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Le Cabinet des Fées. Anonyme
Читать онлайн.Название Le Cabinet des Fées
Год выпуска 0
isbn 4064066075071
Автор произведения Anonyme
Жанр Языкознание
Издательство Bookwire
Il avait emporté en même temps la petite Aurore, et l'avait donnée à sa femme pour la cacher dans le logement qu'elle avait au fond de la basse-cour.
Huit jours après, la méchante reine dit à son maître-d'hôtel:
--Je veux manger à mon souper le petit Jour.
Il ne répliqua pas, résolu de la tromper comme l'autre fois. Il alla chercher le petit Jour, et le trouva avec un petit fleuret à la main, dont il faisait des armes 10 avec un gros singe: il n'avait pourtant que trois ans. Il le porta à sa femme, qui le cacha avec la petite Aurore, et donna, à la place du petit Jour, un petit chevreau fort tendre, que l'ogresse trouva admirablement bon.
Cela était fort bien allé jusque-là; mais un soir, cette méchante reine dit au maître d'hôtel:
--Je veux manger la reine à la même sauce que ses enfants.
Ce fut alors que le pauvre maître d'hôtel désespéra de la pouvoir encore tromper. La jeune reine avait vingt ans passés, sans compter les cent ans qu'elle avait dormi: sa peau était un peu dure, quoique belle et blanche; et le moyen de trouver dans la ménagerie une bête aussi dure que cela! Il prit la résolution, pour sauver sa vie, de couper la gorge à la reine, et monta dans sa chambre dans l'intention de n'en pas faire à deux fois. Il s'excitait à la fureur et entra, le poignard à la main, dans la chambre de la jeune reine; il ne voulut pourtant point la surprendre, et lui dit avec beaucoup de respect l'ordre qu'il avait reçu de la reine mère.
--Faites, faites, lui dit-elle en lui tendant le cou; exécutez l'ordre qu'on vous a donné; j'irai revoir mes enfants mes pauvres enfants, que j'ai tant aimés!
Elle les croyait morts depuis qu'on les avait enlevés sans lui rien dire.
--Non, non, madame, lui répondit le pauvre maître d'hôtel tout attendri, vous ne mourrez point, et vous ne laisserez pas d'aller revoir vos enfants; mais ce sera chez moi, où je les ai cachés, et je tromperai encore la reine, en lui faisant manger une jeune biche 11 en votre place.
Il la mena aussitôt à sa chambre, où, la laissant embrasser ses enfants et pleurer avec eux, il alla accommoder une biche, que la reine mangea à son souper avec le même appétit que si c'eût été la jeune reine. Elle était bien contente de sa cruauté; elle se préparait à dire au roi, à son retour, que les loups enragés avaient mangé la reine sa femme et ses deux enfants.
Une soir, qu'elle rôdait, 12 à son ordinaire, dans les cours et basses-cours du château pour y halener quelque viande fraîche, elle entendit, dans une salle basse, le petit Jour, qui pleurait, parce que la reine, sa mère, le voulait faire fouetter à cause qu'il avait été méchant; et elle entendit aussi la petite Aurore qui demandait pardon pour son frère.
L'ogresse reconnut la voix de la reine et de ses enfants; et, furieuse d'avoir été trompée, elle commanda, le lendemain au matin, avec une voix épouvantable qui faisait trembler tout le monde, qu'on apportât au milieu de la cour une grande cuve, qu'elle fit remplir de vipères, de crapauds, de couleuvres et de serpents, pour y faire jeter la reine et ses enfants, le maître d'hôtel, sa femme et sa servante. Elle avait donné ordre de les amener les mains liées derrière les dos.
Ils étaient là, et les bourreaux se préparaient à les jeter dans la cuve, lorsque le roi, qu'on n'attendait pas sitôt, entra dans la cour à cheval; il était venu en poste, et demanda, tout étonné, ce que voulait dire cet horrible spectacle. Personne n'osait l'en instruire, quand l'ogresse, enragée de voir ce qu'elle voyait, se jeta elle-même la tête la première dans la cuve, et fut dévorée en un instant par les vilaines bêtes qu'elle y avait fait mettre. Le roi ne laissa pas d'en être fâché, 13 car elle était sa mère; mais il s'en consola bientôt avec sa belle femme et ses enfants.
Note 1: (retour) Qu'on n'avait point priée, whom they had not invited.
Note 2: (retour) grommela, muttered.
Note 3: (retour) la dernière, the greatest.
Note 4: (retour) Fuseau, spindle.
Note 5: (retour) Gros mâtins, mastiff-dogs.
Note 6: (retour) Au nez bourgeonné, by the buddy nose.
Note 7: (retour) en haie, in a line.
Note 8: (retour) Comme ma mère-grand, in the old style.
Note 9: (retour) en main, ready.
Note 10: (retour) Dont il faisait des armes, with which he was fencing.
Note 11: (retour) Biche, a hind.
Note 12: (retour) rôdait, rambled.
Note 13: (retour) ne laissa pas d'en être fâché, was nevertheless very sorry.
RIQUET À LA HOUPPE.
Il était une fois une reine qui eut un fils si laid et si mal fait, qu'on douta longtemps s'il avait forme humaine. Une fée, qui se trouva à sa naissance, assura qu'il aurait beaucoup d'esprit: elle ajouta même qu'il pourrait, en vertu du don qu'elle venait de lui faire, donner autant d'esprit qu'il en aurait à la personne qu'il aimerait le mieux.
Tout cela consola un peu la pauvre reine, qui était bien affligée d'avoir un si vilain marmot.
Il est vrai que cet enfant ne commença pas plus tôt à parler, qu'il dit mille jolies choses, et qu'il avait dans toutes ses actions je ne sais quoi de si spirituel, qu'on en était charmé.
J'oubliais de dire qu'il vint au monde 1 avec une petite houppe 2 de cheveux sur la tête; ce qui fit qu'on le nomma Riquet à la Houppe: car Riquet était le nom de famille.
Au bout de sept ou huit ans, la reine d'un royaume voisin eut deux filles.
La première qui vint au monde était plus belle que le jour: la reine en fut si aise, qu'on appréhenda que la trop grande joie qu'elle en avait ne lui fit mal.
La même fée qui avait assisté à la naissance du petit Riquet à la Houppe était présente; et, pour modérer la joie de la reine,