessaisir.

      – Et alors ?

      – Alors, quoi ?

      – Vous n’arriverez pas à la cachette ?

      – Ah ! Ah ! Mon cher comte, vous avez donc un instant envisagé mon succès comme possible ? Et Lupin ne vous paraît plus tout à fait un charlatan ? Soyez tranquille, Waldemar, Lupin a plusieurs cordes à son arc. J’arriverai.

      – Avant la douzième heure, demain ?

      – Avant la douzième heure, ce soir. Mais, je meurs d’inanition. Et si c’était un effet de votre bonté…

      On le conduisit dans une salle des communs, affectée au mess des sous-officiers, et un repas substantiel lui fut servi, tandis que le comte allait faire son rapport à l’Empereur.

      Vingt minutes après, Waldemar revenait. Et ils s’installèrent l’un en face de l’autre, silencieux et pensifs.

      – Waldemar, un bon cigare serait le bienvenu… Je vous remercie. Celui-là craque comme il sied aux havanes qui se respectent.

      Il alluma son cigare, et, au bout d’une ou deux minutes :

      – Vous pouvez fumer, comte, cela ne me dérange pas. Une heure se passa ; Waldemar somnolait, et de temps à autre, pour se réveiller, avalait un verre de fine Champagne. Des soldats allaient et venaient, faisant le service.

      – Du café, demanda Lupin.

      On lui apporta du café.

      – Ce qu’il est mauvais, grogna-t-il… Si c’est celui-là que boit César ! Encore une tasse, tout de même, Waldemar. La nuit sera peut-être longue. Oh ! Quel sale café !

      Il alluma un autre cigare et ne dit plus un mot.

      Les minutes s’écoulèrent. Il ne bougeait toujours pas et ne parlait point.

      Soudain, Waldemar se dressa sur ses jambes et dit à Lupin d’un air indigné :

      – Eh ! Là, debout !

      À ce moment, Lupin sifflotait. Il continua paisiblement à siffloter.

      – Debout, vous dit-on.

      Lupin se retourna. Sa Majesté venait d’entrer. Il se leva.

      – Où en sommes-nous ? dit l’Empereur.

      – Je crois, Sire, qu’il me sera possible avant peu de donner satisfaction à Votre Majesté.

      – Quoi ? Vous connaissez…

      – La cachette ? À peu près, Sire… Quelques détails encore qui m’échappent… mais sur place, tout s’éclaircira, je n’en doute pas.

      – Nous devons rester ici ?

      – Non, Sire, je vous demanderai de m’accompagner jusqu’au palais Renaissance. Mais nous avons le temps, et, si Sa Majesté m’y autorise, je voudrais, dès maintenant, réfléchir à deux ou trois points.

      Sans attendre la réponse, il s’assit, à la grande indignation de Waldemar.

      Un moment après, l’Empereur, qui s’était éloigné et conférait avec le comte, se rapprocha.

      – Monsieur Lupin est-il prêt, cette fois ?

      Lupin garda le silence. Une nouvelle interrogation il baissa la tête.

      – Mais il dort, en vérité, on croirait qu’il dort.

      Furieux, Waldemar le secoua vivement par l’épaule. Lupin tomba de sa chaise, s’écroula sur le parquet, eut deux ou trois convulsions, et ne remua plus.

      – Qu’est-ce qu’il a donc ? s’écria l’Empereur Il n’est pas mort, j’espère !

      Il prit une lampe et se pencha.

      – Ce qu’il est pâle ! Une figure de cire !… Regarde donc, Waldemar… Tâte le cœur… Il vit, n’est-ce pas ?

      – Oui, Sire, dit le comte après un instant, le cœur bat très régulièrement.

      – Alors, quoi ? Je ne comprends plus… Que s’est-il produit ?

      – Si j’allais chercher le médecin ?

      – Va, cours

      Le docteur trouva Lupin dans le même état, inerte et paisible. Il le fit étendre sur un lit, l’examina longtemps et s’informa de ce que le malade avait mangé.

      – Vous craignez donc un empoisonnement, docteur ?

      – Non, Sire, il n’y a pas de traces d’empoisonnement. Mais je suppose… Qu’est-ce que c’est que ce plateau et cette tasse ?

      – Du café, dit le comte.

      – Pour vous ?

      – Non, pour lui. Moi, je n’en ai pas bu.

      Le docteur se versa du café, le goûta et conclut :

      – Je ne me trompais pas : le malade a été endormi à l’aide d’un narcotique.

      – Mais

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