Скачать книгу

pas de temple, croyez-vous qu'il y eût des adorateurs de l'air? – c'est-à-dire, quand il est triste et furieux comme en ce moment.

MIRRHA

      Le Perse prie sur ses montagnes.

SARDANAPALE

      Oui, quand brille le soleil.

MIRRHA

      Mais moi, je demanderais, si ce palais était renversé et détruit, combien de flatteurs baiseraient la poussière sur laquelle marchait le roi?

ALTADA

      La belle Ionienne parle avec trop de dédain d'une nation qu'elle ne connaît pas assez; les Assyriens ne savent de plaisir que celui de leur roi: ils sont fiers de leurs hommages.

SARDANAPALE

      Eh bien! mes hôtes, pardonnez la vivacité d'expression de la belle Grecque.

ALTADA

      Lui pardonner, sire! nous lui devons honneur, comme à tout ce qui vous appartient. Mais quel est ce bruit?

ZAMES

      Ce bruit! rien que les éclats de portes lointaines frappées du vent.

ALTADA

      Il a retenti comme le cri de-Écoutez encore.

ZAMES

      C'est la pluie tombant par torrens sur le toit.

SARDANAPALE

      N'en parlons plus. Mirrha, mon amour, as-tu préparé ta lyre? Chante-moi une pièce de Sapho; de celle, tu sais, qui, dans ton pays, se précipita-

(Entre Pania, l'épée et les vêtemens ensanglantés et en désordre. Les hôtes se lèvent tous effrayés.)PANIA, aux gardes

      Assurez-vous des portes; courez de toutes vos forces vers les murs. Aux armes! aux armes! le roi est en péril. Monarque, excusez cette hâte: – ma fidélité l'exige.

SARDANAPALE

      Explique-toi.

PANIA

      Les craintes de Salemènes étaient fondées: les perfides satrapes-

SARDANAPALE

      Vous êtes blessé: – qu'on lui présente du vin. Reprenez vos sens, cher Pania.

PANIA

      Ce n'est rien: – c'est une légère blessure. Je suis plus accablé de l'empressement que j'ai mis à avertir mon prince, que du sang répandu pour le défendre.

MIRRHA

      Eh bien! les rebelles?

PANIA

      À peine Arbaces et Belèses eurent-ils atteint leur demeure dans la ville, qu'ils refusèrent de marcher: et quand je voulus user du pouvoir qui m'était délégué, ils invoquèrent leurs troupes, qui se soulevèrent aussitôt en furie.

MIRRHA

      Tous?

PANIA

      Beaucoup trop.

SARDANAPALE

      Ne va pas, en mettant une borne à ta franchise, épargner la vérité à mes oreilles.

PANIA

      Ma faible garde était fidèle; – et ce qui en reste le demeure encore.

MIRRHA

      Est-ce là tout ce qu'il y a de fidèle dans l'armée?

PANIA

      Non: – les Bactriens, conduits par Salemènes, qui, toujours oppressé de violens soupçons sur les gouverneurs de Médie, était alors en marche. Les Bactriens sont nombreux; ils font aux rebelles une résistance opiniâtre, disputent le terrain pas à pas, et forment un cercle autour du palais: c'est là qu'ils songent à réunir toutes leurs forces, et à protéger le roi. (Il hésite.) Je suis chargé de-

MIRRHA

      Il n'est pas tems d'hésiter.

PANIA

      Le prince Salemènes supplie donc le roi de s'armer lui-même, quoique pour un moment, et de se montrer en soldat: dans cette circonstance, sa seule présence ferait plus que n'en saurait faire une armée.

SARDANAPALE

      Alors donc, mes armes!

MIRRHA

      Tu le veux bien?

SARDANAPALE

      Sans doute. Allons! – mais ne cherchez pas le bouclier; il est trop lourd: – une légère cuirasse et mon épée. Où sont les rebelles?

PANIA

      Le plus vif combat se donne maintenant à une stade, à peu près, des murs extérieurs.

SARDANAPALE

      Je puis donc monter à cheval. Sféro, faites préparer mon cheval. – Il y a dans nos cours assez d'espace pour faire agir la moitié des cavaliers arabes.

(Sféro sort.)MIRRHA

      Combien je t'aime!

SARDANAPALE

      Je n'en ai jamais douté.

MIRRHA

      Mais, à présent, je te connais.

SARDANAPALE, à l'un des suivans

      Apportez-moi aussi ma lance. – Où est Salemènes?

PANIA

      Où doit être un soldat: dans le fort de la mêlée.

SARDANAPALE

      Cours vers lui. – La route est-elle libre encore entre le palais et l'armée?

PANIA

      Elle l'était quand j'accourus ici, et je n'ai nulle crainte: nos troupes étaient déterminées, et la phalange formée.

SARDANAPALE

      Dis-lui, pour le présent, qu'il épargne sa personne, et que, pour moi, je n'épargnerai pas la mienne: – ajoute que j'arrive.

PANIA

      Ce mot est à lui seul la victoire.

(Pania sort.)SARDANAPALE

      Altada, – Zames, avancez et armez-vous: tout dépend de la célérité, à la guerre. Voyez à ce que les femmes soient mises en sûreté dans les appartemens secrets: qu'on leur laisse une garde, avec l'ordre exprès de ne quitter leur poste qu'avec leur vie. – Zames, vous la commanderez. Altada, armez-vous, et revenez ici: votre poste est près de notre personne.

(Zames, Altada et tous les autres sortent, excepté Mirrha. – Entrent Sféro et autres, avec les armes du roi, etc.)SFÉRO

      Roi, voici votre armure.

SARDANAPALE, s'en revêtant

      Donnez-moi la cuirasse; – bien: mon baudrier; puis mon épée: et le casque, j'oubliais, où est-il? c'est bien. – Non, il est trop lourd: vous vous êtes trompé, aussi, – ce n'est pas lui que je voulais, mais celui que surmonte un diadème.

SFÉRO

      Sire, les pierres précieuses qui l'entourent le mettraient trop en vue pour être placé sur votre tête sacrée; – Veuillez me croire, celui-ci, bien que moins riche, est d'une meilleure trempe.

SARDANAPALE

      Vous croyez! Êtes-vous aussi devenu rebelle? Apprenez que votre devoir est d'obéir: retournez; – mais, non, – il est trop tard: je sortirai sans lui.

SFÉRO

      Au moins, prenez celui-ci.

SARDANAPALE

      Prendre le Caucase! mais ce serait une montagne sur mes tempes.

SFÉRO

      Sire, le dernier soldat ne s'avance pas aussi exposé au combat. Tout le monde vous reconnaîtra, – car l'orage a cessé, et la lune a reparu dans tout son éclat.

SARDANAPALE

      Je sors pour qu'on me reconnaisse, et, par ce moyen, j'y réussirai plus tôt. Allons, – ma lance! me voici armé. (Il s'avance; puis s'arrêtant tout court, à Sféro.) Sféro, j'oubliais; – apportez le miroir3.

SFÉRO

      Un miroir, sire?

SARDANAPALE

      Oui, le miroir d'acier poli trouvé parmi les dépouilles de l'Inde; – mais hâte-toi. (Sféro sort.) Mirrha, retire-toi dans un lieu de sûreté. Pourquoi n'as-tu pas déjà suivi les autres femmes?

MIRRHA

      Parce que c'est ici ma place.

SARDANAPALE

      Mais quand je la quitterai? -

MIRRHA

      Je vous suivrai.

SARDANAPALE

      Au

Скачать книгу


<p>3</p>

C'est ainsi que, dans les champs illyriens, Othon portait un miroir. – Voyez Juvénal.