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puisqu’il fait partie des domaines royaux, à la physionomie insaisissable et sans type, et n’a besoin, au surplus, pour être à l’abri de la démolition, que de rester sous la protection conservatrice du jeune prince héritier des Condé.

      Quoique aussi dégradé et vermoulu que le cardinal Duprat, qui y finit ses jours détestés, le château de Nantouillet mérite une place dans notre musée à côté des plus gracieux monumens conçus sous le règne de François Ier.

      Si le goût admettait comme type l’architecture qui ne se recommande que par l’excès des proportions ou que par le mélange de toutes les architectures, sans avoir le charme sérieux d’aucune, s’il acceptait cette architecture, ni brune et musculeuse comme celle des temps moyens, ni blonde comme celle de la renaissance, architecture sans nom, née entre Louis XIII et Louis XIV, comme une fronde, comme une guerre civile, il faudrait ne pas omettre ici, avant de fermer les portes de notre musée: Grosbois, Ormesson, Maisons-sur-Seine, Vaux-le-Praslin et quelques autres châteaux d’une illustration plus digne de l’indiscrétion des mémoires que de la gravité de l’histoire.

      Un duc d’Angoulême, fils naturel de Charles IX, construisit Grosbois vers la fin du XVIe siècle: c’était magnifiquement loger une disgrâce. Achille de Harlay donna à cette propriété, qui ressemble à une maison royale autant qu’un fils naturel ressemble à un fils légitime, des développemens considérables. L’étendue du parc de Grosbois égale celle du bois de Boulogne.

      On prétend que Henri IV fit bâtir, à Amboïle, le château d’Ormesson pour Mlle de Senteny, dont il était amoureux. La tradition s’appuie sur ce qu’on y vit long-temps le portrait de cette favorite. Pour l’honneur de la demoiselle, je trouve la tradition fort peu fondée, si elle n’a pas d’autre base. Quoi qu’il en soit, la construction d’Ormesson ne peut remonter beaucoup au-delà du règne de ce prince, car la brique y domine. Amboïle, voisin de la capitale, a pris depuis près de deux siècles le nom de la famille d’Ormesson, à qui cette terre appartient encore de nos jours.

      Maisons-sur-Seine est à M. Laffitte. Ce fut le surintendant des finances René de Longueil qui fut chargé de sa construction; il fut acheté, je ne sais plus à quelle époque, par M. Laffitte, banquier, qui l’a loué, depuis plusieurs années, à un autre banquier, qui ne laisse voir ce château à personne. Il y aurait une puérile affectation à insister sur cette triple occupation de Maisons-sur-Seine par trois banquiers, si notre opinion que tous les châteaux vont tôt ou tard aux gens de finance n’était raffermie par le poids de cette observation même.

      Bâti au sortir de la minorité turbulente de Louis XIV, au moment de la splendeur naissante de la monarchie, le château de Vaux marque le dernier passage de la construction militaire et défensive à la construction pleinement courtisane et soumise. Les quatre tourelles qui faisaient jadis la garde de toute propriété ont disparu. A quoi bon voir de haut et au loin? Toute terre appartient au roi: au roi seul la consigne générale du pays. La défense et l’attaque sont son affaire. Il n’y a plus qu’un château en France dont l’existence soit souveraine, c’est le Louvre. Vaux accepte cette domination, et déguise son abaissement sous un luxe qui en adoucit l’humiliation; en échange de sa soumission, l’indulgence royale lui permet d’inutiles fossés, un pont-levis de quelques pouces, un gouvernement avec droit de haute et basse justice, pourvu que ce droit ne soit jamais exercé, et une pièce de canon, à la condition expresse de ne jamais érailler son beau cylindre de fer par l’intromission du boulet. Au seigneur le canon, au roi les boulets empilés sous la sauve-garde du grand-maître de l’artillerie de France. Soyez seigneur de Vaux, vicomte de Belle-Isle, Nicolas Fouquet, mais que votre seigneurie soit un pied-à-terre de cour et non un titre de puissance. Mettez toute votre gloire, réduisez toute votre autorité, appliquez tout votre or à n’être qu’un rayon du soleil qui vous a fécondé. Que tout soit fait en vue de la majesté royale; effacez-vous derrière son éclat.

      Et c’est ce que ne comprit pas assez Fouquet. Si tout, dans son château, est vraiment trop réduit pour un roi, tout en réalité y est trop brillant pour un vicomte. Vaux attend toujours Louis XIV, quoiqu’il ne soit préparé que pour le recevoir un jour et une nuit. C’est là le caractère de cette résidence, modèle assez fidèlement conservé, en tout cas très-facile à rétablir, de toutes les résidences limitrophes de la période de Louis XIII et de celle de Louis XIV.

      Vaux, qui fut le rêve le plus brillant de l’homme le plus brillant du grand siècle; Vaux, où se trouvèrent un jour la mère de Louis XIV, Louis XIV, Henriette d’Angleterre et mademoiselle de La Vallière, création si belle et si pure, que les siècles lui laisseront son nom de demoiselle, comme une éternelle couronne; Vaux, qui rendit Louis XIV jaloux; jalousie terrible qui tarit en une nuit les eaux de ce palais, éteignit les mille lampes de sa fête, fit jaunir les feuilles des bosquets et blanchir les cheveux de Fouquet; Vaux est aujourd’hui gardé par un chien de Terre-Neuve.

      CHANTILLY

      Qui ne connaît pas Chantilly n’a rien vu de ce qui constituait autrefois le goût des courtisans. Je ne crois pas que Versailles et Saint-Germain attestent, dans leur disposition architecturale, un caractère plus précis de mœurs et d’époque. Le château de Chantilly, celui qui a été bâti sur les ruines et avec les débris de l’ancien château de ce nom, est une succession visible d’imitations: c’est la copie en petit de toutes les résidences royales. Ainsi Saint-Cloud a sa pièce d’eau, Chantilly a la sienne; Versailles son grand escalier de marbre, Chantilly son grand escalier, de pierre, il est vrai. Une belle forêt entoure Saint-Germain, on a placé Chantilly dans une forêt. Les proportions sont moins fortes, mais la ressemblance s’y trouve. Cette vanité d’avoir, depuis le grand Condé, et peut-être depuis les Montmorency, absolument comme la cour, même étalage, même faste domestique, de rivaliser avec elle et de l’emporter parfois sur elle en magnificence, a souvent éveillé la susceptibilité de l’étiquette royale. Blessés secrètement dans leur amour-propre, c’est peut-être à cause de ce luxe qu’ils ne pouvaient empêcher que Louis XIV et Louis XV n’ont que rarement honoré de leur présence la demeure des princes de Condé.

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      1

      Plus fidèles à leurs intérêts qu’à leur vengeance, plusieurs villes, à l’époque de la révolution de 89, sauvèrent les palais des anciens seigneurs de la contrée en y logeant quelque administration. Foix transforma en palais de justice la demeure de ses souverains. Le château de Gien est aujourd’hui sous-préfecture, mairie et tribunal de commerce.

      2

      Si peu de villes sont aussi bien partagées qu’Autun en vieux monumens, peu de villes ont poussé la manie de détruire aussi loin que la fameuse Bibracte, nom qu’avait Autun avant de prendre celui d’Augustodunum.

      Depuis plusieurs siècles, les habitans bâtissent leurs maisons avec les pierres qu’ils arrachent à leur superbe amphithéâtre; l’ingénieuse municipalité autunoise accorda même, il

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