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que ses ennemis mêmes achetèrent son livre: depuis ce temps on en a renouvelé dix fois l’impression; l’on a fondu de nouveaux caractères, mais l’on n’a rien fait de supérieur aux siens. Ils imitent parfaitement l’écriture à la main; ils en observent les pleins et les déliés, et n’ont point l’air maigre et décousu des caractères arabes d’Europe. Il passa ainsi 20 années à imprimer divers ouvrages, qui furent la plupart des traductions de nos livres dévots. Ce n’est pas qu’il sût aucune de nos langues; mais les jésuites avaient déja traduit plusieurs livres; et comme leur arabe était tout-à-fait mauvais, il refondit leurs traductions, et leur substitua sa version, qui est un modèle de pureté et d’élégance. Sous sa plume, la langue a pris une marche soutenue, un style nombreux, clair et précis dont on ne l’eût pas crue capable, et qui indique que si jamais elle est maniée par un peuple savant, elle sera l’une des plus heureuses et des plus propres à tous les genres. Après la mort d’Abd-allah, arrivée vers 1755, son élève lui succéda; à celui-ci ont succédé des religieux de la maison même; ils ont continué d’imprimer et de fondre; mais l’établissement est languissant et menace de finir. Les livres se vendent peu, à l’exception des Psaumes, dont les chrétiens ont fait le livre classique de leurs enfants, et qu’il faut, par cette raison, renouveler sans cesse. Les frais sont considérables, attendu que le papier vient d’Europe, et que la main-d’œuvre est très-lente. Un peu d’art remédierait au premier de ces inconvénients; mais le second est radical. Les caractères arabes exigeant d’être liés entre eux, il faut, pour les bien joindre et les aligner, des soins d’un détail immense. En outre, la liaison des lettres variant de l’une à l’autre, selon qu’elles sont au commencement, au milieu ou à la fin d’un mot, il a fallu fondre beaucoup de lettres doubles; par-là les casses trop multipliées ne se trouvent plus rassemblées sous la main du compositeur; il est obligé de courir le long d’une table de dix-huit pieds de long, et de chercher ses lettres dans près de neuf cents cassetins: de là, une perte de temps qui ne permettra jamais aux imprimeries arabes d’atteindre à la perfection des nôtres. Quant au peu de débit des livres, il ne faut l’imputer qu’au mauvais choix que l’on en a fait; au lieu de traduire des ouvrages d’une utilité pratique, et qui fussent propres à éveiller le goût des arts chez tous les Arabes sans distinction, l’on n’a traduit que des livres mystiques exclusivement propres aux chrétiens, et qui, par leur morale misanthropique, ne sont faits que pour fomenter le dégoût de toute science et même de la vie. Le lecteur en pourra juger par le catalogue ci-joint.

       Catalogue des livres imprimés au couvent de Mar-hanna-el-Chouir, dans la montagne des Druzes.

      1. 22 Balance du temps, ou Différence du Temps et de l’Éternité, par le père Nieremberg, jésuite.

      2. Vanité du monde, par Didaco Stella, jésuite.

      3. Guide du Pécheur, par Louis de Grenade, jésuite.

      4. Guide du Prêtre.

      5. Guide du Chrétien.

      6. Aliment de l’Ame.

      7. Contemplation de la Semaine Sainte.

      8. Doctrine Chrétienne.

      9. Explication des sept Psaumes de la Pénitence.

      10. Les Psaumes de David, traduits du grec.

      11. Les Prophéties.

      12. L’Évangile et les Épîtres.

      13. Les Heures Chrétiennes, à quoi il faut joindre la Perfection Chrétienne de Rodriguez, et la Règle des Moines, imprimés tous les deux à Rome.

En manuscrits, ce couvent possède:

      1. 23 Imitation de Jésus-Christ.

      2. Jardin des Moines, ou la Vie des Saints Pères du Désert.

      3. Théologie Morale, de Buzembaum.

      4. Les Sermons de Segneri.

      5. Théologie de saint Thomas, en 4 vol. in-fol., dont la transcription a coûté 1250 liv.

      6. Sermons de saint Jean Chrysostôme.

      7. Principes des Lois de Claude Virtieu.

      8. *Dispute Théologique du moine George.

      9. Logique traduite de l’italien, par un Maronite.

      10. La lumière des Cœurs (Juifs), de Paul de Smyrne, juif converti.

      11. *Demandes et Recherches sur la Grammaire et le Nahou, par l’évêque Germain, Maronite.

      12. *Poésies du même, sur des sujets pieux.

      13. *Poésies du Curé Nicolas, frère d’Abd-allah-Zâkèr.

      14. Abrégé du Dictionnaire appelé l’Océan de la Langue arabe.

       Tous ces ouvrages sont de la main des Chrétiens; ceux qui sont marqués d’étoiles sont de composition arabe; les suivants sont de la composition des Musulmans.

      1. 24 Le Qôran, ou la Lecture de Mahomet.

      2. L’Océan de la Langue arabe, traduit par Golius.

      3. Les Mille Distiques d’Ebn-el-Malek, sur la Grammaire.

      4. Explication des Mille Distiques.

      5. Grammaire Adjeroumié.

      6. Rhétorique de Taftazâni.

      7. Séances, ou Histoires plaisantes de Hariri.

      8. Poésies d’Omar Ebn-el-Fârdi, dans le genre érotique.

      9. Science de la Langue arabe; petit livre dans le genre des Synonymes français de Girard.

      10. Médecine d’Ebn-Sina (Avicenne).

      11. Les Simples et les Drogues, traduit de Dioscoride par Ebn-el-Bitar.

      12. Dispute des Médecins.

      13. Fragmens Théologiques sur les sectes du monde.

      14. Un livret de Contes (de peu de valeur). J’en ai l’extrait.

      15. Histoire des Juifs, par Josèphe, traduction très-incorrecte.

      Enfin, un petit livre d’astronomie dans les principes de Ptolomée, et quelques autres de nulle valeur.

      Voilà en quoi consiste toute la bibliothèque du couvent de Mar-hanna, et l’on peut en prendre une idée de la littérature de toute la Syrie, puisque cette bibliothèque est, avec celle de Djezzâr, la seule qui y existe. Parmi les livres originaux, il n’y en a pas un seul qui, pour le fonds, mérite d’être traduit. Les séances même de Hariri n’ont d’intérêt qu’à raison du style; et il n’y a dans tout l’ordre qu’un seul religieux qui les entende: les autres ne sont pas mieux compris de la plupart des moines. Le régime de cette maison, et les mœurs des moines qui l’habitent, offrent quelques singularités qui méritent que j’en fasse mention.

      La règle de leur ordre est celle de saint Basile, qui est pour les Orientaux ce que saint Benoît est pour les Occidentaux; seulement ils y ont fait quelques modifications relatives à leur position; la cour de Rome a sanctionné le code qu’ils en ont dressé il y a 30 ans. Ils peuvent prononcer les vœux dès l’âge de 16 ans, selon l’attention qu’ont eue tous les législateurs monastiques de captiver l’esprit de leurs prosélytes dès le plus jeune âge, pour le plier à leur institut; ces vœux sont, comme partout, ceux de pauvreté, d’obéissance, de dévouement et de chasteté; mais il faut avouer qu’ils sont plus strictement

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<p>22</p>

1. Mizân el Zâman.

2. Abâtil el Aâlam.

3. Morched el Kâti.

4. Morched el Kâhen.

5. Morched el Masihi.

6. Qoût el Nafs.

7. Taammol el Asboué.

8. Tââlim el Masihi.

9. Tafsir el Sabât.

10. El Mazâmir.

11. El Onbouât.

12. El Endjîl oua el Rasâiel.

13. El Souèïât.

<p>23</p>

1. Taqlîd el Masîh.

2. Bestân el Rohobân.

3. Elm el Niè l’Bouzembaoûm.

4. Maouâèz Sainari.

5. Lâhoût Mar Touma.

6. Maouâèz Fomm el Dahab.

7. Qaouâèd el Naouamis l’Qloud Firtiou.

8. Madjâdalat el Anba Djordji.

9. El Manteq.

10. Noûr el Albâb.

11. El Mataleb oua el Mebâhes.

12. Diouân Djermanôs.

13. Diouân Anqoula.

14. Moktasar el Qâmoûs.

<p>24</p>

1. El Qôran.

2. El Qâmous l’Firouz-àbâdi.

3. El Alf bait l’Ebn-el-malek.

4. Tafsïr el Alf bait.

5. El Adjroumîé.

6. Elm el Baïân l’Taftazâni.

7. Maqâmât el Hariri.

8. Diouân Omar Ebn el Fârdi.

9. Fapâh el Logat.

10. El tob l’Ebn Sina.

11. El Mofradât.

12. Dâouàt el Otobba.

13. Abârât el Motakallamin.

14. Nadim el Ouahid.

15. Târik el Yhoud, l’Yousefous.