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d'oracles, et leurs soldats autant de fanatiques.

      Dès l'an 671 ils assiégèrent Constantinople, qui devait un jour devenir Mahométane; les divisions presque inévitables parmi tant de Chefs féroces, n'arrêtèrent pas leurs conquêtes. Ils ressemblèrent en ce point aux anciens Romains, qui parmi leurs guerres civiles avaient subjugué l'Asie mineure.

      On les voit en 711 passer d'Égypte en Espagne, soumise aisément tour à tour, par les Carthaginois, par les Romains, par les Goths et Vandales, et enfin par ces Arabes qu'on nomme Maures. Ils y établissent d'abord le Royaume de Cordoue. Le Sultan d'Égypte secoue à-la-vérité le joug du grand Calife de Bagdag, et Abdérame, Gouverneur de l'Espagne conquise, ne reconnaît plus le Sultan d'Égypte; cependant tout plie encore sous les Armes Musulmanes.

      Cet Abdérame, petit-fils du Calife Hétham, prend les Royaumes de Castille, de Navarre, de Portugal, d'Aragon, il établit les siens en Languedoc, il s'empare de la Guyenne et du Poitou; et sans Charles Martel, qui lui ôta la victoire et la vie, la France était une Province Mahométane.

      À mesure que les Mahométans devinrent puissants, ils se polirent. Ces Califes toujours reconnus pour Souverains de la Religion, et en apparence de l'Empire, par ceux qui ne reçoivent plus leurs ordres de si loin, tranquilles dans leur nouvelle Babylone, y font enfin renaître les Arts. Aaron Rachild contemporain de Charlemagne, plus respecté que ses prédécesseurs, et qui sut se faire obéir jusqu'en Espagne et aux Indes, ranima les Sciences, fit fleurir les Arts agréables et utiles, attira les Gens-de-Lettres, composa des vers, et fit succéder dans ses vastes États la Politique à la Barbarie. Sous lui les Arabes qui adoptaient déjà les Chiffres Indiens, nous les apportèrent. Nous ne connûmes en Allemagne et en France le cours des Astres, que par le moyen de ces mêmes Arabes. Le mot seul d'Almanach en est encore un témoignage.

      L'Almageste de Ptolémée fut alors traduit du Grec en Arabe par l'astronome Benhonain. Ce Calife Almanon fit mesurer géométriquement un degré du Méridien pour déterminer la grandeur de la Terre. Opération qui n'a été faite en France que plus de 900 ans après, sous Louis XIV. Ce même Astronome Benhonain poussa les observations assez loin, reconnut ou que Ptolémée avait fixé la plus grande déclinaison du Soleil trop au septentrion, ou que l'obliquité de l'Écliptique avait changé. Il vit même que le période de trente-six mille ans qu'on avait assigné au mouvement prétendu des Étoiles fixes d'Occident en Orient, devait être beaucoup racourcie.

      La Chimie et la Médecine étaient cultivées par les Arabes. La Chimie perfectionnée par nous, ne nous fut connue que par eux. Nous leur devons de nouveaux remèdes, qu'on nomme les minoritifs, plus doux et plus salutaires que ceux qui étaient auparavant en usage dans l'École d'Hippocrate et de Galien. Enfin dès le second Siècle de Mahomet, il fallut que les Chrétiens d'Occident s'instruisissent chez les Musulmans.

      ÉTAT DE L'ITALIE ET DE L'ÉGLISE CHRÉTIENNE

      Plus l'Empire de Mahomet fleurissait, plus Constantinople et Rome étaient avilies, Rome ne s'était jamais relevée du coup fatal que lui porta Constantin en transférant le Siège de l'Empire. La gloire, l'amour de la Patrie n'animèrent plus les Romains. Il n'y eut plus de fortune à espérer pour les habitants de l'ancienne Capitale; le courage s'énerva, les Arts tombèrent; on ne connut plus dans le séjour des Scipions et des Césars que des contestations entre les Juges Séculiers et l'Évêque. Prise et reprise, saccagée tant de fois par les Barbares, elle obéissait encore aux Empereurs. Depuis Justinien un Vice-Roi sous le nom d'Exarque, la gouvernait, mais ne daignait plus la regarder comme la Capitale de l'Italie. Il demeurait à Ravenne, et delà il envoyait ses ordres aux Romains. L'évêque dans ces temps de Barbarie augmentait de jour en jour son autorité par l'avilissement même de la Ville. Les richesses de son église se multipliaient. Le Préfet de Rome ne pouvait pas s'opposer sans-cesse aux prétentions de l'Évêque, toujours appuyées de la sainteté du Ministère. En vain l'Église de Ravenne contestait mille droits à celle de Rome. On reconnaissait l'Église de Rome dans tout l'Occident Chrétien comme la Mère commune. On la consultait, on lui demandait des Millionnaires, et dans la servitude de la Ville l'Évêque dominait au dehors.

      Le reste de l'Italie citérieure obéissait aux Rois Lombards, qui régnaient dans Pavie, ils se frayaient toujours le chemin à la conquête de Rome, et le Peuple Romain aurait voulu n'être fourni ni aux Lombards, ni aux Empereurs Grecs. Les Papes conçurent dans ce VIIIe Siècle le dessein de se rendre eux-mêmes maîtres de Rome; ils virent avec prudence, que ce qui dans d'autres temps n'eût été qu'une révolte et une sédition impuissante, pouvait devenir une révolution excusable par la nécessité, et illustre par le succès.

      ORIGINE DE LA PUISSANCE DES PAPES

      Le Pape Grégoire III fut le premier qui imagina de se servir du bras des Français pour ôter l'Italie aux Empereurs et aux Lombards. Son Successeur Zacharie reconnut Pépin usurpateur du Royaume de France pour Roi légitime. On a prétendu que Pépin, qui n'était que premier Ministre, fit demander d'abord au Pape, quel était le vrai Roi, ou de celui qui n'en avait que le droit et le nom, ou de celui qui en avait l'autorité et le mérite? Et que le Pape décida que le Ministre devait être Roi. Il n'a jamais été prouvé qu'on ait joué cette Comédie; mais ce qui est vrai, c'est que le Pape Étienne III appela Pépin à son secours, qu'il feignit une Lettre de St. Pierre, adressée du Ciel à Pépin et à ses fils, qu'il vint en France, qu'il donna dans St. Denis l'Onction Royale à Pépin, premier Roi sacré en Europe. Non seulement ce premier usurpateur reçut l'Onction Sacrée du Pape, après l'avoir reçue de St. Boniface, qu'on appelait l'Apôtre d'Allemagne, mais Étienne III défendit sous peine d'excommunication aux Français de se donner jamais des Rois d'une autre race. Tandis que cet Évêque chassé de sa patrie et suppliant dans une terre étrangère, avait le courage de donner des Lois, sa politique prenait une autorité qui assurait celle de Pépin, et ce Prince pour mieux jouir de ce qui ne lui était pas dû, laissait au Pape des droits qui ne lui appartenaient pas.

      Hugues Capet fit voir depuis ce que valait une telle défense et une telle excommunication. Les fruits de cette union avec Pépin furent l'anéantissement du pouvoir des Empereurs dans Rome, la révolution de l'Occident, et la puissance de l'Église Romaine.

      Les Lombards venaient de s'emparer de l'Exarcat de Ravenne. Pépin après les avoir vaincus et leur avoir ôté le reste du domaine des Empereurs, fit présent au Pape d'une partie des biens qu'il avait conquis. Il donna Ravenne, Boulogne, Incola, Fuenza, Forli, Ferrare, Rimini, Pezaro, Ancone, Urbin; Rome n'y fut pas comprise, et l'Évêque n'osa pas s'emparer de la Capitale de son Souverain. Le peuple alors ne l'eût pas souffert, tant le nom de Rome et ses débris imprimaient encore de respect à ses citoyens.

      Cet Évêque fut le premier Prêtre Chrétien qui devint Seigneur temporel, et qu'on pût mettre au rang des Princes; aucun ne le fut jamais en Orient. Sous les yeux du Maître les sujets restent sujets; mais loin du Souverain et dans le temps de trouble, il fallait bien que de nouvelles Puissances s'établissent dans un Pays abandonné; mais il ne faut pas croire que les Papes jouirent paisiblement de cette donation; non seulement les Terres furent bientôt reprises par les Lombards, mais lorsqu'ensuite Charlemagne eut confirmé cette Donation, et ajouté encore tant de nouveaux domaines au Patrimoine de St. Pierre, les Seigneurs de ces Patrimoines, ou ceux qui les envahirent, ne regardèrent pas la Donation de Charlemagne comme un droit incontestable. L'autorité spirituelle des Papes, déjà grande dans l'Occident qui tenait d'eux la Religion Chrétienne, ne dominait point ainsi en Orient. Les Papes ne convoquèrent point les six premiers Conciles Œcuméniques, et dès le VIe Siècle on voit que Jean le Jeûneur, Patriarche de Constantinople, reconnu pour Saint chez les Grecs, prenait le titre d'Évêque universel; titre qui semblait permis au Pasteur de la Ville Impériale. On voit au VIIIe Siècle ce Patriarche se nommer Pape dans un Acte public. Au IIe Concile de Nicée on appelait ce Patriarche Très-Saint Père. Le Pape était toujours nommé le premier, excepté dans quelques Actes passés entre lui et le Patriarche à Constantinople; mais cette primauté purement spirituelle n'avait rien de la Souveraineté; le Pape était le premier des Évêques, et n'était le maître d'aucun Évêque.

      ÉTAT DE L'ÉGLISE EN ORIENT AVANT CHARLEMAGNE

      En Orient les Chefs de

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