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ce serait préférable…

      – Et si nous sommes pris?

      – On ne nous prendra pas…

      – J'admire votre confiance… mais si cependant cela arrivait?

      – Nous perdrions notre diamant, mais nous ne serions pas inquiétés… Au contraire, on nous adresserait des félicitations.

      Manzana ouvrait des yeux larges comme des hublots.

      – Je ne vous comprends plus.

      Je fouillai dans ma poche et en tirai un carré de carton que je tendis à mon associé.

      – Une carte d'agent de la Sûreté, fit Manzana stupéfait… Ce n'est pas à vous, je suppose?..

      – Bien sûr… je l'ai prise à un grand dadais de policier qui habitait, à Paris, la même maison que moi…

      – Ah! très bien… et vous allez vous servir de cette carte pour pénétrer chez notre voleur?

      – Peut-être.

      – Mais moi?..

      – Vous?.. vous êtes mon collègue… Du moment que je montre ma carte, cela vous dispense d'exhiber la vôtre…

      – Parfait… et ensuite?

      – Ensuite… ensuite!.. je ne sais pas moi… tout dépendra des circonstances… il est bien difficile, dans ces sortes d'affaires, de prévoir comment cela tournera… Je n'ai qu'une crainte.

      – Laquelle?

      – C'est que le patron de l'hôtel ne nous fasse accompagner à la chambre 34.

      – Vous devez vous y attendre…

      – Cela gâterait tout…

      – Et si nous arrêtions l'homme quand il sortira?

      – Non, c'est stupide ce que vous proposez là… La foule s'amasserait, nous serions obligés d'aller au poste… là, on fouillerait notre voleur et le diamant serait confisqué.

      – Alors, si nous abordions carrément le type dans la rue en le menaçant, s'il ne nous rend pas le diamant, de le conduire au commissariat.

      – Toujours la même chose, mon cher… Au bruit de la discussion des gens nous entoureraient et l'affaire serait manquée…

      – Il faudrait pincer ce vilain individu, le soir, dans une rue déserte.

      – Oui, mais nous n'aurons pas cette chance, croyez-le.

      Tout en parlant, nous faisions les cent pas devant l'hôtel.

      – Ma foi, dis-je… risquons le coup maintenant; nous allons bien voir… vous êtes prêt à me seconder?

      – Il le faut bien, puisque nous sommes associés.

      – Oh! ne me le faites pas à l'association, n'est-ce pas? Vous voulez votre diamant… moi aussi, et si nous le retrouvons, j'espère que, cette fois, vous ne chercherez plus à me l'enlever.

      – Mon cher Pipe, je vous le jure…

      – Et vous me le laisserez? C'est moi qui en aurai la garde.

      – Voilà déjà que vous voulez tirer toute la couverture à vous…

      – J'ai bien le droit de me méfier après ce qui est arrivé… Si j'avais eu le diamant dans ma poche, nous n'en serions point où nous sommes…

      – C'est peut-être vrai… mais avouez que le diamant et le revolver, c'était vraiment trop pour vous et pas assez pour moi… Tenez, je vais vous proposer une combinaison… Si nous avons la chance de rentrer en possession de notre Régent, nous le porterons sur nous, à tour de rôle, une semaine chacun, mais celui qui en aura la garde cédera le revolver à l'autre, est-ce entendu?

      – Moi, je vais vous proposer autre chose. Dès que nous aurons trouvé quelque argent, et nous y arriverons sûrement là-bas, en Angleterre, nous louerons un coffre-fort dans une banque et y déposerons notre diamant, dans une boîte cachetée; mais il sera bien convenu avec le directeur de la banque, que nous ne pourrons retirer notre dépôt que tous les deux ensemble et en présence d'un employé… Comme cela, nous vivrons au moins tranquilles et ne serons pas continuellement à nous épier comme deux Peaux-Rouges sur le sentier de la guerre.

      – Ma foi, répondit Manzana, si vous voulez mon avis, je préfère encore la première solution.

      – Soit, accordai-je. C'est convenu…

      – Vous voyez qu'entre gens raisonnables, on finit toujours par s'entendre.

      – Mais oui… mais oui, j'en étais persuadé.

      J'ignorais quelles étaient réellement les intentions de Manzana, mais je savais bien que, moi, j'étais fermement décidé à lui enlever de force ce que je considérais comme mon bien. Lui, de son côté, devait avoir la même idée.

      En somme, nous avions discuté en pure perte; nous avions cherché à bluffer l'un et l'autre, mais nous restions sur nos positions.

      J'ajouterai qu'à la minute où avaient lieu ces pourparlers, j'étais prêt à céder sur tous les points, car pour le coup de force que nous allions tenter, j'avais absolument besoin de Manzana.

      Nous nous serrâmes la main.

      – Allons, dis-je, de l'audace!

      – Comptez sur moi, répondit mon associé.

      – Si personne ne nous accompagne à la chambre 34, nous entrons, je menace le voleur avec mon revolver, pendant que vous vous jetez sur la femme et la bâillonnez… Ensuite vous faites subir la même opération à l'homme, nous le ligotons et le fouillons aussitôt.

      – Je vous ferai remarquer que dans cette entreprise, c'est moi qui aurai la partie la plus difficile.

      – Si j'avais votre musculature, mon cher, j'assumerais volontiers cette tâche. Maintenant, réfléchissez bien… Si vous avez peur, dites-le…

      – Peur?.. moi… allons donc… Une fois que j'y serai, vous verrez… le tout est de se mettre en train, mais attention, pas de blagues, hein? Si vous voyez, du premier coup, que l'affaire ne colle pas, ne commettez point d'imprudence.

      – Soyez tranquille, je n'opérerai qu'à bon escient.

      – Oui, je vois que vous avez bien tout combiné, tout prévu. Cependant permettez-moi de vous faire observer que vous avez oublié une chose.

      – Ah! et laquelle?

      – Vous avez supposé que l'on vous ouvrirait, dès que vous auriez frappé… et si notre homme, qui doit être un malin, se méfiait de quelque chose et refusait d'ouvrir, que feriez-vous?

      – Alors, nous trouverions une autre combinaison… nous attendrions qu'il sorte et, dès qu'il paraîtrait, nous le repousserions aussitôt dans la chambre en lui mettant le revolver sous le nez.

      – Et s'il a aussi un revolver?

      – On n'a pas pour habitude de sortir d'un appartement avec une arme à la main… Croyez-m'en, mon cher Manzana, ne nous livrons pas d'avance à des suppositions qui finiraient par émousser notre courage… Allons-y carrément, comme si nous étions de vrais agents de la Sûreté… La chose la plus fâcheuse qui puisse nous arriver, je vous l'ai déjà dit, c'est que nous soyons obligés d'aller au poste et de voir notre diamant passer de la poche de notre voleur dans celle du commissaire… et encore, peut-être bien que je trouverais un truc pour le ravir au commissaire.

      – Vous avez réponse à tout… eh bien essayons… Je suis votre homme.

      Nous pénétrâmes dans le hall de l'hôtel et, à notre grande surprise, personne ne s'avança à notre rencontre pour nous demander ce que nous désirions.

      Froidement, je traversai le vestibule et m'engageai dans l'escalier en compagnie de Manzana.

      Au premier étage, je consultai la liste des numéros. Le 34 se trouvait justement sur le palier

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