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L'Odyssée. Homer
Читать онлайн.Название L'Odyssée
Год выпуска 0
isbn 4064066074388
Автор произведения Homer
Жанр Языкознание
Издательство Bookwire
Télémaque lui répondit:
—Certes, j'oublierais volontiers pendant une année ma maison et mes parents, en écoutant tes récits charmeurs; cependant, mes compagnons s'endorment dans Pylos délicieuse, je ne peux prolonger mon séjour. Quant aux présents que tu m'offres, je n'ose emmener dans Ithaque pierreuse et nourricière de chèvres, les coursiers d'Argos aux riches prairies.
Ménélas sourit, et le caressant de la main, lui dit:
—Cher enfant, à tes paroles, on reconnaît ton noble sang; je changerai donc mes présents. Je veux te donner le plus beau joyau de ma maison: c'est un cratère d'argent divinement ciselé par Vulcain; Phédime, roi des Sidoniens m'en fit présent; à mon tour, je te l'offre.
Ainsi parlaient-ils. Les convives arrivaient, amenant des brebis et apportant le vin généreux. Leurs épouses aux longues tresses préparaient le repas.
Cependant dans Ithaque, sur la belle esplanade devant la demeure d'Ulysse, les prétendants insolents s'amusaient et lançaient des palets et des javelots.
Semblables aux dieux, Antinoos et Eurymaque se tenaient à l'écart; Noémon, fils de Phronios, s'approchant d'eux, dit à Antinoos:
—Savons-nous, Antinoos, quand Télémaque reviendra de Pylos sablonneuse? J'attends mon vaisseau sur lequel il est parti, car je dois ramener de la vaste Elide mes vigoureux mulets encore indomptés.
Il dit, et les prétendants étaient frappés de surprise, car ils ignoraient tous que Télémaque fut parti pour Pylos. Antinoos répondit:
—Dis-moi, en vérité, quand est-il parti? quels jeunes gens l'ont suivi? Sont-ils des esclaves ou des mercenaires? T'a-t-il pris malgré toi ton vaisseau noir ou le lui as-tu donné de bon gré?
Noémon répondit:
—Je le lui ai donné, et les jeunes gens qui l'ont suivi sont choisis parmi les plus braves dans le peuple. Mentor, ou un dieu qui lui ressemble, les conduit.
Il dit et s'en alla. Les prétendants suspendirent leurs luttes. Antinoos, le cœur débordant de colère, prit la parole:
—Grands dieux! Ce voyage a donc été audacieusement accompli par Télémaque malgré nous tous! Que Zeus dompte la force de cet enfant avant que le malheur ne s'abatte sur nous! Allons, donnez-moi un vaisseau rapide et vingt compagnons, afin que je guette son retour et que je lui tende une embûche dans le détroit qui sépare la pierreuse Ithaque des bords escarpés de Samos, et que ce voyage lui soit fatal.
Tous l'approuvèrent, et s'étant levés, ils rentrèrent dans le palais d'Ulysse.
Le héraut Médon ayant entendu les propos perfides des prétendants, vint en instruire Pénélope qui lui adressa ces mots:
—Héraut, viens-tu prévenir les servantes d'Ulysse de préparer le repas pour les prétendants superbes? Ah! qu'ils cessent de me rechercher et qu'ils fassent aujourd'hui leur dernier, certes, leur dernier festin.
Médon, sagement lui répondit:
—Reine, un malheur menace Télémaque; les prétendants méditent sa perte à son retour de la sainte Pylos où il est allé chercher des nouvelles de son père.
Il dit, et Pénélope suffoquée de douleur, resta longtemps sans voix. Elle lui dit enfin:
—Héraut, pourquoi Télémaque est-il parti? Est-ce pour laisser oublier son nom même parmi les hommes?
Médon prudemment lui répondit:
—Je ne sais si quelque dieu ou son cœur seul l'a poussé à se rendre à Pylos pour apprendre le retour ou la mort de son père.
Il dit et se retira. Pénélope, dans sa profonde douleur s'affaisse sur le seuil de son appartement, et versant des larmes abondantes, dit aux esclaves pleurant comme elle:
—Écoutez, amies, le dieu de l'Olympe m'a donné plus de maux en partage qu'à vous toutes réunies. J'ai perdu d'abord un époux magnanime, glorieux parmi les Achéens et, aujourd'hui, un fils bien aimé m'est ravi sans gloire, poussé par les tempêtes loin de sa patrie. Malheureuses! qui m'avez laissée ignorer ce départ, courez appeler mon esclave Doléos, celui qui cultive mon jardin aux arbres nombreux; qu'il aille auprès de Laërte l'informer de tout ceci pour qu'il prévienne le peuple des noirs desseins tramés contre mon fils.
Euryclée, nourrice chérie, lui dit alors:
—Chère fille, que tu me tues avec l'airain cruel ou que tu me laisses dans ce palais, je ne te cacherai rien. Je savais ces choses; c'est moi qui lui ai donné le pain et le vin généreux pour son voyage et par le serment redoutable tu devais ignorer son départ. Il voulait t'éviter les larmes qui flétrissent la beauté. Maintenant, invoque Minerve; elle seule pourra le sauver de la mort; n'afflige point Laërte accablé par l'âge; la race d'Arcésios survivra, elle possédera un jour ces hautes demeures.
Elle dit. Pénélope alors, séchant ses larmes, se baigna, puis couvrit son corps de vêtements purs et monta dans ses appartements; elle mit l'orge sacrée dans une corbeille et pria Minerve en ces termes:
—Ecoute-moi, fille de Zeus! Si jamais Ulysse a brûlé pour toi les cuisses grasses d'un bœuf ou d'une brebis, souviens-toi de ces choses et sauve mon fils chéri! Eloigne de moi les prétendants superbes et méchants!
La déesse entendit sa prière.
Les prétendants remplissaient de tumulte le sombre palais; l'un d'eux insolemment, disait:
—La reine, sans doute, prépare son hymen, car elle ne sait point que la mort attend son fils.
Antinoos, alors, leur adressa ces paroles:
—Malheureux, cessez ces propos audacieux; quelqu'un pourrait nous trahir. Levons-nous et accomplissons en silence le dessein arrêté dans notre esprit.
Il dit et choisit vingt guerriers des plus braves qui se rendirent sur le bord de la mer.
Ils lancèrent un vaisseau sur l'onde profonde, disposèrent le mât, et préparèrent les voiles, fixèrent avec des courroies de cuir les rames à leur place et déployèrent ensuite les blanches voiles: puis ils mouillèrent le navire dans un endroit écarté; là, ils prirent leur repas, attendant patiemment que la nuit sombre fut venue.
Cependant Pénélope, étendue sur sa couche, éloignait de ses lèvres toute nourriture et tout breuvage, se demandant si son fils bien aimé éviterait la mort ou s'il serait dompté par les prétendants cruels: de même qu'un lion traqué craint le cercle perfide, telle Pénélope, agitée, redoutait pour Télémaque l'embûche funeste des prétendants.
Le doux sommeil survint enfin. Alors Minerve aux yeux bleus lui envoya, en songe, sous la forme d'un fantôme, sa sœur Iphthimé, pour apaiser sa douleur. Iphthimé lui parla en ces termes:
—Pénélope, ne pleure, ni ne t'afflige davantage; les dieux immortels ne veulent pas que ton fils périsse, car il ne les a point offensés. Aie confiance et ne crains rien. Télémaque est accompagné par une puissante déesse qui le protège et dont beaucoup d'autres hommes désireraient l'assistance. C'est Minerve qui a pitié de toi et qui m'a envoyé pour te dire ces choses.
La prudente Pénélope lui dit alors:
—Si tu as entendu la voix d'une déesse, dis-moi aussi ce que tu sais du malheureux Ulysse; vit-il encore ou est-il déjà descendu dans les demeures de Pluton?
Le fantôme noir lui répondit:
—Je